Pas de code ami, pas de configuration laborieuse, dans Dragon Quest IX on s'adresse à un personnage non joueur qui nous remet une paire d'ailes nécessaire à la déconnexion. Et Pia, ma mage niveau 14 se retrouve dans la taverne de Clafouty, troubadour niveau 17. Je vous préviens tout de suite, je n'ai pas fait aux lecteurs de Gameblog l'injure de jouer moins qu'une amie à un titre que je teste. C'est parce que la possibilité de changer de classe n'apparaît pas si tôt dans le jeu, et que j'ai quand même monté mon troubadour jusqu'au niveau 21 avant de changer de vocation. L'effet de ma tenue de soie et de ma tiare d'or, produit de l'alchimie est immédiat : "Elle est mignonne, t'a vu la dégaine de la mienne ?". Effectivement, à côté de mon équipement à une étoile de rareté (sale noob !), Clafouty fait un peu de peine. Nous découvrons les fameuses cartes de visites que les joueurs japonais sont si empressés à s'échanger. L'intérêt de ce gadget restera probablement un mystère insondable aux joueuses européennes que nous sommes. Nous ce qui nous intéresse, c'est l'action.

En route !

Et on va en avoir, de l'action. Tout juste sorties de la ville d'Ablithia, des monstres errants apparaissent aléatoirement sur la carte du monde. L'occasion de mettre les choses au point : "c'est comme les combats aléatoires, finalement", grommelle Amandine, "on a juste quelque secondes de plus pour décider si on attaque ou si on fuit...". Effectivement, la jouabilité de Dragon Quest IX n'a absolument rien à voir avec celle d'un action-RPG, encore moins d'un MMO, comme aurait pu le croire de prime abord. Outre le fait que les combats se déroulent toujours au tour par tour (comme les précédents), la présence des ennemis sur la carte n'est pas garantie. Et la décision d'engager ou pas le combat n'octroie pas systématiquement de bonus. En revanche, l'"aggro" semble fonctionner : mon mage de moins haut niveau semblait attirer plus facilement les bêtes avant de gagner un peu d'expérience.

Stratégie, zéro !

Toute fière de montrer à ma copine mes nouveaux sorts, je me précipite sur le premier Miaougicien qui passe : "bon, je vais te laisser taper quand même, mais j'aimerai bien que tu regardes mes sorts". Forcément, je crâne un peu. Et déchante rapidement, j'ai oublié de me reposer dans une auberge avant de partir. Ma barre de vie est sévèrement entamée, et je n'ai presque plus de points de magie, nécessaires à lancer les sorts. Après un premier combat digne d'un quatorze juillet, je suis à sec et condamnée à infliger des coups de fouets à 6 points de dégâts jusqu'au prochain hameau. Néanmoins, les affrontements s'enchaînent gaiement, entre papotages de filles, fous rires, et dans la désorganisation la plus totale. Au moins, avec Teamspeak, on était obligés d'écouter le leader du groupe...

Dans l'épisode précédent...

Amandine est à deux donjons du changement de vocation désiré. Dans notre groupe, elle est toujours guerrière ou paladin. Alors forcément, ménestrel, ça craint. Nous décidons donc de nous lancer à la poursuite du chevalier Karbon, le premier ennemi désigné du jeu. Le scénario nous a conquises : on incarne une sorte d'ange appelé Célestellien, chargé de protéger un village humain et de rapporter de la Bienveillessence, la matérialisation de la gratitude de nos brebis égarées. Ces sphères lumineuses servent à alimenter l'Yggdrasil, l'arbre millénaire qui s'épanouit au sommet de l'Observatoire, la cité flottante des Célestelliens. Tous attendent le jour prédit où l'arbre donnera de nouveau des fruits. Ça tombe bien, c'est aujourd'hui. "Ça sentait quand même le coup fourré, leur truc..." confie Amandine. Je suis bien d'accord, mais cette petite facilité scénaristique permet de s'attacher à son personnage : au lieu de l'ascension promise, les anges sont attaqués. Un terrible explosion projette notre personnage sur Terre. Il se réveille privé de ses ailes et de son auréole. Sans bien savoir quelles sont les puissances en action, il va tenter d'aider un maximum d'humains pour avoir une chance de remonter dans les cieux.

