Depuis sa création sur les cendres encore fumantes de Midway, après une "fatality" de type banqueroute, puis son rachat par Warner Bros, le Studio NetherRealm, emmené par son directeur créatif Ed Boon, nous a habitué à sortir un bon titre tous les deux ans. Avec le reboot de Mortal Kombat tout d'abord, et sa suite nommée X, puis XL dans sa version "super turbo diesel", qui ont donné à la série ses véritables lettres de noblesse doublé d'un accès aux plus prestigieux tournois de la planète. Le tout grâce à une jouabilité cuisinée aux petits oignons, en opposition au relatif manque de subtilité des premiers jeux... Mais entre ces deux épisodes, un beau jour d'Avril 2013, Injustice faisait son entrée sur le devant de la scène, se posant comme le véritable rejeton de l'héritage et des vestiges de Midway, dont un des derniers jeux de baston était, comme par hasard, une collaboration avec Warner Bros : Mortal Kombat Vs. Dc Universe.

Si ce dernier posait les bases de narration et de jouabilité des titres NetherRealm actuels, c'est véritablement avec Mortal Kombat 9, puis le premier Injustice, que la formule à commencé à faire recette. Et au vu de la réception critique, mais aussi commerciale, de l'épisode fondateur de la série, il est peu surprenant de voir aujourd'hui débarquer ce second volet dans les rayons. La fenêtre de tir est plutôt serrée chez les fans de baston, alors que les beaux jours de cette année 2017 se profilent : pas moins de quatre grosses sorties auront lieu entre fin mai et début juin : Guilty Gear Xrd Rev2, Street Fighter 2 version Switch, Tekken 7 et donc cet Injustice 2 (mais aussi, dans une moindre mesure, le portage PC de KOF XIV !). Que choisir parmi tous ces titres ? Lequel sera le jeu de baston de l'été ? C'est ce à quoi nous allons tenter de répondre dans un petit marathon de tests de jeux de combats dans les quinze jours qui arrivent...

Injustice for all

L'un des très gros point fort d'Injustice, c'est son histoire. Le premier prenait pour point de départ un postulat plus qu'intéressant : dans une réalité alternative, le Joker trompe Superman avec un gaz délirant concocté à base de Kryptonite, et ce dernier tue Lois Lane alors qu'il croyait se battre contre Doomsday. Fou de rage, Clark Kent assassine alors le Joker et décide de devenir le nouvel ordre mondial, la puissance à respecter, quitte à devenir un dictateur. Le pire cauchemar de l'humanité est arrivé : le sauveur du monde est devenu son geôlier... Forcément, une résistance se forme, avec à sa tête Batman. S'ensuit alors un affrontement a couteaux tirés, où les deux plus grands héros DC vont se livrer une guerre sans merci, chacun avec ses fidèles, à base de moult trahisons et rebondissements. Une fois n'est pas coutume pour un jeu vdéo, l'histoire se montrait même si intéressante qu'elle s'est vue adaptée en comic-book, sous forme de préquelle ! Le second épisode de la série est donc la suite directe de ces événements, et revient même un peu en arrière pour nous montrer l'arrestation de Superman par Batman, sa mise en cage dans une prison de soleil rouge, et faire un état des lieux global d'une civilisation qui se remet tout juste de plusieurs années sous le joug de son dictateur Kryptonien.

