- En plein cœur de la tourmente, alors que Gray est contraint de prendre des risques insensés, les pupilles d'Aki se dilatent alors qu'elle tombe à la renverse (au ralenti). Ed se précipite pour juger de son état et court prévenir le pilote. La situation physique de la jeune femme a empiré subitement (peut-être à cause de la forte concentration de fantômes, peut-être pour une toute autre raison), les cristaux intégrés ne suffisant plus à contenir l'intrus en elle. Ed est donc obligé de lui implanter le quatrième dans l'urgence (la navette est heureusement équipée de tout le nécessaire). Comme la navette distance ses poursuivants et retrouve un ciel serein, Ed prélève le cristal (l'aigle en meurt, mais ne semble pas souffrir) et commence l'implantation. Hélas, l'opération dans de si mauvaises conditions pourrait être lourde de conséquences, si bien que Gray se propose (à la demande d'Ed, et en dépit des risques) de lui venir en aide via sa propre énergie vitale. Il confie les commandes à Barrett qui se dirige vers le nord à allure modérée, conformément aux indications que Cid lui donne par radio. Gray s'allonge sur une couchette à coté d'Aki, serre sa main dans la sienne, ferme les yeux à son tour. Barrett : « C'est étrange. Les événements s'emballent, comme si la fin ne devait plus tarder ».

- Assis dans son bureau, Heinz enrage. La transmission de ses hommes s'est interrompus, leurs signaux vitaux se sont éteints sur le moniteur. Il en conclut qu'il avait raison, qu'il doit réagir sur-le-champ pour prendre le contrôle de la situation et utiliser le satellite Seraphim. En premier lieu, il interrompt les programmes transmis dans la ville pour s'adresser au peuple, déclarant Renewal hors-la-loi, parlant d'Aki comme d'une traîtresse, d'un monstre, d'une abjection. Il encourage les gens à chasser sans pitié les membres de l'organisation et à saccager leurs locaux. Une fois son discours terminé, le jeune homme de sa garde rapprochée (qui se tenait dans un coin de la pièce) lui assure le soutien d'Aeterna, mais fait part de ses doutes. Il pense qu'un soulèvement ne suffira pas à faire changer le Conseil d'avis. Après une brève hésitation, Heinz décide d'ouvrir le premier cercle de la cité en désactivant le bouclier dans cette zone, mais sans laisser les fantômes avancer vers le cœur résidentiel. Il se rend donc, flanqué de sa garde personnelle, au terminal d'ouverture.

- Gray entre dans le rêve d'Aki. D'abord, il la voit courir, éperdue, au sein d'une ville détruite, (Paris), puis trouver une plante baignée de lumière devant ce qui subsiste de Notre-Dame. Alors que la jeune femme la contemple, un bruit la fait sursauter. Elle récupère la plante et reprend sa course, poursuivie par une forme rouge-orangée (un fantôme de première génération). Finalement, horrifiée, elle débouche sur un cul-de-sac et voit s'approcher le spectre, qui l'effleure avant de disparaître pendant qu'elle hurle d'horreur (zoom sur son iris droit, dilaté, avec le reflet de la créature). Au moment où elle hurle (un cri presque inhumain), le décor devient flou et, l'espace d'un instant, un autre s'y superpose : une pièce fermée, tout en métal, un peu rouillé... Face à elle, une grande paroi vitrée derrière laquelle on peut distinguer une silhouette floue, humanoïde. Tout s'efface alors, et Gray retrouve la jeune femme dans un monde désertique extra-terrestre (dans des tons bleutés, cette fois-ci). Les pupilles vides, la jeune femme le croise comme si de rien n'était, sans être surprise de sa présence, et l'invite à le suivre. Elle ne semble pas consciente qu'elle rêve, mais savoir inconsciemment que sa vision n'est pas réelle pour autant. Apparaissant et disparaissant, elle guide Gray et lui explique ce qu'il voit. Tout à coup, le monde reprend des tons orangés, les navettes atterrissent, la bataille fait à nouveau rage jusqu'à ce que tous s'arrêtent et fixent l'horizon qui s'embrase, ravageant le monde dans un tourbillon de feu. Aki et Gray se retrouvent alors dans l'espace et assistent, de loin à l'explosion de la planète dont un fragment n'est pas détruit : l'astéroïde Nemesis.

 

 

 

Texte : (illustrant la deuxième partie du rêve, au moment où Gray découvre le monde désertique) « Ils vivaient il y a très longtemps, sur une planète qui ressemblait beaucoup à la nôtre. Leur civilisation connut l'apogée, le firmament, puis à force d'orgueil et de nihilisme, sombra dans la décadence, les guerres, la destruction, modifiant peu à peu la balance de leur univers. Leur planète, alors, se dessécha, se racornit - suite à une longue agonie, elle mourut, en les emportant avec elle. Cependant un fragment échappa au désastre, et fut projeté dans l'espace, destiné à errer jusqu'à ce que la Terre se place sur son chemin. Et avec lui, il emmenait... »

