QU'APPORTE LA PS4 PRO ?


Final Fantasy XV dispose d'une mise à jour de compatibilité PS4 Pro. Retrouvez ci-dessous les spécificités du jeu lorsqu'il tourne sur ce support. A noter qu'il s'agit plus d'une "compatibilité" que d'une réelle optimisation. Un patch PS4 Pro dédié devrait arriver en décembre 2016.

J'ai un écran 4K :

  • Résolution : upscale 4K
  • Support HDR : Oui
  • Autres : il existe 2 modes. "Finesse" qui affine l'image (30fps) et "Fluidité" qui oscille entre 40/50fps

J'ai un écran 1080p :

  • Résolution : 1080p
  • Autres : il existe 2 modes. "Finesse" qui affine l'image (30fps) et "Fluidité" qui oscille entre 40/50fps

Notre avis : Si le rendu finesse adoucit légèrement l'image et améliore quelque peu la distance d'affichage, on est loin de ce que j'avais pu voir lors du Tokyo Game Show 2016. On note évidemment une petite amélioration par rapport à la PS4, mais rien de majeur hormis une fluidité accrue. On aurait apprécié mieux. Mais n'oubliez pas que le véritable patch PS4 Pro qui vise un rendu 4K en 30fps, ou 1080p en 60fps, est attendu pour décembre et devrait booster sensiblement le rendu, Hajime Tabata nous en avait d'ailleurs parlé ici. Encore un peu de patience...

En préambule à la lecture de cette critique,
voici quelques musiques ayant accompagné sa rédaction.
L'immensité, la bravoure, un roi, une authentique passion, une responsabilité écrasante...
Ces morceaux reflètent à mes yeux la couleur émotionnelle de ce que je vais décrire
ci-dessous.
N'hésitez pas à lancer chaque morceau en début de paragraphe
pour vous immerger au mieux dans la lecture. Bon voyage...

8 mai 2006 - 29 novembre 2016.

Les légendes ont cela de puissant qu'elles reposent parfois sur des fantasmes, des réécritures plus ou moins fidèles de la réalité. Celle qui voudrait que Final Fantasy XV a bénéficié de 10 années de développement est ainsi tout simplement fausse. En vérité, le jeu qui sortira ce 29 novembre n'existe réellement que depuis fin 2013 (voir les explications et les coulisses du développement ici) et à tout de l'exercice d'équilibriste entre respect du matériau initial et appropriation du projet par la nouvelle équipe menée par Hajime Tabata. Que de prototypes imaginés, que de coupes sèches opérées, que de doutes rencontrés pour aboutir à ce colosse aux pieds plus argileux, plus humains, que ne le laisse penser son imposante cavalerie médiatique.

Tant de joueurs ont en tête leur FFXV hypothétique et fantasmé. S'agit-il d'une impossible promesse ? Autant être clair d'emblée : il vous faudra faire le deuil de tout ce qui a été montré depuis 2006 jusqu'au trailer de l'E3 2013 compris (celui de l'annonce du passage au chiffre "XV"). De tout cela, rien n'a été gardé... ou en tout cas, pas dans le même état ! Adieu par exemple les épiques séquences d'action lors de la chute d'Insomnia, il y a désormais le film Kingsglaive pour cela. Au revoir tant de passages entre Noctis et son père. Il faudra composer avec cette frustration.

Il y a tant de choses à dire sur un titre dont l'histoire principale se boucle entre 30 à 50 heures, sans compter les heures et les heures de quêtes annexes. Par conséquent, autant vous prévenir en toute franchise : ma critique ne constituera pas une notice bis, ou un descriptif méthodique de chaque nouveauté ou option (ceux que cela intéresse pourront cependant trouver ici nos astuces et conseils de jeu revenant plus sur les rouages de gameplay). Cet article ne reviendra pas en détail sur l'apport en HP des délicieux mets concoctés par Ignis, n'analysera pas en profondeur les arcanes des arbres de compétences, ou ne s'attardera pas sur l'usage des dévastatrices armes fantômes de Noctis. Non, je souhaite plus partager avec vous ma vision de l'incroyable voyage que j'ai vécu, de ce que je retiens de cette épopée dantesque plusieurs jours après avoir digéré sa conclusion.

