Vu que l'actu cinoche est particulièrement prolifique en ce moment (et surtout de qualité), voici un nouveau top sur un type de films assez casse-gueule mais qui reste dans les mémoires quand il est réussit: le film de solitaire. Rien à voir avec le jeu de cartes, ça concerne les films centré uniquement sur un personnage, généralement isolé du monde, seul ou forcé à rester seul.

C'est pas évident de lister des films pareils, surtout avec de telles contraintes mais 127 heures a été celui qui m'a fait penser à créer une telle sélection. Il y a certainement d'autres films dans le genre, mais soit je ne les ai pas vus, soit je m'en souvenais pas quand j'ai cherché des films à placer dans cette catégorie.

127 HEURES

Un petit bijou. James Franco porte le film sur ses épaules et Danny Boyle sublime Canyonlands. A vrai dire, je suis un gros fan de ce réal après Sunshine, Trainspotting ou encore 28 jours plus tard. Tout en se renouvelant, il propose un véritable film de survie qui se déroule les trois quarts du film dans un endroit plutôt exigu et difficile à filmer. Monté avec des images nerveuses qui rappellent des spots de pubs, les mauvaises langues y verront un gros film de publicité. Moi, j'y vois simplement un film contemporain qui fait penser que ça devient difficile d'échapper aux marques omniprésentes. Certes, on voit des tonnes de marques sur beaucoup de gros plans, mais ça voudrait dire qu'on est contraint à ne plus faire ce qu'on veut sous prétexte qu'à chaque fois qu'on voit une marque c'est du placement de produit ? Et que l'incrustation de spots Coca Cola pour signifier la soif du personnage est justement là pour montrer que malgré les situations, l'influence des marques est toujours là. Quand on a soit, on pense pas à une simple boisson fraîche, on pense à la bouteille de Coca glacée qui reste dans le frigo.
Bref. Tout ça pour dire que 127 heures est une merveille à ne pas louper, un film qui dévoile une volonté de fer et un magnifique film sur la solitude, pour atteindre son apogée à travers une séquence aussi violente que grande (ceux qui ont vu le pitch savent de quoi je parle). Et tout ça agrémentée de couleurs chaudes si agréables en ces températures hivernales.

Réalisateur: Danny Boyle
Lieu: coincé sous un rocher dans un canyon plein de fourmis et de lézards
Temps: je dirais... 127 heures
Le truc en plus: ça donne envie de partir à l'aventure (en embarquant un téléphone portable)

SEUL AU MONDE

C'est celui qui m'est revenu tout de suite à la tronche. Le dernier film de Zemeckis avant qu'il parte dans ses délires "images de synthèse-motion capture". Pour le mec derrière la trilogie Retour vers le Futur et Roger Rabbit, c'est déprimant. Mais Seul au Monde, mettant en scène Tom Hanks, raconte l'histoire d'un rescapé sur une île déserte après le crash de son avion. Les trois quarts du film se déroule dans une solitude quasi palpable, étant obligé de survivre sur son bout de caillou en récupérant les colis qui ont réussi à survivre au naufrage de l'appareil. Ici aussi, le placement de produit est inévitable et révélateur de la société de consommation où on se trouve. Il ira même à appeler son ami imaginaire Wilson, ce fameux ballon affublé de quelques décorations pour le faire ressembler à quelqu'un. Tom Hanks y est véritablement poignant et livre une de ses meilleures interprétations. Un grand film.

Réalisateur: Robert Zemeckis
Lieu: une île perdue au milieu de nulle part
Temps: 4 ans
Le truc en plus: réussir à être ému par la relation entre Tom Hanks et un ballon de foot, il faut le faire...

BURIED

Ryan Reynolds n'est pas franchement un acteur qui m'a marqué. Mais dès qu'on l'enferme dans un cercueil six pieds sous terre, tout de suite ça change la donne. Routier pour l'armée en Irak, Paul Conroy se retrouve kidnappé et enterré vivant avec une lampe de poche et un briquet, ainsi qu'un téléphone portable. Evidemment, on ne voit pas le kidnapping à proprement parler et on commence direct dans le cercueil. Tout le film se passe dans cet endroit exigu et le véritable tour de force est d'avoir réussi à filmer dans un endroit aussi petit avec une tension plus que palpable. Le compte à rebours est enclenché et le film se base énormément sur les discussions téléphoniques avec son ravisseur ou les gens qui tentent de le sauver. On sent que le personnage est au bout du rouleau et la réalisation ne fait qu'accentuer cet état de stress dû à l'étroitesse du lieu où il est enfermé. Un film fort, à voir pour sa performance, mais qui à mon sens ne va pas assez loin.