- Le vaisseau arrive à l'endroit ciblé par Cid. Barrett fait un survol prudent et n'en croit pas ses yeux. « Mon Dieu, lâche-t-il en les voyant, ...ce sont des fantômes ! ». Ed, au chevet d'Aki et de Gray, ne comprends pas ce qu'il veut dire. « Evidemment, que ce sont des fantômes ! ! ! Tu t'attendais à quoi ? ! ». La voix de l'ex-soldat se charge de tension : « Non ; je veux dire que ce sont VRAIMENT... » Aki (se réveille en sursaut et se dresse sur son séant) : « Des Fantômes ! ». Plus bas, en effet, ce sont des rangées d'êtres humains qui s'avancent peu à peu, éthérés, identiques aux extra-terrestres qui les entourent, sans réactions notables, comme le feraient de véritables spectres. A ce moment précis, la communication avec Renewal est coupée. Pendant que Gray récupère de sa plongée dans l'esprit d'Aki, cette dernière se précipite dans le cockpit et achève son récit, d'une voix tremblante d'excitation : « Aucun extra-terrestre n'a survécu à la destruction de leur monde. Lors du cataclysme final, le spectre énergétique de la planète s'est décalé d'un cran, changeant la vie en mort, en calvaire éternel. Les êtres que nous combattons ne sont pas des envahisseurs, ce sont des fantômes, des âmes en peines condamnées à souffrir, ignorant qu'ils sont morts, et qu'ils ne sont plus que les réminiscences des êtres qu'ils étaient, jadis Oui, ils sont morts, mais ils ne le savent pas. Ils souffrent et pour faire cesser cette souffrance, ils engloutissent. Ils ne tuent pas, ils convertissent l'énergie vitale des créatures de ce monde pour l'intégrer au noyau de l'astéroïde et, ainsi, faire disparaître toute forme de vie, l'intégrer à leur nouveau monde. Faire de cette Terre le monde de Nemesis. Ils n'agissent pas volontairement, c'est le flux dont ils sont issus qui les dirige ». Par ses rêves, en effet, Aki a accédé à la mémoire du spectre qui, de ce fait, a retrouvé un semblant de sa personnalité et a cherché à lui raconter son histoire. La contamination n'a pu avoir lieu que parce qu'il s'agissait d'un fantôme première génération, un de ceux issu de la race intelligente. Les autres, trop primitifs, se contentent de convertir l'énergie (qui intègre dès lors le noyau de Nemesis, augmente son flux, mûrit quelques années et resurgit pareille à ce qu'elle était auparavant, mais sous une forme éthérée). En accédant à la mémoire de l'alien, elle a aussi retrouvé sa propre mémoire, qui lui revient petit à petit (d'où le début du rêve). Barrett conclut, en regardant les cohortes d'« êtres humains », civils et militaires : « L'Enfer déborde ; et les morts viennent chercher les vivants ».


« Pour qu'ils comparaissent au jugement dernier ».

- De son coté, malgré les réticences de ses soldats, Heinz s'apprête à ouvrir les portes d'Eden et regarde par la fenêtre les émeutes anti-Renewal qui se forment, se dirigeant vers le contrôle central sous l'œil calme du jeune homme. Finalement, il entre la séquence qui fait sauter les verrous de la ville (bref flash sur sa femme et son enfant). Aussitôt, les fantômes commencent à investir les rues, surveillées sur les moniteurs par les soldats du Colonel. Une minute passe, avec peu de pertes et une progression réduite des envahisseurs - ce dont Heinz profite pour faire un nouveau communiqué afin de rejeter la faute sur « les traîtres du Renewal » qui auraient « piraté les portes de la ville », ce qui entraîne un vent d'autant plus violent de panique et de haine. Mais il est forcé d'abréger car quelque chose ne va pas. Les soldats en charge du monitoring se mettent eux aussi à perdre leur sang froid : « Ce n'est pas normal. Les fantômes ne se sont pas borné à envahir le premier cercle ! ! Ils utilisent d'infimes failles-système pour investir la cité entière ! ! » Heinz tombe des nues : « Impossible ! Comment pourraient-ils... » « Ils ont déjà atteint le troisième cercle et ils progressent encore ! Bientôt, ils... ». Le soldat s'arrête net, blême. « Ils sont déjà ici ! ! Le moniteur relève une trace DANS CETTE PIECE ! ! ! ». Incrédule, le colonel se précipite vers le moniteur pour en avoir le cœur net : « C'est un problème interne, une anomalie. Ça ne se peut pas. D'après les capteurs, il serait ici, avec nous ! ». Machinalement, il se tourne dans la direction où le fantôme est censé se tenir, mais il n'y a que le jeune homme de sa garde personnelle... lequel, loin de s'affoler, le considère avec un sourire en coin. Heinz : « Nos appareils débloquent ! Ils s'emballent pour un rien ! ». Mais le sourire du jeune homme s'intensifie, alors qu'il déclare d'un ton neutre, légèrement amusé : « Je ne crois pas, non. » Sur quoi, en un éclair, des ailes éthérées jaillissent de son dos et des tentacules spectrales, de ses bras tendus, qui terrassent en une seule seconde tous les soldats présents, à l'exception de Heinz, tétanisé. Suite à quoi le jeune homme éclate de rire et se volatilise, le laissant hagard, traumatisé.

