Michel Houellebecq a une marotte bien à lui : le désir et la sexualité  Bien que romancier, Michel a su comprendre
intelligemment toute la lutte qui pouvait découler de ces deux
points essentiels. Une lutte comme celle se faisant dans le domaine
économique. Une moyen de différenciation, de quoi constituer des
échelles de valeurs sur lesquelles on placera délicatement les
hommes.Pour reprendre le titre du premier roman de Houellebecq,
on peut dire que la lutte des classes (lutte économique) se poursuit par la lutte pour une sexualité épanouie. "L'extension du domaine de la
lutte
". Posséder, être un jouisseur.

Dans l'extrait qui suit, tiré de La Possibilité d'une île, le narrateur nous parle de l'amour physique. Élément fondateur
de la relation et surtout d'autres types de relation. C'est bien ce qui
est cruel et terrible. Puisque les critères nécessaires pour cet amour
physique nécessitent des qualités humaines, physiques aussi
forcément, qui déclinent avec l'âge. D'où l'angoisse de la pénétration,
l'âge passant.

Michel est jouisseur qui doute

"Lorsque la sexualité disparaît,
c'est le corps de l'autre qui apparaît, dans sa présence vaguement
hostile; ce sont les bruits, les mouvements, les odeurs; et la présence
même de ce corps qu'on ne peut plus toucher, ni sanctifier par le
contact, devient peu à peu une gêne; tout cela, malheureusement, est
connu. La disparition de la tendresse suit toujours de près celle de
l'érotisme. Il n'y a pas de relation épurée, d'union supérieure des
âmes, ni quoi que ce soit qui puisse y ressembler, ou même l'évoquer sur un mode allusif. Quand l'amour physique disparaît, tout disparaît; un
agacement morne, sans profondeur, vient remplir la succession des jours. Et, sur l'amour physique, je ne me faisais guère d'illusions.
Jeunesse,beauté, force : les critères de l'amour physique sont
exactement les mêmes que ceux du nazisme. En résumé, j'étais dans un
beau merdier.
"