Réalisateur: Rodrigo Cortes
Lieu: un cercueil sous terre
Temps: 90 minutes
Le truc en plus: sûrement le film qui possède le plus petit décor du cinéma

MOON

Petit film complètement passé inaperçu et diffusé directement en DVD en France, il fait pourtant partie de ses films de SF qu'on aimerait voir beaucoup plus souvent. Mettant en scène un Sam Rockwell décidemment trop rare au cinéma, il raconte l'histoire d'un homme s'occupant seul d'une station spatiale sur la Lune qui extrait une ressource vitale pour la Terre, en pleine crise énergétique. Seul la voix robotique de Kevin Spacey, IA de la station et des enregistrements de sa femme resté sur Terre sont là pour lui rappeler ce qu'il retrouvera quand son contrat de trois ans sera terminé. Mais il va découvrir une vérité bien terrifiante sur son rôle dans la station. Débutant comme un film basé sur la solitude d'un personnage, le film vire complètement dans la SF assez rapidement tout en gardant cet aspect de la solitude à l'esprit en rajoutant un élément nouveau que je garde de révéler et qui est franchement malin. Un film de SF inelligent et rondement mené, voilà qui fait diablement du bien dans le cinéma.

Réalisateur: Duncan Jones
Lieu: la Lune
Temps: 3 ans
Le truc en plus: un film de SF en huis clos, c'est tellement rare que c'est indispensable

JE SUIS UNE LEGENDE

Bon, ce n'est pas complètement un film de solitaire, puisque Will Smith a un chien. Mais là, il est vraiment seul puisque c'est le dernier humain restant après une épidémie qui a ravagé la population mondiale, la transformant en créature monstrueuse (des vampires dans le bouquin original de Matheson). Cette contamination a lieu après la découverte d'un "vaccin" contre le cancer. Etant lui-même un scientifique, il va rester à New York pour rechercher un vaccin contre cette maladie tout en essayant de survivre seul dans ce monde hostile. Ici, on a véritablement un film de survie, proche d'un 28 jours plus tard mais beaucoup plus axé sur la solitude du personnage, de ses loisirs pour ne pas se sentir seul et péter un câble. Son chien est le seul être non agressif dont il dispose et sa relation devient véritablement importante au coeur du film. Un vrai film de solitude tout en lui procurant des aspects de blockbuster pas toujours de bon goût par contre.

Réalisateur: Francis Lawrence
Lieu: New York
Temps: 2 ans
Le truc en plus: New York complètement désert, c'est pas souvent

PHONE GAME

J'ai aussi hésité avec celui-là, vu qu'on est pas toujours centré sur le héros. Mais dans une moindre mesure, le personnage est aussi solitaire que les autres même si est en contact avec eux. L'histoire est simple: un attaché de presse interprété par Colin Farrell se retrouve piégé par un tireur embusqué dans une cabine téléphonique avec qui il est en contact. Mettant en avant la multiplication des téléphones portables, le film est un vrai film de tension où le personnage est manipulé par un dingue qui le force à avouer ce qu'il a fait de mal dans sa vie. A côtés de ces propos qui donnent au méchant un côté "justicier", le fait que le personnage est forcé de rester dans cette cabine est un effet de solitude forcé, rendu encore plus important quand les flics s'en mêle et que le héros est pris pour un dangeureux illuminé, très louche dans sa cabine alors qu'un homme s'est fait tirer dessus à côté de lui. Le héros s'en sent encore plus seul qu'avant, sachant la vérité sur ce qui se passe et sans pouvoir convaincre le reste du monde. Un ovni vraiment accrocheur.

Réalisateur: Joel Schumacher
Lieu: une cabine téléphonique
Temps: 70 minutes
Le truc en plus: le dernier film mettant en scène une cabine téléphonique

INTO THE WILD

Le seul film où la solitude est ici recherché, tout en se transformant en prison. Le héros, Christopher, est un brillant étudiant qui rejette tout ce qui représente la société moderne et décide de se faire une virée dans le Sud des Etats-Unis, en se débarassant de tout ce qui est superflu. Le film est plus centré sur son état solitaire lorsqu'il se retrouve en Alaska, mais tout le reste du film est évidemment intéressant et influe sur sa finalité qui le verra rester au milieu de la nature en survivant comme il peut dans cet espace complètement sauvage et reculé de tous. Tiré d'une histoire vraie, Sean Penn nous dépeint une vision d'un jeune homme cherchant à s'émanciper de la civilisation et de retourner à l'essentiel. Un film très fort, à la morale qui fait mouche et très proche de 127 heures.

Réalisateur: Sean Penn
Lieu: l'Alaska
Temps: cinq mois
Le truc en plus: le film est accompagné par les chansons d'Eddie Vedder, ancien chanteur de Pearl Jam, et ça c'est bon.