- La navette finit par rejoindre Eden. A l'intérieur, l'équipage s'inquiète de n'avoir aucune nouvelle de Cid, mais en approchant du rempart, ils ont tôt fait de comprendre que quelque chose cloche. Ed détecte des fantômes partout dans la cité, qu'ils survolent à grand peine, évitant les monstres ailés, essayant de se rapprocher le plus possible du centre de Renewal pour porter assistance à leur leader. « A condition qu'il ne soit pas trop tard ». En passant, ils survolent des combats humains/fantômes ; mais aussi humains/humains - chacun cherchant à fuir avant les autres. Les partisans d'Aeterna hurlent des sermons sur le jugement dernier, annonçant la nouvelle ère, l'aube des Justes. Profitant de la confusion, l'équipe se pose en catastrophe près du bâtiment où ils ont leurs quartiers. Barrett et Ed restent dans le vaisseau, prêts à décoller, tandis que Gray et Aki s'y aventurent, non sans se heurter ça et là à quelques fantômes isolés. Bientôt, ils atteignent les bureaux du professeur, qui ont été détruits par une foule en colère, mais les deux amis ne peuvent s'attarder. Cid n'est nulle part en vue (peut-être s'est-il échappé, peut-être a-t-il été tué) et d'après Ed, les aliens convergent vers eux à vitesse grand V. Ils fouillent rapidement les lieux en quête d'indices et découvrent finalement le carnet du scientifique, à moitié déchiré, avec une adresse manuscrite sur le dos de la couverture : un entrepôt de la zone commerciale, au sein du deuxième cercle (pendant ce temps, en ville, les scènes de massacres et de destructions se multiplient ; Heinz de son coté, reste prostré, mais aucun fantôme ne l'attaque). Gray, de son coté, a trouvé une vieille photo du professeur, qu'il montre à Aki : « C'est curieux, je n'avais jamais vu le professeur si jeune. J'en étais même à croire qu'il n'avait jamais été jeune un jour ». La photo (très abîmée) doit dater de l'époque où Cid avait découvert le principe d'énergie vitale et ses possibilités d'utilisation : on le voit, âgé de 30 ans, souriant (à la remise d'un prix), aux cotés de son assistant, un homme d'à peine vingt ans qu'Aki reconnaît aussitôt (Flashback sur le début du film) : « Ce type, je l'ai déjà vu ! » « Et moi, j'en ai jamais entendu parler. Je ne savais même pas que Cid avait été aidé d'un assistant » « C'est impossible ! Je l'ai vu, il était dans l'escorte de Heinz, au Conseil ! Et il avait le même âge que sur cette photo ! ». Poussé à la retraite par une nouvelle vague d'envahisseurs, ils retournent au vaisseau et décollent sans attendre. Ed est sur les nerfs : il a repéré le deuxième cristal mais celui-ci a des déplacements incohérents, incompréhensibles. En effet, il apparaît brièvement en divers endroits de la ville (une seconde chaque fois), parfois très éloignés les uns des autres, et parfois même, à plusieurs endroits à la fois. ...ce qui, au passage, rend sa capture impossible. Aki lui demande quels renseignements il peut obtenir sur le l'individu qui escortait Heinz. Au bout d'un moment, l'adolescent accède à son dossier, qui les amène de surprises en surprises. Il se fait appeler Blue et il n'y a aucun autre data disponible, à son sujet, si ce n'est son arrivée à Eden, le 12 octobre 2068, le lendemain de la chute de la cité d'Arcadie. En consultant le fichier, Ed découvre que c'est justement là qu'il se trouvait auparavant - du moins, à partir de la chute de la ville précédente. Ensuite, la trace se perd, laissant bon nombre de questions en suspens. Officieusement, il semble qu'il soit à la tête d'Aeterna, et qu'il a utilisé le mouvement pour manipuler les consciences, de manière à amplifier l'apathie de la population. Perplexe, l'équipe mets le cap vers le deuxième cercle, même s'ils savent qu'ils n'ont pas grande chance d'y trouver Cid vivant. En passant, Barrett, revit ses angoisses, sa culpabilité des Jours de Feu, à trop voir de gens mourir sous ses yeux sans pouvoir s'arrêter pour leur venir en aide.

- Dans la salle de contrôle, Heinz n'a toujours pas bougé, et il ne semble pas réagir à la sonnerie du communicateur, lequel lui transfère un appel reçu à son bureau. Finalement, il émerge, se lève, enclenche le récepteur et se retrouve virtuellement face au Conseil qui, de l'espace, a pris conscience de la situation critique dans laquelle était plongée la cité. Alors qu'ils demandent des explications, Heinz leur ment, rejette la faute sur Renewal et se voit confier le code de contrôle de Seraphim, avec pour instruction de bombarder le cratère Nemesis, la source de tous les maux. Le Colonel s'affaire donc à initialiser la séquence de tir. Ses yeux trahissent la folie qui le ronge (scènes entrecoupées de séquences-souvenirs avec sa femme et son enfant).

- La navette arrive à l'adresse souhaitée. Une fois encore, Ed et Barrett restent en arrière (pour couvrir leurs arrières en cas de fuite éventuelle. Ed, à cause de son âge, et Barrett, pour le défendre pendant qu'il s'escrime à localiser le deuxième cristal). Aki et Gray entrent dans le gigantesque techno-hangar et réalisent vite qu'il abrite un laboratoire de recherche désaffecté - là où Cid devait mener ses premières expérimentations. Ils avancent prudemment dans les longs corridors de métal à l'abandon, mais aucun fantôme ne se montre. Pour l'instant, en effet, ils n'ont pas attaqué à ce secteur de désert.

- Pendant ce temps, Ed et Barrett débattent ensemble de Gaia et de la race extra-terrestre qui a causé ce chaos, pour arriver à cette édifiante conclusion : « Ils sont morts mais ne le savent pas, et se battent pour survivre. En face, l'homme, résigné, accablé par l'inexistence de l'âme, a si peu de raison de subsister qu'il en arrive presque à les accueillir comme une libération. Finalement, qui sont les vrais fantômes ? En intégrant Nemesis, l'homme n'y trouve-t-il pas l'aboutissement de son histoire ? »

- Heinz utilise le satellite mais, au grand dam du Conseil horrifié, dirige le tir directement sur la cité, obnubilé par une seule chose : détruire le monstrueux jeune homme qui l'a berné. Le premier tir détruit tout un quartier résidentiel, balayant civils, soldats, fantômes et immeubles.