Mais une petite enquête de routine des membres de la Justice League va vite mettre en lumière l'arrivée sur terre d'une menace intersidérale : Brainiac, un être supérieur, responsable de la destruction de Krypton, et qui en veut maintenant à la Terre. Comment Batman et sa fidèle équipière Harley Quinn (oui, oui) vont ils faire pour contrer cette nouvelle menace venue d'un autre monde ? Devront-ils appeler à l'aide leur ancien ami devenu ennemi ? Superman à-t-il changé ? Ce sont les questions auxquelles Injustice 2 va répondre dans son mode Histoire. Mais il faut bien avouer que cet épisode s'avère moins surprenant et palpitant que son aîné. La narration adoptée est toujours la même, à savoir une alternance de cinématiques et de combats (au nombre de 76), et il vous faudra environ cinq heures avant d'en voir le bout. Si deux fins sont disponibles (Batman ou Superman), il faudra refaire une bonne partie du mode histoire en choisissant d'autres combattants pour visualiser l'autre conclusion. Les plus pressés auront vite fait d'aller la regarder sur Youtube, et c'est bien dommage de ne pas l'avoir laissée accessible tout de suite après la première... Surtout que le jeu n'a pas que cette histoire à offrir, et devrait pouvoir tenir en haleine les joueurs bien plus qu'avec son seul mode histoire.

Enter Batman

En effet, en solo, nous sommes servis. En plus de l'histoire donc, nous avons un didacticiel qui nous apprend les bases et quelques petites astuces pour chacun des 28 personnages (sous forme de défis combo), un training très basique mais efficace, et un versus contre l'IA du jeu. Mais c'est surtout le mode "Multivers" qui se montre le plus intéressant. En plus de son mode Arcade, qui déverrouille une courte cinématique de fin par personnage, vous aurez affaire à plusieurs défis renouvelés avec le temps, contre des adversaires de plus en plus coriaces, voire même des boss aux pouvoirs démesurés. Pour vous aider dans votre quête, le jeu se dote d'un aspect RPG dans lequel vos personnages vont monter en niveau pour gagner en vie, attaque, défense et spécial. Mais ce n'est pas tout, au fil des combats, vous allez déverrouiller de nouvelles pièces d'équipement qui vont vous permettre d'augmenter d'avantage ces caractéristiques, mais aussi quelques capacités spéciales comme des bonus de dégâts ou d'expérience, en les enfilant si vous avez le niveau requis.

Là ou le jeu fait bien les choses, c'est que chacune de ces pièces possède sa propre esthétique ! Si beaucoup d'entre elles se ressemblent et vont uniquement changer sur de petits détails, deux ou trois grandes familles de hauts, de bas, de visages et de vestes sont disponibles pour chaque personnage. Et avec la dizaine de choix de couleurs disponibles, au bout de quelques heures de jeu, vous aurez de quoi créer votre look préféré pour votre héros/vilain. En revanche, l'acquisition de ces pièces se fait de façon aléatoire via des boîtes de récompenses que vous déverrouillez en réussissant des défis. Bien que le jeu tienne compte de vos personnages les plus utilisés, et vous refile en priorité du stuff qui leur est destiné, en Multivers, votre héros ne ressemble bien souvent à rien, puisque l'aspect statistique passe avant l'esthétique. Et avec certains choix de couleurs, on frôle même parfois la catastrophe ! Mais si on pourrait regretter l'absence de vignettes personnalisées qui permettraient de prévisualiser votre sélection, l'ensemble se montre plutôt fun, et on va passer un agréable moment à changer le look de nos héros favoris.

Ryde the Harley Quinn

Petite ombre au tableau : dans les modes du Versus local, le joueur 2 ne pourra pas avoir accès aux customisations réalisées par le possesseur du jeu. On pourra tout de même accéder à un mode Tournoi, destiné à l'eSport, sans pause et avec tous les persos mis d'emblée au level 20 avec le même équipement. Du coté des fonctions en ligne, là encore, on est servis. En plus des traditionnels matchs classés et matches amicaux, on retrouve une fonction de room dans laquelle plusieurs amis peuvent se retrouver et participer à des combats sans merci. Bien sûr, des classements et des fonctions de replay sont bien évidemment disponibles. Le netcode se montre assez convainquant, mais souffre de quelques lags quand la connexion de votre adversaire est en carton. On y retrouve aussi un système de guildes, assez différent de celui de Mortal Kombat XL, ou jusqu'à 50 joueurs vont pouvoir participer en réalisant des défis quotidiens, mais aussi appeler à l'aide des membres de son équipe pour aller combattre les surpuissants boss du mode multivers. Toujours intéressant en vue de récolter des boîtes à loot supplémentaires. Tout comme le multijoueur asynchrone, qui va vous permettre de choisir vos trois combattant les plus forts pour les faire se battre contre ceux d'un autre joueur, la résolution du combat se faisant via l'IA. En plus de ses fonctions de personnalisation et de ses modes solos, Injustice 2 se montre aussi très complet en termes de fonctionnalités en ligne. Tout ce qu'on peut attendre d'un jeu de combat moderne.