Je pense d'ailleurs qu'il est impossible de comprendre pleinement la portée de FFXV avant la toute dernière note, du tout dernier plan. Car après avoir mené à bien ce périple, le prince Noctis, Ignis, Gladiolus et Prompto, ces 4 frères d'armes qui sont aussi devenus les miens, accaparent mes pensées. Je me souviens des moments partagés en leur compagnie. Pas tous plaisants, parfois frustrants, mais résolument humains au point de résonner en moi longtemps après que la console ait été éteinte. Un privilège si rare.

Oui, derrière ses atours de blockbuster grandiloquent parfois maladroit, Final Fantasy XV n'est rien d'autre qu'une pleine et franche tranche de vie. Un jeu qui se rêvait exubérant et qui s'épanouit paradoxalement dans l'intime.

Le coeur des hommes...

En 2014, j'étais tombé de haut. Malgré ses prouesses visuelles, une histoire indigeste et des clichés d'une époque révolue avaient fini par achever la foi initiale que je portais en Final Fantasy XIII. Le jeu m'était tombé des mains, écorchant au passage l'image que j'avais de cette série si chère à mon coeur. Ainsi Final Fantasy XV constitue une grande, une colossale prise de risque. En cas d'échec commercial, c'est la saga FF toute entière qui pourrait vaciller, ou se voir réorientée profondément.

Final Fantasy XV est un pyromane, du genre à enflammer les passions et cliver les joueurs. Car c'est une certitude, cet épisode va diviser. Tant mieux, c'est qu'il est diablement vivant. Derrière son habile maquillage, ses imperfections ne peuvent effectivement être dissimulées et n'ayez crainte, je vous en parlerai sans détour. Mais avant cela, posez-vous une question : quel est votre profil de joueur ? Qu'attendez-vous d'un jeu, d'une oeuvre en général ? Si vous privilégiez le décorticage technique et la table de jugement arithmétique, la déception pourrait vous envahir, car malgré les multiples optimisations, il y a encore à redire (quêtes annexes en essuie-glace, caméras parfois confuses, séquences pas toujours bien liées, etc.). Si au contraire vous recherchez une expérience, une ambiance, une inspiration... je vous l'annonce : vous risquez de rester durablement scotché après le générique de fin.

Un bémol cependant : l'histoire principale ne brille pas forcément par son originalité (lutte de pouvoirs, effondrement d'un royaume, amour impossible) et sa narration se montre parfois un peu heurtée, certains passages clefs se révélant visuellement épiques, mais assez frustrants à jouer, tandis que certains arcs de personnages ont été expédiés. Ne vous attendez pas non plus à un déluge de cinématiques "à l'ancienne", les meilleurs passages narratifs se déroulant souvent in-game en pleine exploration avec les 4 héros. Mais là, ce que vous vivez et endurez avec eux, leurs rires, leurs engueulades, leurs moments de rien, leurs doutes, leurs souffrances, les discussions lâchées autour d'un feu de camp, les sessions de photos improvisées et mal cadrées, les réflexions jetées pour se rassurer dans un donjon, les moments de silence qui ont du sens... oui, il y a du Naughty Dog dans cette capacité à devancer vos réactions, à rendre ces personnages vivants, crédibles, touchants au coeur même du jeu, et non uniquement lors de cut-scenes. Avec leurs excès, comme leurs fulgurances. Ils sont là, transformant petit à petit le joueur en cinquième compagnon.

Je souhaitais au passage tirer mon chapeau aux voix françaises qui ont réalisé un superbe travail... malheureusement quelque peu desservi par une synchro labiale défaillante (en VF). Reste qu'Anatole De Bodinat (Noctis), Julien Allouf (Ignis), Gilles Morvan (Gladiolus) et Alexandre Nguyen (Prompto) offrent une performance solide permettant de s'immerger pleinement dans l'aventure.

L'oeuvre du temps...