- Ed et Barrett ressentent l'onde de choc et se précipitent jusqu'au cockpit. Là, ils voient la luminosité du tir se résorber lentement. « Seraphim. Ce malade d'Heinz l'utilise directement sur la cité ! » Suite à quoi ils préviennent leurs compagnons : « Magnez-vous, ça sent pas bon ! On doit pas traîner par ici ! ».

- Obsessionnel, le Colonel prépare un deuxième tir.

- De leur cotés, les deux amis avancent sur le qui-vive, en se rapprochant l'un de l'autre. Aki : « Je dois te remercier d'être venu me chercher. Sans toi, peut-être n'aurais-je pas survécu. » « Sans toi, je ne survivrais pas non plus, Aki. Tu fais partie de ma vie depuis le début, et à présent qu'Elise et Lina sont parties, tu es la seule personne qui reste, qui justifie mon existence. La seule personne pour qui j'ai envie de me battre... » « Gray... » « C'est moi, qui doit te remercier. Tout ce temps, toi, tu m'as aimé, toujours. Jamais tu n'as baissé les bras. Quand tu m'as déclaré ta flamme et que je t'ai repoussée, tu ne m'en as pas voulu, alors que cela aurait pu briser notre amitié. Quand je suis parti au combat, tu m'as attendu. Quand j'ai épousé Elise, tu ne m'as pas tourné le dos ; tu es restée mon amie, NOTRE amie - et même à la naissance de Lina, tu étais de ceux qui se réjouissaient le plus. Tu m'as toujours appuyé, et même si tu as failli, une fois, je ne peux pas t'en vouloir. Tu as toujours été mon phare Aki, et si je n'ai jamais vraiment cru à cette histoire de Gaia, je te suivrai jusqu'au bout, parce que j'ai confiance en toi ». Ils en viennent presque à s'embrasse mais renoncent au dernier moment (pour ne pas gâcher ce qu'il y entre eux, qui est bien supérieur). « Maintenant, c'est toi, ma vie, Aki ». Sur ces entrefaites, ils parviennent au laboratoire principal, où ils retrouvent le professeur. Les retrouvailles sont chaleureuses, celui-ci n'ayant même pas osé espérer qu'ils viendraient le chercher. L'air de rien, Gray évoque l'endroit, tandis qu'Aki paraît anormalement nerveuse. Un peu gêné Cid explique qu'il s'agit de son ancien laboratoire, où il étudiait l'énergie vitale avant la création de Renewal. Il explique qu'après les communiqués de Heinz, la foule a pris d'assaut le complexe principal et l'a forcé à fuir en catastrophe. Gray lui parle alors de la photo, et le scientifique lui explique qui était le jeune homme.

« Card Mc.Millan, mon assistant. Un gamin incroyablement doué, qui m'a bien secondé. Sa mort a été un choc, dont j'ai eu du mal à me remettre ».


 

 

- Pendant ce temps, Aki s'avance jusqu'à la grande paroi vitrée et elle y pose sa main. Regardant au travers, elle voit une salle fermée, métallique, un peu rouillée. Aussitôt, flash. Elle s'y revoit, attaquée par un spectre... Si ce n'est que la silhouette derrière à la vitre n'est plus floue : c'est celle du docteur Cid, l'air désolé, mais implacable - et les cris d'horreur se terminent sur son iris à lui, avec les reflets de l'alien. Sur ce, elle fait volte face et dégaine son arme, qu'elle pointe sur le vieil homme, à la grande surprise de Gray. Alors, une nouvelle onde de choc se fait ressentir, mais Aki reste inébranlable. Ed leur crie de se presser, mais la jeune femme n'en fait rien. « Alors voilà ! Voilà comment ça s'est passé ! Je me rappelle de tout, maintenant ». Gray : « De quoi tu parles, Aki ? ! » Aki : « Je suis allée à Paris, j'ai trouvé le troisième esprit et je suis revenue sans encombre. Je me souviens du rendez-vous que vous m'avez fixé. Ici-même. Une fois entrée, je suis tombée dans un piège tendu à mon intention. Il m'a fallu courirle long de ces coursives, avec ce spectre sur mes talons, jusqu'à parvenir à cette pièce et là, attendre l'inévitable... et le voir arriver. SOUS VOS YEUX. Sans la moindre once de compassion. Vous m'avez délibérément exposée pour pouvoir m'inoculer les cristaux et accélérer le mouvement, puis vous avez verrouillé ma mémoire et vous m'avez menti. Vous m'avez servi comme argument, au Conseil. Voilà ce que j'étais pour vous. Un cobaye. Un sursis pour Renewal. Rien de plus ». Gray, en se tournant vers leur mentor : « C'est vrai, ce qu'elle dit ? » Cid : « Il y a peu de temps, j'ai appris que j'allais mourir, que je n'en avais plus que pour quelques mois. Alors oui, j'ai voulu accélérer les choses, voir de mes yeux la réalisation de mes rêves. Je ne pouvais pas mourir sans cela. Mais j'avais l'intention de te sauver, jamais je n'aurais échoué. Je ne pouvais pas prévoir que tout se passerait si mal, je te le jure. J'ai effacé ta mémoire pour t'utiliser, c'est vrai ; mais aussi pour éviter que tu gardes des traces du traumatisme. Je suis navré qu'il ait ressurgi malgré tout, très sincèrement ». « Désolé ? Vous êtes désolé ? » « C'est vrai ». « Laissez tomber les excuses, ce n'est plus le moment. Aujourd'hui, nous essayons de survivre, alors que nous n'en avons pas vraiment de raison, alors dites-nous, qu'est-il arrivé à votre assistant ? ! Qu'est-ce qui fait qu'on le retrouve aux cotés de Heinz, aussi jeune qu'autrefois ? ». Instantanément, le professeur pâlit. Puis, sans qu'Aki baisse son arme, il reprend son récit.

