(le test complet est au format vidéo, cliquez donc ci-dessous... bon visionnage !)
Everybody’s Gone to the Rature, malgré ses défauts et ses qualités, aura eu le mérite de tenter quelque chose de fondamentalement fou en poussant le concept du « non-jeu » à son paroxysme.
Un pari osé, perfectible et imparfait qui soulève avec lui la sempiternelle question propre à ce genre d’expériences uniques : est-ce encore du jeu vidéo ?
Personnellement, je ne me la suis jamais posée en parcourant Yaughton. J’étais là pour autre chose que pour « jouer ». J’étais là pour humer l’air si doux du Shropshire, profiter de son calme champêtre et revivre avec ses habitants les évènements qui ont compté pour eux dans leur vie. M’inquiéter en leur compagnie des phénomènes surnaturels qui, au fond, les dépassait tous. Constater qu’avec l’imminence d’une issue fatale, les gens peuvent changer, en tentant de résoudre les problèmes qu’ils ont pu avoir par le passé avec eux-même, ou avec les autres membres de la communauté. Une communauté éclectique et attachante, et dont les destinées vont rapidement prendre le dessus sur le mystère qui entoure leur disparition.
L’évènement singulier a-t-il changé leur vie de tous les jours, ou au contraire les a-t-il poussé à aller au delà de leur propre barrière émotionnelle ? Et si au fond cette tragédie à huit clos faisait rayonner la race humaine en nous ramenant tous à l’essentiel de nos destinées?
Jacob de Lost aurait surement un sourire amusé sur son visage, tandis que Patti Levin de The Leftovers tirerait avec flegme sur sa cigarette en observant ces existences gérer la situation avec ce que l’humain a de plus précieux : ses sentiments. Amour, tristesse, pardon, rédemption, haine, culpabilité… Jeremy, Wendy, Kate et les autres m’ont énervé, ému, touché, et même fait pleuré par moment. Dans ces moments là, j’avoue donc avoir été content de ne pas avoir pu courir plus vite, car je serai sans doute passé à côté du rythme du jeu, calqué sur celui de la vie, la vraie, avec ses tragédies et ses moments de grâce.
Everybody’s Gone to the Rature c’est une « oeuvre » profondément humaine, dont les évènements paranormaux ne servent finalement que de toile de fond à l’histoire principale, celle qui compte vraiment : celles des habitants de Yaughton. La fin et ses explications -qu’on peut interpréter de multiple façon- n’est tout compte fait qu’anecdotique… La vraie richesse du jeu se trouvant d’abord dans tous les petits détails du quotidien, méticuleusement mis en scène jusque dans les menus du jeu, ensuite et surtout dans le coeur des personnes dont on suit les silhouettes lumineuses, sans même pouvoir leur donner un visage. Qu’importe, leur voix sont si bien bien choisies, si minutieusement doublées et si bien accompagnées par les sublimes compositions de Jessica Curry qu’on ne peut que féliciter TheChineseRoom pour cet énième décision culottée.
Everybody’s Gone to the Rature est-il un bon jeu vidéo? Est-il même un jeu vidéo? Qu’importe, c’est une expérience incroyable, qui tire sa force des partis-pris courageux de son éditeur. Ce dernier nous indique d’ailleurs clairement sur l’artwork du jeu qu’il vous nous prendre par la main et nous guider à travers les vies so british des 20 protagonistes. A mes yeux, même dirigiste, ça en fait l’une des plus belles oeuvres de ces dernières années.
RAPPEL
- Street Fighter V : Test de la Beta et tuto des mécaniques du jeu
- Call of Duty: Black Ops 3 Beta - Test du multi sur PS4
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