Pendant 10 ans, et pour beaucoup de joueurs à travers le monde, Noctis, Prompto, Gladiolus et Ignis furent considérés, avec une pointe d'ironie, comme l'incarnation ultime de l'emo-cuir-Shibuyesque. La matérialisation absolue du style Nomura. Ils sont heureusement tellement plus que cela.

Fait notable pour la série, Final Fantasy XV met en scène un casting de héros exclusivement masculins, se connaissant d'emblée et aux personnalités affirmées. On est bien loin de certaines "japoniaiseries" qui m'avaient fait décrocher de FFXIII. Plus inattendu encore, Final Fantasy XV ose sortir de la zone de confort de nombreux AAA. Dans sa deuxième partie par exemple, lorsque le titre quitte l'open-world pour se montrer plus dirigiste dans sa narration, certaines séquences se révéleront particulièrement poignantes, abordant avec finesse des thèmes rarement traités dans un tel jeu. Le changement de ton est d'ailleurs notable, et l'on gagne en intensité ce que l'on perd en liberté. Attention cependant, cette seconde partie, finalement assez courte, se révèle aussi inégale, oscillant entre le brillant et le décevant. Entre une ouverture grandiose (Altissia) et un final mémorable (Insomnia), la quête s'essouffle à Tenebrae et Niflheim. Ces lieux qui auraient pu constituer les points culminants de la narration, resteront malheureusement plutôt répétitifs et anecdotiques, laissant la sensation que certaines scènes manquent forcément à l'appel et renforçant le sentiment de jeu aux allures de Frankenstein.

En creux, Final Fantasy XV parle du passage à l'âge adulte, s'amusant à flirter avec le 4ème mur. Et cela ne concerne pas uniquement les héros. Véritable métaphore d'une équipe de développement ballotté entre prototypes, espoirs et déconvenues, mais aussi clins d'oeil affirmés aux joueurs qui ont vieilli en 10 ans et à une industrie qui n'est plus la même. La perte d'une certaine insouciance, le poids des responsabilités avec, en parallèle, les échos d'un monde qui nous a enthousiasmé lors de notre enfance/adolescence de joueur.

Oui, vous allez beaucoup voyager, avaler les kilomètres à pieds, en chocobo, en bateau et en Regalia, sur terre comme dans les airs. Oui, ce sera parfois long, voire très long, et oui, votre véhicule ne se pilote pas comme dans GTA, et ne pourra pas faire du offroad. Certains pourront s'en irriter, d'autres en profiteront pour passer en conduite automatique et lancer les musiques d'anciens FF afin de laisser quelques souvenirs caresser leur âme. N'oublions pas aussi que Final Fantasy XV souhaite raconter une histoire plus ancrée dans le réel que ses aînés. Ainsi, Altissia réinvente Venise, tandis qu'Insomnia n'est autre qu'un Tokyo, ambiance Shinjuku. Remarquable, la cohérence artistique limite donc quelque peu l'aspect fantasmagorique proposé par d'autres épisodes. FFXV est plus terre à terre, ce qui ne l'empêche pas d'émerveiller. Loin du zapping perpétuel qui nous entoure au quotidien, et des tentations d'avance rapide, laisser la délicate mollesse du temps agir permet de s'imprégner de l'univers qui nous entoure, d'assimiler certaines notions, de s'étonner, de laisser son esprit vagabonder... en clair, de s'offrir un luxe devenu plus en plus rare : fixer ses émotions !

Et quoi de plus rassurant et doux que la nostalgie ? Grâce à l'achat de K7 d'anciennes musiques de la série, que nos souvenirs des premiers Final Fantasy sur NES, Super Nintendo ou PlayStation semblent agréables. Le cerveau humain dispose de cette douce qualité voulant que, sur le long terme, il préfère retenir les bons souvenirs, quitte à les embellir quelque peu. Ne vous y méprenez pas, le fameux "c'était mieux avant" ne repose pas toujours sur des fondamentaux très réalistes. Remerciez juste votre cerveau. C'est souvent après coup que l'on réalise que nous vivions un beau moment, que ce que nous avions n'était pas si mauvais, pas si désagréable. Que nous étions heureux. Final Fantasy XV joue admirablement son rôle de madeleine de Proust, tout en posant quelques puissants cailloux psychiques que nous aurons plaisir à ramasser dans quelques jours, semaines, années. En cela, il se dresse au-dessus de la mêlée.