Card Mc.Millan : un autre surdoué ambitieux, mais orgueilleux et désabusé, pour qui la recherche scientifique et l'élaboration de théories cosmiques n'étaient qu'un passe-temps comme un autre, meublant une vie ennuyeuse aux perspectives d'avenir limitées. Cid avoue qu'en réalité, sans lui, il n'aurait jamais finalisé quoi que ce soit : les théories sur l'énergie vitale, Gaia et les cristaux n'existeraient tout simplement pas. Mais contrairement à son ainé, la finalité des découvertes, la gloire, la sauvegarde de l'humanité ne l'intéressaient pas. Il réfléchissait pour réfléchir, fuir l'ennui, le quotidien, et prenait la recherche à la légère. Le monde alentour ne lui convenait pas, rien ne l'intéressait sinon lui-même (et réfléchir), et il passait d'une théorie à l'autre avec une facilité stupéfiante, comme si ça n'avait aucune importance. En se basant sur les découvertes du Protocole Blue, il élabora celles de l'énergie vitale (dont Cid découvrit et breveta l'utilisation mécanique), et de Gaia. Mais un jour qu'il était sorti de la cité sans rien dire à personne, il fut vraisemblablement attaqué par des fantômes et retrouvé mort, vidé son toute énergie.

Aki : « Lui aussi, vous l'avez utilisé pour vos expériences, n'est-ce pas ? »

Cid : « Absolument pas. Card voulait mourir, ou plutôt... Il voulait devenir autre. L'humanité ne le satisfaisait pas, il la trouvait limitée et voyait dans sa décadence l'annonce d'une fin prochaine. La recherche scientifique ne suffisait plus à tromper sa lassitude alors il est parti, avec comme intention de se laisser engloutir par l'énergie Nemesis. Bien sûr, ça signifiait la mort, mais il était persuadé que s'il ne lui résistait pas, s'il désirait la transformation de son énergie vitale, alors, il survivrait et accéderait à un nouvel état de conscience. J'ai voulu l'arrêter mais il ne m'a pas écouté, en prétextant qu'il n'avait plus la volonté de vivre. Alors il est parti. Quand on a retrouvé son cadavre, j'ai vu en lui la victime de rêves trop grands, d'une folie que j'avais jusque-là prise pour du génie. Il semble qu'il ait eu raison, après tout. Et aujourd'hui, il pousse ses théories au-delà de tout ce que l'on pouvait s'imaginer, au mépris de la vie humaine ».

Aki (tournant les talons et rangeant son arme) : « Vous avez au moins ça en commun ».

Cid : « Qu'est-ce que tu vas faire de moi ? Me descendre ? »

Ed : « Nouveau tir en préparation ! Cette fois, il faut dégager, et fissa ! »

La jeune femme soupire et s'éloigne, accompagné par Gray. Cid n'essaie même pas de les suivre.

Aki : « Je peux comprendre la raison de vos actes, je peux respecter vos motivations, alors, voilà j'en ai fini avec vous. Je vous laisse faire face à votre Destiné. Une Destiné de scientifique. Que disiez-vous, déjà ? A une certaine époque, on brûlait les gens comme nous ? ! Le Feu, la maladie, peut-être est-ce bien ce que vous récolterez, après tout. Ce que vous méritez ».

Une fois qu'elle et Gray sont partis, Cid rassemble ses affaires et sort par une porte dérobée. Au moment où la navette décolle, un nouveau tir frappe la ville, suffisamment loin pour ne pas les inquiéter.

- Dans le centre de contrôle, Heinz, en sueur, voit que les tirs ne suffisent pas, aussi pousse-t-il les capacités du satellite jusqu'à leurs limites, l'empêchant de refroidir complètement. Dans l'espace, les gens du Conseil sont aussi effondrés qu'impuissants.

- Au coin d'une ruelle, essoufflé, Cid tombe sur un attroupement de militants d'Aeterna, qui le reconnaissent et se jettent sur lui. Les coups pleuvent et le scientifique se retrouve vite brisé, en sang, aux portes de la mort, couvert d'insultes, de crachats. Mais au moment où le groupe s'apprête à en finir avec lui, les rangs s'entrouvrent pour laisser le passage à une personne dont il ne distingue d'abord que les jambes. Et une voix amusée de dire : « Ce bon vieux Cid. Ça faisait si longtemps... Ma foi, ça n'a pas l'air d'aller très fort ». Cid (gémissant, tentant de relever la tête) : « Card ? ! Alors c'est vrai ? ! Tu as réussi ? Tu es devenu l'un des leurs ? ! » Nouvel éclat de rire : « Pauvre vieux Cid. Je suis devenu beaucoup mieux que ces ombres. Je suis devenu Dieu et, comme tu vois, je vais refaire le monde à mon image ». Cid : « En massacrant ces gens ? C'est ça que tu appelles refaire le monde ? » Card : « Allons, c'est toi qui me fais la leçon ? N'as-tu pas utilisé cette pauvre femme pour satisfaire tes ambitions ? De toute façon, cela fait longtemps que l'humanité est morte. Je me contente d'accélérer le processus ». Cid : « Tu es un monstre ». Card : « Sans doute ». D'un signe de la main, il fait signe au groupe de partir, puis reste à contempler le corps disloqué du vieux professeur, sans rien dire, l'air sévère.