D'autant plus que la partie jouabilité à elle aussi très soignée. Vous disposez pour chaque personnage de trois attaques de base et d'une capacité spéciale unique. Il faudra alors tenter de placer les combos les plus dévastateurs, en "annulant" certains de vos coup pour terminer sur une attaque dévastatrice. Encore plus si l'on choisit de la placer en "EX" en échange d'une jauge de spécial, pour faire encore plus mal. La réalisation de ces coups se fait avec un timing très serré, ne laissant aucune place à l'erreur, ce qui peut se montrer assez frustrant parfois, si l'on n'est pas assez rapide. Le juggle est toujours très important, et si vous calculez bien vos timings, vous pouvez véritablement apprendre des combos dévastateurs. Votre adversaire n'aura alors plus le choix et devra lancer son choc, avec lequel il pourra sacrifier sa barre de spécial pour tenter de regagner un peu de vie. Vous aurez donc plein d'opportunités de dépenser votre spécial autrement qu'avec de le coup ultime, et on se prend vite au jeu pour le côté stratégique que cela apporte. Ce fameux coup ultime, il suit la même logique que dans Mortal Kombat X. D'une simple pression sur les deux gâchettes, vous déclencherez l'apocalypse sur Terre dans une animation super dynamique où votre avatar virtuel va flanquer la raclée de sa vie à son ennemi. Les cinématiques sont toutes originales et assez violentes, même s'il faut avouer qu'elles sont un peu longues et répétitives au final... Les arènes ne sont pas en reste, avec toujours des multitudes d'objets à joyeusement envoyer balader à l'autre bout de la map, mais aussi des transitions très spectaculaires, dans lesquels la victime sera propulsée à travers les murs du décor pour débarquer dans une autre pièce à proximité. Attention : probablement pour des questions de mise en scène, cette fonction n'est pas présente en mode Histoire.

The Swamp Thing that should not be

J'avoue ne pas être ultra fan de la jouabilité NetherRealm, un peu trop rigide à mon goût, mais il faut bien le dire, cet Injustice 2 est bourré de subtilités, trop nombreuses pour être toutes décrites ici. L'ensemble se montre en tout cas tout à fait accessible pour le néophyte, qui y trouvera du plaisir immédiat, mais aussi pour le joueur chevronné, qui devra travailler dur pour en maîtriser toutes les finesses. Une réussite, à l'image de ce que nous propose les papas de Mortal Kombat ces dernières années. Pour tout ce qui concerne la partie technique, le jeu se montre aussi convainquant, avec une nette évolution graphique depuis l'épisode précédent. Certains visages féminins se montrent tout particulièrement attractifs, ce qui ne sera pas le cas de l'ensemble du roster, avec quelques grossières erreurs de casting, Catwoman ou Bruce Wayne en tête, qui semblent avoir étés modélisés à grand coups de postérieur. L'ensemble se montre malgré tout relativement agréable pour la rétine et rempli de belles couleurs, même s'il faut noter la présence d'un aliasing assez prononcé sur la copie PS4 que nous avons tester. Au niveau des doublages, la version française est très inégale : certains héros gardent leur voix habituelles (Batman, Harley Quinn...), mais d'autres non, et les choix effectués sont souvent très surprenants et ne collent pas du tout (Superman, le Joker...). On pourra également regretter le programme de DLC déjà en place, avec Darkseid payant pour un achat d'occasion, et pas moins de 9 combattants supplémentaires prévus, ce qui offre à cet Injustice 2 un joli statut de "jeu en kit".