Mention spéciale à la somptueuse bande-son d'une Yoko Shimomura littéralement en état de grâce. Ses accords épiques enveloppent l'ensemble du jeu d'une élégance rare, électrisent les joutes et rendant inoubliables tant de passages. Sa partition globale s'impose tout simplement comme l'une des plus épiques jamais écrites pour un jeu vidéo (revivez le concert symphonique à Abbey Road). Un sans faute absolu qui transcende les émotions et ajoute un supplément d'âme à la hauteur des meilleures compositions de Nobuo Uematsu. Probablement plus divines encore...

L'important c'est le voyage...

Mais un jeu ne se résume pas à une histoire, aussi poignante soit-elle. Totalement repensés, les combats tournent le dos au tour par tour (un mode "stratégique" figeant le temps est cependant disponible dans les options) et se révèlent particulièrement explosifs, notamment avec la capacité "Eclipse" de Noctis vous permettant de fondre sur un ennemi distant en un instant. Le prince est d'ailleurs le seul personnage que vous dirigerez. Vous devrez donc gérer les attaques physiques, magiques, ainsi que les restaurations vitales. De quoi faire de ces joutes d'intenses rushs d'adrénaline relevant l'exploit de ne jamais lasser tout en offrant une montée en puissance jubilatoire, transcendée par des thèmes musicaux se renouvelant fréquemment. Seul réel bémol : la caméra ! Plutôt pertinente en lieux ouverts, elle peut devenir assez confuse dans les zones plus étroites, ou face à des ennemis trop rapides et nombreux. Mais le plus gênant reste son incapacité à occulter les éléments du décor qui passent devant la vue (essentiellement des buissons et des arbres). Résultat, les affrontements les plus nerveux perdent en lisibilité, vous obligeant à recadrer manuellement.

Il vous faudra ainsi passer par un temps d'adaptation pour tirer toute la quintessence de ses luttes, d'autant que les PV s'évanouissent parfois en un seul coup fatal. Vous devrez souvent réagir vite, passer du temps dans le menu d'objets pour soigner vos troupes, et être très vigilant tant l'issu d'un affrontement peut basculer dans un sens ou dans l'autre en quelques assauts. Du coup, s'il est possible de foncer tête baissée, vous réaliserez rapidement que la prise en compte du tempo et des approches tactiques se montrera plus judicieuse. Certes, la gestion de vos équipiers n'a pas la profondeur qu'offraient les Gambits de FFXII. Mais vous pourrez tout de même réaliser des combos dévastatrices en gérant au mieux les distances, choix des armes (vous disposez de 4 slots pour switcher à tout moment), commandes et angles d'attaque de vos partenaires.

A ce titre, la magie joue un rôle souvent crucial permettant de faire basculer rapidement un affrontement. Attention cependant, ces pouvoirs ne fonctionnent plus du tout comme par le passé. Seul Noctis pourra d'ailleurs les utiliser, et vous devrez réaliser des mélanges élémentaires (feu, glace, foudre). Ainsi, c'est vous qui doserez la quantité de chaque élément, et choisirez si vous souhaitez les associer à des objets pour en booster les capacités... et créer par exemple des soins, car non, il n'existe plus de magie "vitale" à proprement parler. Honnêtement, cela demandera un peu de pratique pour en apprécier les résultats, et ceux qui rusheront risquent de passer à côté de cet aspect étoffant les combats de manière sensible. À noter aussi que les invocations ne s'utilisent plus à votre convenance, mais apparaîtront en fonction de certaines conditions. Cela dit, leurs arrivées plus spectaculaires que jamais signifieront la fin immédiate du combat tant leur puissance cosmique est phénoménale. Mention spéciale à Ramuh, Bahamut et Titan...