- Dans la navette, Ed sursaute. Par le plus grand des hasards, il vient de localiser le cinquième cristal, dans le deuxième cercle, aussi Gray change-t-il de direction. Arrivé sur place, ils survolent un singulier jeune homme, penché sur un corps ensanglanté.

- Card lève la tête et regarde la navette au-dessus de lui, puis se tourne vers Cid. « Je te laisse, vieil homme. Nous avons tous rendez-vous avec notre Destin ». Puis il devient éthéré, porté par des ailes, et il s'envole à la suite du vaisseau.

- Heinz prépare un nouveau tir. Dans l'espace, Seraphim crépite de manière alarmante.

- Cette fois-ci, le tir frappe Cid de plein fouet, l'enveloppant d'une colonne de lumière. A cause de l'onde de choc, Gray a du mal à garder le contrôle de l'appareil, qui manque d'être pris dans l'explosion. Card est furieux : « Heinz, tu commences à m'agacer. Il va falloir qu'« on » s'occupe sérieusement de toi ».

- Lorsque le calme revient, Card est debout en plein centre du vaisseau, et toise Aki d'un regard ironique. « Enfin, nous nous rencontrons, tous les deux. J'attendais ce face-à-face depuis si longtemps. J'en suis ému ».

- Heinz veut lancer un nouvel assaut, mais le satellite disjoncte, son noyau explose. A l'extérieur, le visage de l'ange se fissure, notamment au niveau de ses orbites aveugles, comme s'il pleurait. Les gigantesques panneaux solaires se détachent, se fragmentent, se dispersent comme des plumes. Puis c'est le satellite tout entier qui vole en éclats. L'explosion de lumière part en cercle de sa tête, comme une auréole qui grandit, puis les flammes emportent la station orbitale du Conseil. Ensuite, les débris retombent vers la terre, certains fondant dans l'atmosphère, d'autres la traversant sans dommages (L'épée, principalement).

- Dans le centre de contrôle, Heinz ne veut pas croire que le satellite est mort. Pendant qu'il s'escrime à lancer un tir supplémentaire, des fantômes apparaissent en cercle autour de lui, sans qu'il s'en aperçoive, obnubilé qu'il est par son moniteur de contrôle. Ce n'est qu'au moment où la pièce est submergée par l'éclat orangé qu'il lève la tête, et se retrouve face à sa femme et son enfant. Ceux-ci le toisent d'un air accusateur. Dans le même temps, le cercle de fantômes se resserre peu à peu mais il ne le voit pas. Il se lève, tombe à genoux et se met à pleurer en répétant les prénoms de ses bien-aimés. Ses iris se dilatent au maximum, ses traits se creusent, il sombre dans la démence. Il veut s'avancer vers eux, tend la main et au même moment, tous les extraterrestres présents lancent leurs tentacules dans sa direction. Sa mort est traitée au ralenti, comme précédemment celle de sa femme et de son enfant - avec sa propre voix en arrière-plan (lorsqu'il parlait de l'horreur d'un tel trépas), puis la réplique de Card, légèrement modifiée : « parfois, ce que l'on imagine est pire que la réalité. Parfois, c'est le contraire. On ne peut pas savoir, tant qu'on ne fait qu'imaginer ». La main de Heinz retombe, tandis que les spectres se dissipent. Le corps s'effondre, seul, dans une pièce sombre et vide.

