Ecrit en collaboration avec la psychologue et artiste Nikita Dunca, le psy américain Philip Zimbardo critique sévèrement les jeux vidéo et le porno dans son dernier ouvrage. Intitulé "La disparition des hommes : pourquoi les garçons ont des difficultés et comment nous pouvons les aider", le livre s'appuie sur une étude menée en 2011 sur un échantillon de 20.000 hommes. Dans la ligne de mire, on retrouve la volonté de plaisir instantané... lien unissant porno et jeu vidéo pour l'auteur.

Une recherche de gratification et de plaisir proche de l'addiction qui freinerait ainsi le développement personnel, et placerait les mâles concernés dans une espèce de bulle. Philip Zimbardo soulève plusieurs points :

Le cerveau des garçons est transformé par la technologie qui les incite au changement, à la nouveauté, au plaisir et à l'excitation constante, ce qui veut dire qu'ils sont totalement décalés par rapport à leur vie étudiante où les choses sont plus lentes et plus statiques.

Les nouvelles technologies ne sont pas le problème, mais leur mauvaise utilisation. Il y a en général une utilisation trop intense des jeux vidéo et du porno, qui n'est pas équilibrée par des activités sportives ou sociales.

Le porno et le jeu auraient en commun le fait de placer leurs consommateurs dans une sorte de fuite en avant mettant à mal la "normalité". Les utilisateurs échaffauderaient alors des mondes fantasmés pouvant conduire à des comportements obsédés par le court terme (relations amoureuses, travail, difficultés quelconques). La quête du plaisir. Toujours plus loin. Toujours plus intense, empêchant petit à petit de se satisfaire de ce que l'on a. Les débauches technologiques du jeu vidéo, la volonté de toujours plus immerger, d'en mettre toujours plus plein la vue avec des héros toujours plus invincibles (ce qui est loin d'être le cas de tous les jeux), ainsi que les fameux MMO qui, pour Zimbardo, pourraient entraîner des cas de déconnexion extrêmes chez certains.

D'après Zimbardo, notre génération d'hommes se prendrait de plein fouet les assauts de ces notions qui nous mettraient en difficulté, nous les hommes. Alors porno et jeu vidéo mal de notre génération ? Sommes-nous sous influence même inconsciente ? Une chose est certaine, Zimbardo n'est pas le premier observateur à souligner la difficulté qu'éprouve l'homme actuel à se situer dans une société en mouvements rapides et souvent brutaux. 

Intéressant tout de même que dans un monde dominé par le "zapping" permanent, les deux activités mises en lumière soient le jeu vidéo et le porno. Quid par exemple de la télé-réalité et de ses miroirs aux alouettes ? Quid des réseaux sociaux où nombre d'utilisateurs cherchent leur quart d'heure de célébrité, cher à Warhol ? 

Plus largement, outre Atlantique le débat s'est ouvert. Dans notre monde sur-connecté, il pourrait ainsi être salutaire de se poser deux secondes pour réfléchir à l'avalanche des stimuli. Au-delà des victimisations ou des chasses aux sorcières, n'hésitez pas à partager dans le forum votre ressenti sur la situation...

Image d'illustration : Ivy SoulCalibur V