Chacun de vos alliés développera aussi des compétences annexes. Les repas d'Ignis, en plus de vous donner l'eau à la bouche, augmenteront temporairement vos aptitudes (vie, force, magie), surtout lorsque vous flatterez les goûts des héros. Les photos pas toujours bien cadrées de Prompto pourront être stockées et partagées sur vos réseaux sociaux afin de vous rappeler de beaux souvenirs. Le côté grand-frère de Gladio vous rassurera et boostera réellement vos capacités via des bonus d'endurance/force dans certains moments clefs.

Enfin, sachez que contrairement aux précédents opus, votre expérience et vos compétences ne s'amélioreront pas au fil de votre progression. C'est uniquement lors de vos haltes (camping ou hôtel, chacun disposant de ses bonus/malus) que vous synthétiserez les points d'XP obtenus lors des combats. Les arbres de compétences (une sorte de sphérier à la FFX) sont désormais répartis en différentes catégories et vous permettront d'améliorer les capacités de très nombreux éléments. En clair, ces menus bleutés deviendront une deuxième maison...

Tombés au champ d'honneur

Si Final Fantasy XV me laisse un souvenir puissant, impossible de laisser sous silence un nombre, important, d'éléments qui auraient pu être améliorés. Un mot par exemple sur le comportement vieillot de la plupart des PNJ. Les voir souvent plantés comme des piquets dans l'attente d'une discussion fort charitable renvoie à une époque que GTA V ou The Witcher III ont définitivement ringardisée. Il manque aussi un peu de vie en général. Gigantesques et somptueux, les décors sonnent parfois un peu vides, au point qu'un sifflet pour appeler des monstres à tout moment a été ajouté dans le patch Day One.

Parlons aussi de la chasse, unique moyen de remporter de l'argent dans FFXV. Vous aurez ainsi la possibilité de répondre à des contrats (plus d'une cinquantaine en tout) vous demandant d'aller débusquer des adversaires plus ou moins coriaces. Problème : vous ne pouvez pas cumuler ces "contrats". Résultat, c'est l'essuie-glace constant. Aller voir le commanditaire, partir (souvent loin), combattre, revenir le voir, repartir combattre... souvent non loin du précédent contrat. Une mécanique d'allers-retours forcés résolument rébarbative et archaïque.

Pour les amateurs de technologies, on pourra aussi noter la présence d'un peu d'aliasing, surtout sur les cheveux, certes extrêmement bien modélisés mais très "scintillants", ou encore un peu de popping d'ombre ou de végétation. Quelques textures auraient également gagné a être affinées. On regrettera aussi que les objets équipés (amulettes & co) ne soient pas visibles in-game sur les héros. La customisation se limitant à quelques rares tenues générales, hormis des couleurs et autocollants sur la Regalia.

OK. Une fois que l'on a souligné ces points, il serait bien triste de s'arrêter à cela tant la réalisation globale impressionne par l'immensité, la cohérence et l'ambiance qui se dégage du monde d'Eos. Les bouillants couchers de soleil, les forêts denses, les marécages humides, l'immensité visible au sommet des montagnes, la noirceur des donjons, ou l'intensité de certains regards créent un magnétisme tel qu'on a envie d'y retourner, encore et encore... à dos de chocobo de préférence.

Humain, avant tout...

Nommé tardivement capitaine d'un navire à la dérive pendant de si longues années, Hajime Tabata n'a jamais caché les difficultés et peurs rencontrées par le projet. Devant la complexité de ce dernier, son développement chaotique, son orientation open-world, ses enjeux marketing évidents... qu'il aurait été aisé de voir l'histoire se fracasser sur l'iceberg du cahier des charges garanti 0% prise de risque ! Evidemment, Final Fantasy XV utilise des formules et se délecte du fan-service (musiques, créatures connues, armes, invocations, etc.)... mais dans le même temps, il n'oublie pas de fouiller là où les histoires de jeu vidéo ne s'aventurent que trop rarement (le handicap) et se montre particulièrement généreux hors de l'aventure principale.

Méfiez-vous d'ailleurs, car si vous vous contentez de la trame principale, vous pourrez dire adieu à l'utilisation de la Regalia volante, à d'épiques joutes contre des boss, à la visite de complexes donjons optionnels ou à la découverte de lieux fantastiques, tous cachés dans les quêtes annexes. Une grande partie du plaisir de l'exploration est donc ici facultatif, ne l'oubliez pas.