- Retour au huis clos de la navette. Card est encerclé : Ed derrière lui, Barret, Aki, en face, mais il ne semble s'intéresser qu'à cette dernière. « Pourquoi te bats-tu ? », lui demande-t-il avec détachement. Aki : « Et toi ? Pourquoi ces morts ? C'est ça, la transcendance à laquelle tu as accédé ? » Card : « Voyons. Comme je le disais à Cid, je ne fais qu'accélérer les choses. Tôt ou tard, Gaia se serait changée d'elle-même en Nemesis, satellite ou pas satellite. Disons qu'en contrôlant le phénomène, je m'assure une meilleure prise sur l'avenir de cette planète. Il n'y a qu'ainsi qu'elle peut être préservée ». Aki : « Préservée ? Tu appelles ça préservée ? Tu as vu les Terres Mortes ? » Card : « Et toi, tu as vu ce qu'il Leur est arrivé, non ? ! Un désert vaut mieux qu'un néant. Si le phénomène n'est pas contrôlé, la Terre ne le supportera pas. En perdant le lien qui l'unissait à celle-ci, en se prétendant différent, supérieur, l'homme a mis en péril la balance de l'écosystème, corrompu le flux d'énergie, perdu l'âme qui faisait de lui la part dominante de Gaia. Comme d'autres avant vous, vous étiez condamnés à payer le prix de votre orgueil. Je ne fais que vous y aider. C'est un service que je vous rends. Je vous soulage de vos misérables existences sans but, sans objet, et je vous offre un état supérieur, éternel et décérébré, dans lequel vous ne vous poserez plus ces larmoyantes questions : Qui suis-je ? Où vais-je ? Pour quelle raison ? Finalement, j'exauce vos vœux les plus chers ». Barrett : « tu te prends pour Dieu ? » Card (naturel) : « Je suis Dieu. Je suis celui qui juge, qui élève, qui sauve les pêcheurs du pêché. Je suis celui qui va refaire le monde - au prix, certes, de quelques sacrifices, comme tes petits amis sur le champ de bataille, mais après tout qu'est-ce que ça représente ? J'entends encore leurs cris, leurs suppliques : (singeant une voix geignarde) « pitié, pitié, ne nous faites pas de mal, laissez-nous vivre, pitié ». Barrett arrive à se maîtriser un moment mais finit par dégainer et faire feu. La balle paraît toucher sa cible mais en réalité, elle la traverse, ne lui laissant aucune blessure : « Je n'ai plus de corps tangible, je vous le rappelle. Vous pouvez détruire temporairement les spectres parce qu'ils ont oublié qu'ils sont morts, aussi retournent-ils au cœur de Nemesis pour renaître à nouveau, mais moi... Je suis invincible, immortel, et nul ne peut m'atteindre. Ce qui n'est pas le cas de ce pauvre gamin ». Sur ce, il se décale de deux pas : Aki et Barrett découvrent, horrifiés, que c'est Ed qui a reçu le projectile au niveau de l'abdomen. Courbé en deux, l'adolescent gémit, son tee-shirt imbibé de sang. Barrett se met alors à trembler de tous ses membres : « Non. Ce n'est pas possible ! » Card, blasé, soupire profondément : « Quelle tragédie ». Sur ce, il tend la main vers l'ex-soldat et, en un éclair, les tentacules éthérés le transpercent, sous les yeux terrifiés d'Aki. Haussement d'épaule de la part du jeune homme, plus flegmatique que jamais : « ça n'aurait pas été très courtois de ma part, de te laisser porter un tel fardeau sur tes épaules. J'ai préféré apaiser ta conscience et t'envoyer rejoindre tes chers compagnons d'armes ». Puis il fait face à la scientifique, dont les yeux brillent de colère. Aki : « Pourquoi tu... » Card : « Ce serait trop facile, si tu ne me haïssais pas. A présent, tu es prête pour une confrontation ». Il commence à se volatiliser encore, mais ajoute cependant : « Tu sais où te rendre, si tu veux le dernier cristal. Je t'attendrais ». Sur quoi il disparaît.

- Aki se précipite vers Ed, qui est encore conscient mais qui souffre le martyr. Voix de Gray, en provenance du cockpit : « pourquoi est-ce qu'il a parlé du dernier cristal ? Il nous en manque encore deux ». Ed (d'une voix faible) : « Non, il a raison. Regarde l'écran. Je suis le deuxième cristal ». Aki lui demande de se calmer, de ne pas parler, mais son regard se pose sur l'écran qui confirme les paroles du jeune surdoué. Aki : « Impossible... Tout ce temps... » Ed : « Non, pas tout ce temps. C'est parce que je suis mourant : mon schéma énergétique change, parce que... » Aki : « Parce que tu ne veux pas mourir » Ed (acquiesce maladroitement) : « Comme il l'a dit, l'énergie vitale, au fil des millénaires, a suivi la décadence de la vie sur terre, jusqu'à ce que le flux s'altère et deviennent un signal neutre, sans réelle énergie ». Aki : « Alors, les fantômes ne se nourrissent pas de l'énergie vitale des êtres, mais de leur volonté de vivre. Les gens ont beau ne plus avoir de but, à l'approche de la mort, la peur ancestrale se réveille et reprend le dessus. Voilà pourquoi Card n'a pas été absorbé. Même au seuil de la mort, il n'avait pas la volonté de vivre ». Flash rapide sur Lina, allongée sur son lit de mort, qui répète la phrase du début : « Je suis résignée à mourir » (ce qui explique pourquoi ce cristal-là n'était pas viable. A la dernière seconde, elle a perdu sa volonté de vivre) Ed : « Exactement. Maintenant, prélève le cristal avant que moi aussi, je perde la mienne ». Opinant, la jeune femme branche les appareils nécessaires et procède comme un automate, évitant autant que possible de penser à ce qui arrive, transférant l'énergie dans sa plaque thoracique. « Adieu Ed ». Mais d'une main faible, l'adolescent chasse les larmes du visage d'Aki, la gratifiant d'un sourire rassurant : « Non, pas Adieu. Jamais. Car à partir de maintenant, je survivrais... »

« A travers toi... »

- Ses yeux se ferment, et Aki étouffe un sanglot. Dans le poste de commande, Gray ferme les yeux et crispe les poings.

- La navette laisse derrière elle une ville dévastée, où les fantômes finissent d'intégrer les rares survivants. L'épée de Seraphim se plante brutalement dans le bouclier. Eden n'est plus que ruines. Voix de Gray : « Où va-t-on, maintenant ? » Voix d'Aki : «Où il nous a dit d'aller. Dans le cratère de Nemesis ».


PARTIE 3 : TRANSFIGURATION


- A cause d'une avarie du système de stabilisation, la navette s'écrase à proximité du cratère (sans grands dommages, grâce au talent de Gray). Murés dans un profond mutisme, les deux amis en descendent et, grâce à un feu nourri, dans une tentative de percée désespérée, atteignent une caverne donnant sur un boyau sombre, lequel s'enfonce vers le centre du cratère. Sur leurs gardes, ils entament leur descente et tombent sur des milliers de fantômes, de toutes formes (mastodontes exceptés)... mais ils réalisent bientôt que ceux-ci se tiennent à distance respectable et ne paraissent pas vouloir s'approcher. Ils se contentent de les suivre, à quelques dizaines de mètres de distance.