Puppet Master

Le début de l'aventure de Dragon Quest IX se compose donc d'une série d'épisodes qui sont l'occasion de croiser des personnages hauts en couleurs. Mais attention, contrairement à un jeu de rôle classique, aucune de ces rencontres ne vous accompagnera dans votre périple ! Level-5 ayant volontairement mis l'accent sur le jeu à plusieurs, si vous souhaitez vous faire seconder dans votre quête, il vous faudra recruter des personnages générés aléatoirement ou créés selon vos désirs. Ne faites pas comme Amandine qui s'est jetée à corps perdu dans les combats, seule ! Là, elle me glisse que ça a quand même fonctionné pour elle. "C'est parce que le jeu est plus facile", lui réponds-je presque sans mauvaise foi. Car au début tout du moins, Dragon Quest IX se montre bien moins punitif que ses prédécesseurs.

Politique d'Ouverture

Il apparaît évident que Square Enix souhaite avec ce titre attirer un public plus large. La difficulté est un peu moins corsée - heureusement le niveau remonte après le troisième donjon - et la convivialité encouragée via des options pas vraiment "hardcore gamer" comme les cartes de visite. Quand aux graphismes chatoyants, ils font ressembler nos terribles guerriers à des petits chérubins cosplayés façon SD, ces personnages de manga qui affichent des proportions déformées pour attendrir les filles. Cela se traduit aussi dans les combats qui ne nécessitent pas une organisation militaire, bien au contraire. Certes, le boss du donjon nous a puni pour notre manque de préparation, nous faisant enchainer les tours où paralysées, nous regardions impuissantes nos points de vie baisser. "T'as une botryche lunaire ?" Ah, bien sûr... "Non, moins non plus". Mais il suffit globalement de taper comme des bourrines et de se soigner entre les combats pour progresser relativement rapidement. Autre point capital, pensez à charger suffisamment la batterie de vos consoles avant de partir prendre le thé, cela vous évitera l'humiliation suprême de la déconnexion juste quand vous recevez les points d'expérience tant attendus. Chez nous on dit : "Epic Fail".

Et si on n'a pas d'amis ?

Vous êtes, lecteurs, peut-être plus disciplinés que nous. Mais pour tous les aspects du jeu qui concernent l'optimisation, on a préféré s'y intéresser séparément. L'alchimie tout d'abord, introduite dans la série depuis Dragon Quest VIII, permet toujours de mélanger certains objets selon des recettes bien précises pour en obtenir de plus précieux. Elle se révèle surtout utile pour se procurer au plus vite quelques remèdes de haut niveau. Car le système de monétaire joue en notre faveur. Chaque défaite ampute bien notre cagnotte d'un pourcentage de nos fonds, mais sauf changement intempestif du matériel complet, mes milliers de pièces d'or s'entassent rapidement. Il reste à répartir les points de compétences remportés à chaque passage de niveau. Là un peu de concentration s'impose car ils sont distribués une fois pour toute, et si les aptitudes peuvent être utilisées par toutes les classes, les armes se destinent à une ou deux professions. Le changement est pourtant capital pour débloquer les classes intermédiaires qui viendront enrichir les six premières disponibles. Bon, et si vraiment vous n'avez pas de potes joueurs, sachez que la durée de vie de l'aventure en solo s'annonce suffisamment conséquente pour vous offrir une belle expérience malgré tout. Mais ce serait dommage de passer à côté de l'expérience multi.

Amandine referme sa DS : "j'espère que j'ai encore assez de batterie pour le trajet en métro". Si je n'ai pas pu sauvegarder l'expérience engrangée grâce à cette session de jeu à deux en mode "tea time", je suis certaine à présent que Dragon Quest IX tient ses promesses. Les mécaniques de jeu à peine dépoussiérées sont mises en valeur par un mode multi-joueurs en local particulièrement convivial et facile à prendre en main. Les joueurs aguerris seront probablement refroidis par le niveau de difficulté des dix premières heures, qui n'encourage pas vraiment la concertation stratégique. Mais Dragon Quest IX, avec sa réalisation rigoureuse et la richesse de contenu propre à son héritage, promet des dizaines d'heures de jeu de rôle, seul ou entre amis !