Pour beaucoup, la Vita et ses deux sticks analogiques se devait d'être la référence des FPS sur consoles portables. Pourtant, jusqu'ici, aucun titre du genre n'était parvenu à pleinement convaincre sur cette console. Mais finalement, le fantasme est devenu réalité et Killzone Mercenary s'impose comme un champignon atomique vu d'un hélicoptère en plein vol : incontournable.

La démonstration de force

Vous aviez un doute quant aux capacités graphiques de la Vita ? Moi je n'en ai plus. Les développeurs de Guerrilla Cambridge ont accompli un véritable travail d'orfèvres du point de vue graphique. C'est bien simple, Killzone Mercenary est sans doute le plus beau, et surtout le plus détaillé, des jeux Vita qu'il m'ait été donné de voir. Avec une 3D impeccable, des effets de lumières nombreux, des éléments destructibles un peu partout, des impacts de balles sur toutes les surfaces et un champ de vision qui filerait des complexes à certains jeux du genre sur les consoles de salon, c'est une véritable démonstration de force. Et si on ajoute à cela les ennemis par dizaines et les explosions de grenades à répétition, le rendu décroche littéralement la mâchoire en combat. Evidemment, avec un tel niveau de qualité, il fallait bien s'attendre à quelques ralentissements. Oui, ils sont là, mais demeurent très rares et ne gâchent en rien l'action. Rompez !

Business is business

Je ne reviendrai pas sur la toile de fond de la saga, qui voit s'affronter les Helgasts et l'ISA dans une guerre intergalactique fratricide, mais le scénario de Mercenary tranche avec les autres volets de la série, puisque c'est le point de vue d'un mercenaire, qui jouera d'ailleurs dans les deux camps, qui nous est proposé ici. Sans vous gâcher l'histoire, on sent bien que les scénaristes ont voulu ajouter de la valeur à leur scénario. C'est réussi, sans pour autant sortir des sentiers battus et malgré une mise en forme séduisante à coups de briefings high-tech et d'intros façon Hollywood, qui mettent de suite dans l'ambiance. Cela reste néanmoins du bon boulot pour un jeu du genre. Notons par ailleurs que la motivation du héros, Danner, n'est autre que l'argent et que toute l'architecture du jeu est basée là-dessus.

Que vous jouiez en multi ou en solo, chaque action, mission remplie, meurtre, etc. permet de récolter de l'argent à dépenser dans vos équipements. L'arsenal est d'ailleurs gigantesque et offre différentes possibilités, approches et spécialisations durant la campagne ou en multijoueur compétitif. Un système qui assure au passage une énorme "rejouabilité" à Killzone Mercenary, puisqu'on y reviendra souvent pour tout débloquer et remplir des challenges spéciaux afin de découvrir tous les armements et armures ou de tenter de jouer chaque situation de différentes manières (en prédateur invisible, en bourrin surprotégé, en sniper à distance, en tendant des embuscades à coups de fusil à pompe et j'en passe). La variété des styles de jeu est tout bonnement hallucinante pour un jeu de la catégorie. C'est dit !

Par devant ou par derrière ?

Si Killzone 3 avait tenté de le faire, pas toujours très intelligemment d'ailleurs, Killzone Mercenary est, lui, parfaitement parvenu à intégrer les phases d'infiltration dans son jeu. Cet opus va même plus loin en fait, puisqu'il est quasiment possible de faire la majeure partie du jeu dans la discrétion la plus totale, en utilisant des armes avec silencieux ou en jouant les fantômes en dézinguant les soldats ennemis par derrière à coups de couteau. Des attaques variées et surtout viscérales sous forme de QTE tactiles (on glisse le doigt sur l'écran), qui encouragent bien entendu à rester discret tant elles sont jouissives. Au début, on ne fait pas bien attention mais on se rend vite compte que jouer la carte de la discrétion peut s'avérer payant et transforme ce Killzone, au demeurant bourrin avec sa visée grandement assistée, en un jeu subtil qui rend honneur aux joueurs calculateurs qui aiment explorer des niveaux, avec parfois quelques chemins alternatifs, et trouver la meilleure approche possible. Mieux encore, on peut attaquer de manière frontale à certains moments et redevenir discret par la suite dans la même séquence de jeu, en échappant à la vigilance des gardes. C'est un véritable régal, d'autant que la jouabilité, lourde et brutale, caractéristique de la série, s'avère parfaite avec les deux sticks analogique, exploitant intelligemment les fonctions tactiles ainsi que les différents boutons. Pour exemple, on change d'arme aisément, on lance facilement les grenades ou on déclenche rapidement les pouvoirs des Vanguards (des pouvoirs spéciaux variés et au choix) en tapotant sur l'écran en plein combat, ce qui ne casse jamais le rythme endiablé de l'action.