Sans spoiler aucun, la conclusion royale de ce chapitre s'impose à mes yeux comme l'une des plus mémorables et poignantes de toute la série. Plus j'y pense, plus elle résonne en moi. Bien sûr, j'imagine aisément combien des carences seront soulignées ici et là, elles sont légitimes et nourriront d'importants clivages dans la presse et chez les joueurs. Mais je n'oublie pas ce que je cherche dans un jeu vidéo : une émotion, une vibration, une trace. À ce titre, je vais être tout à fait franc : sans ce final, sans ces derniers plans, ma perception du jeu n'aurait pas été aussi positive. Mais cette fin existe, et transfigure totalement l'expérience globale, recontextualise tout ce que vous venez de vivre. Ceux qui ont fini Metal Gear Solid V : The Phantom Pain auront une idée de ce que je veux dire.

Rappelez-vous. Je ne me souviens que trop bien de la manière dont Lost Odyssey fut harponné par tant de critiques pour ses défauts techniques ou certains aspects un peu vieillots. Il est désormais considéré comme l'un des RPG japonais les plus remarquables et sensibles de cette dernière décennie. À l'époque, je soulignais déjà combien il fallait le respecter et le louer tant ces défauts étaient éclipsés par sa grandeur d'âme. Aujourd'hui, je continue de penser qu'il est crucial de ne pas confondre l'important et l'essentiel. De ne pas perdre de vue ce pour quoi nous sommes joueurs, ce qui a fait de nous des passionnés. Oui, la critique est aisée. Oui, FFXV présente le flanc sur de nombreux aspects qui se doivent d'être évoqués, mais FFXV est debout, face à nous, pas forcément comme vous et moi l'imaginions, le rêvions, le fantasmions, mais au bout du compte il parvient à diffuser plus d'émotions que l'écrasante majorité des productions vidéo-ludiques de ces 10 dernières années. Ne pas en tenir pleinement compte, c'est un peu éteindre son coeur, c'est passer à côté de l'essentiel.

Pour certains d'entre nous, cela fait 10 ans que nous attendions ce moment. J'ai pris un peu d'avance sur vous, mais je sais que vous serez nombreux à éprouver un pincement au moment de commencer l'aventure... au moment de la quitter aussi. C'est indéniablement une page de nos vies qui se tourne aujourd'hui. Je confesse d'ailleurs que conclure cette critique est assez émouvant pour moi. Tant de souvenirs remontent à la surface car ce voyage entrepris dans le jeu pendant près de 50 heures, puis prolongé lors de la rédaction de cet article, avait en fait réellement commencé en 2006, à Los Angeles. C'est probablement irrationnel, mais ce n'est pas qu'un "jeu" qui vient de s'achever. C'est une tranche de vie bien réelle, et j'avais cette crainte indicible d'être déçu. Ce n'est heureusement pas le cas.

Ce que j'en retiens ? Un zeste de frustration, une tranche d'émerveillement, un soupçon de mélancolie et beaucoup d'émotions, symbole des grands jeux. Impossible de ne pas éprouver du respect pour le travail abattu. Alors oui, cette critique reste bien sûr éminemment subjective, et j'ai d'ailleurs hâte de pouvoir en débattre avec vous, de recueillir vos avis similaires ou divergents dans les commentaires ci-dessous, ou sur Twitter. Reste que l'équipe de Hajime Tabata est parvenue à faire franchir un cap au JRPG, elle a fièrement tenté, raté parfois, réussi souvent, et appris beaucoup. La rupture conceptuelle, comme le respect du matériel historique, se côtoient, et il sera particulièrement intéressant de voir ce que cette équipe pourra proposer par la suite. Vous avez dit Agni's Philosophy ?

Le roi est mort, vive le roi ! Final Fantasy est de retour !

J'ai quelque chose à vous dire :
Final Fantasy XV, le roi de la division ?

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ASTUCES et CONSEILS FINAL FANTASY XV
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