Tout commence plutôt bien. Mené par la voix de Patrick Poivey, doubleur de Bruce Willis, on accède à une création d'avatar usant de l'imposante caméra. Analayse de la carrure, du faciès et pouf : vous voilà en version cartoon, prêt à relever tous les défis. Un coach un peu bougon surgit alors pour vous expliquer dans quoi vous vous êtes embarqué. En gros, votre but est de devenir un athlète complet sur une île où se tiennent différentes épreuves sportives. Trois équipes s'y affrontent : les Loups, les Vipères et les Aigles. Elles vont toutes tenter de vous recruter à mesure que vous progressez. Autant le dire : niveau mise en scène et doublage (même pas synchronisés avec les personnages en version française), c'est du très très bas de gamme. Et impossible de zapper les saynètes. La patience est la vertu des champions, mais si on ajoute ça aux temps de chargement uuuuuuuultra pesants et aux petites cinématiques d'intro à chaque épreuve, ça devient vite lourdingue. Enfin bon, au bout du compte il y a une récompense, puisqu'on s'éclate en bougeant son petit corps, non ?

Dans le creux de la vague

Six épreuves vont se débloquer après les tutos de bon aloi. Le moins que l'on puisse dire, c'est que c'est fichtrement inégal. Commençons par ce qui convient. D'abord, l'escalade. Debout, vous attrapez les prises à votre disposition en fermant le poing puis faites glisser l'autre bras, paume ouverte vers la prochaine, etc. La préhension est bien reconnue, les sauts permettant d'atteindre des endroits plus élevés, et les parcours ainsi que la possibilité de faire chuter un adversaire se révèlent sympatoches, sans qu'on se dise qu'on y passera une soirée entière non plus. Même chose avec le jet-ski. Assis comme debout, en tenant les deux mains en avant comme si on tenait les poignées d'un bolide, on se retrouve à pencher le buste sur les côtés pour tourner, en avant et en arrière pour effectuer des figures au bout d'une rampe, avec option ouverture de pogne pour ralentir quand il le faut... Les circuits sont piégés, proposent quelques routes alternatives et sont assez exigeants. Et si le tout se révèle assez joli, avec une impression bien rendue de voguer sur de puissantes vagues, le fun reste éphémère.

On va manger... du cheap !

Les quatre autres sports varient entre le cheap et le "déjà-vu en mieux". Dans cette dernière catégorie, le tennis et le bowling. Le premier cité verse dans la reconnaissance souvent hasardeuse (n'allez surtout pas trop vite à la réception), couplée à un timing de frappe de balle très étrange, à quoi s'ajoute un aspect apathique qui rend l'action à l'écran simplement risible. Le second est quant à lui assez facile et n'innove en rien par rapport à ce qu'on trouvait sur Kinect Sports premier du nom. Concernant le tir, il va falloir expliquer l'intérêt d'un shoot sur cibles automatisé en pointant l'écran avec sa main, où les variantes (cibles à éviter, canon dont il faut esquiver le tir) n'empêchent jamais de surclasser l'I.A. Enfin, le football, qui exige simplement d'agiter la jambe (ou la tête) pour envoyer la balle hors de portée de mannequins statiques ou de se pencher vers le bon côté lorsque l'on incarne le gardien, un tour sur deux, ne procure qu'un seul sentiment : le malaise. "V'là la nouvelle génération du motion gaming", s'écrit-on, les yeux embués.

Recul nécessaire

Ce n'est pas la progression sur plusieurs niveaux (en accumulant des "fans" faisant office de points d'expérience), le droit de dépenser son argent dans des habits et accessoires de mode, ou encore des ustensiles conférant divers bonus à activer en criant leur nom ou en tapant du pied, qui vont rendre le tout plus attractif. Même comparer ses scores, répondre à des défis précis ou partager avec des amis est mal fichu : il faut passer par une application sociale en dehors du jeu ! Et le multijoueur ? C'est là qu'on se marre... ou que l'on pleure. Déjà seul, il faut un recul et un périmètre assez dingue. Avec environ 1m80 de recul (en poussant les meubles, hein), je n'avais déjà pas de quoi être reconnu convenablement. A deux, niveau largeur, c'était simplement comique. Sans oublier de mentionner d'autres problèmes pour déchiffrer les gestes dès lors que plusieurs personnes gesticulent simultanément. Dur à avaler.

Ce titre semble avoir été conçu davantage pour rassurer sur les capacités de Kinect dans le domaine de la reconnaissance de mouvements, que pour ce qu'on lui demande vraiment, à savoir une expérience fun seul ou en multi. Le hic, c'est que si le capteur se révèle doué pour remarquer une main fermée, le reste peut vite partir en cacahuète. Comme avant, en somme. Et si cela fonctionne huit fois sur dix, on ne retiendra finalement que les deux fois les moins convaincantes. En plus d'épreuves en faible nombre et majoritairement décevantes. Et en plus de temps d'attente abusés. Et d'un mode Histoire agaçant. Et... Bref, vous l'aurez compris : ce n'est pas ce jeu qui donnera l'impression de rentabiliser Kinect.