Des têtes bien pleines à faire exploser

Outre la possibilité d'aborder les missions de plusieurs manières, on notera aussi la subtilité des routines des ennemis. Je n'irais pas jusqu'à dire que leur intelligence artificielle sort extraordinairement du lot, mais reconnaissons qu'ils sont particulièrement malins en groupe. Ainsi, il n'hésitent pas à se séparer pour vous contourner de deux côtés à la fois, ou à sortir les grenades pour vous déloger d'un endroit difficile d'accès plutôt que de venir s'exposer bêtement. Bien entendu, certains sont un peu moins finauds que d'autres, et restent planqués derrière la même rambarde en sortant la tête pour se faire dégommer le peu de matière grise qu'ils possèdent, mais dans l'ensemble leurs réactions sont crédibles, voir retorses. Soulignons aussi quelques détails sympathiques tels que la possibilité de blesser les ennemis en tirant dans leurs jambes, pour les immobiliser rapidement d'un côté et se charger de leurs comparses de l'autre, avant de revenir les achever (ou en interroger certains). Je vous le disais : c'est jouissif, tout comme l'ensemble de l'action, toujours intense, que vous soyez du genre discret ou à vous ruer dans les brancards.

Une guerre sans fin

Malgré toutes ces bonnes nouvelles, en voilà une qui ne vous plaira sans doute pas : la campagne solo se boucle en 6 à 7 heures grand maximum. C'est un peu léger diront certains, d'autant qu'on en redemande malgré des boss un peu clichés. Ceci étant, les différents modes de difficultés viennent corser la donne, les deux manières d'aborder les niveaux, la variété de l'arsenal, les dossiers cachés à découvrir et les contrats spéciaux (tuer 5 ennemis de telle manière, etc.) encouragent à revenir faire plusieurs séquences. On repasse donc avec bonheur sur le solo de Killzone Mercenary, d'autant que les développeurs ont tenu à varier les activités avec de l'escorte, de la défense de points stratégiques, du sabotage, du tir à la sulfateuse en plein vol, de l'infiltration, etc. Mais ne nous mentons pas, une fois la campagne bouclée c'est le mode multijoueur qui vous happera et, là encore, on ne s'est pas foutu de vous !

L'enfer, c'est les autres

On aurait pu penser qu'avec un solo de cette qualité les développeurs allaient faire l'impasse sur le multi (en 4 Vs. 4)... Eh bien détrompez-vous ! Le team deathmatch et le chacun pour soi restent des classiques, mais l'apparition des Vanguards vient rendre le tout plus palpitant. En effet, ces pouvoirs spéciaux (détection des ennemis à travers les murs, missiles autoguidés, boucliers de protection, etc.) donnent un avantage tactique non négligeable, en solo comme en multi, qui assure de sacrés rebondissements. Comme si cela ne suffisait pas, les six cartes qui servent de décors sont particulièrement bien conçues, avec des recoins par dizaines, des axes de tirs un peu partout et des passages discrets en grand nombre qui assurent une action intense, et même la possibilité de créer des embuscades, ce dont je raffole ! Mais la cerise sur le gâteau n'est autre que le mode Warzone dans lequel vous enchainez différentes séquences de jeu dans la même partie : collecter les cartes ennemies (les dog tags de vos adversaires morts pour faire plus d'argent), sécuriser des points, immobiliser et interroger des ennemis, abattre un nombre fixe d'opposants, etc. Il y a vraiment de quoi faire, d'autant que l'arsenal à débloquer est gigantesque et que, là encore, on peut jouer tout en discrétion en fonction de son équipement et de sa capacité à rester silencieux. Terminons enfin en précisant que la réalisation demeure excellente en multijoueur, et que nous n'avons pas souffert du moindre lag.

Killzone Mercenary est le FPS incontournable de la PS Vita et s'impose comme un des jeux référence de la console tant il est une démonstration technique bluffante. Mais l'emballage ne fait pas tout, et la richesse ainsi que la précision du gameplay, la générosité de la campagne solo, de l'offre multijoueurs, et les multiples façon d'aborder les niveaux convaincront tout amateur du genre. Ca défonce et c'est ce que tous les possesseurs de PS Vita attendaient. Chapeau bas ! Le contrat est donc rempli et colle tous les autres FPS de la machine au tapis en démontrant que lorsqu'on s'en donne la peine, la Vita est la reine des consoles portables.