- Finalement, ils arrivent au bout de leur voyage (sur les parois du cratère, là encore, des milliers de fantômes qui semblent les surveiller) : un escarpement rocheux, donnant sur un gouffre au fond duquel rayonne une intense source d'énergie, d'un bleu pâle, apaisant, au centre de laquelle flotte un morceau de météorite nimbé d'un orange agressif. Gray : « Qu'est-ce que c'est que ça ? ! » Aki (en s'approchant du bord) : « La roche, au, centre, doit être le cœur de Nemesis, le point d'origine du flux éthérique. Et cette source bleue, c'est certainement... » Card : « Gaia ». Tous deux se retournent brutalement : Card les salue avec une nonchalance exagérée. Ni une ni deux, Gray pointe son arme sur lui, mais son adversaire croise les bras sans réagir « ça ne sert à rien, je l'ai déjà dit. Pour me détruire, il faudra trouver autre chose... Au fait, je m'excuse pour l'accueil, là-haut. J'ai du mal à contrôler les créatures primitives. Leur degré de conscience est tellement faible que je n'arrive pas à atteindre celle-ci. Mais vous constaterez que tous les autres, ici présents, sont des modèles de courtoisie » Aki (soupçonneuse) : « Qu'est-ce que tu veux ? » Card : « Je te l'ai déjà dit, je suis la main de Dieu, je punis les coupables afin d'amener une nouvelle ère. Ou plus prosaïquement : de remplacer le flux mourant de notre Gaia par celui,, plus vivace, de Nemesis, et sauver ainsi la planète en créant un Non-monde dont je serais le Dieu ». Aki : « Mais tu n'es pas un Dieu ». Card : « Pas encore. Cela ne saurait tarder ». Gray : « Mais c'est quoi, cette Gaia ? ». Card, dédaigneux : « C'est l'âme de la planète, composée par l'ensemble des énergies vitales des différents règnes qu'on y trouve » Aki, le coupant : « Naturelle chez les minéraux, la volonté de vivre chez les êtres vivants » Card, en reprenant comme s'il n'avait jamais été interrompu : « Là d'où vient l'énergie qui vous anime, qui court dans votre esprit. Là où elle retourne le jour de votre mort, avant de reparaître sous une forme différente. Un cycle, la vie, la transfiguration. A cause de l'être humain, ce flot s'est presque tari : il n'en subsiste qu'une infime étincelle, qui va bientôt s'éteindre. Quand Nemesis est tombé sur la Terre, il a interrompu l'écoulement du peu de flux qui restait, s'appropriant l'énergie de ceux que les fantômes dévoraient, s'en nourrissant comme un vampire. Accomplissant, à l'échelle planétaire, ce que les fantômes accomplissent à l'échelle de l'humanité ». Aki : « Et en te sacrifiant, toi aussi, tu as intégré ce flux ? ! » Card : « Mieux que ça. En conservant ma conscience, je suis DEVENU le flux, j'en accomplis les desseins inconscients en matérialisant mes ambitions, et le contrôle dans sa quasi-totalité. En d'autres termes, je suis devenu Nemesis ». Gray : « C'est de la folie pure ». D'un regard, le jeune homme lance sur lui un spectre primordial, le prenant par surprise, mais l'arrête au dernier moment et le fait reculer. Sur ce, il revêt sa forme éthérée et déploie ses ailes translucides. Un frisson parcourt les aliens. Card : « Tout se déroulait comme prévu jusqu'à ce que Cid élabore la théorie des cristaux, qui pouvait sonner le glas de mon univers parfait. Voilà pourquoi tu es ici, Aki. Tu représentes ma parfaite antithèse, la négation de ce que je suis, ce que nous sommes tous, l'anéantissement de tous mes rêves. De ce fait, l'un de nous doit disparaître ». Sans crier gare, il matérialise des tentacules au bout de ses doigts et la transperce (au même moment : flash infinitésimal où sont enchaînées à très grande vitesse des images des rêves précédents). Card éclate alors de rire et s'élève, tandis que Gray fait feu sur lui tout en hurlant à pleins poumons. Toujours aussi jovial, le jeune homme s'amuse même à esquiver les salves d'énergie, avant de disparaître encore.

- Engourdie, Aki s'éveille, ceinte d'une aura bleutée. Sans comprendre, elle regarde aux alentours et voit le corps de Gray, sans vie, face contre terre. Card se retourne vers elle, surpris. Il a repris son aspect matériel. Card : « Impressionnant. Décidément ,le pouvoir des cristaux est stupéfiant. Mais hélas, pas assez pour sauver ton ami ». Réprimant ses larmes, elle dégaine et tire, mais son arme ne reste sans effet. Card : « alors ? Qu'est-ce qui t'arrive ? Tu ne peux pas te battre ? Tu ne vengeras pas tes amis ? Tu vas les décevoir, juste sous leurs yeux ? ». Comme il prononce ces mots, elle parmi les fantômes, elle distingue les spectres d'Ed, Barrett et Gray et d'Ed, qui la considèrent avec morgue. Card : « Allez, viens les rejoindre ». Au lieu de s'y résoudre, elle sert le poing et se précipite sur le son adversaire, qu'elle essaye de frapper, en vain. Ses coups sont désordonnés, maladroits, et Card les évite facilement, sans arrêter de rire. Mais elle ne renonce pas, lance des coups sans relâche ; enfin, un éclair bleu traverse ses yeux et un coup porte. Le fond de la caverne se teinte de bleu et Card se relève, en se tenant la mâchoire. La jeune femme n'attend pas, elle se précipite vers lui comme une furie : les coups pleuvent et son ennemi riposte, mais en vain. Aki ne semble pas sentir les coups qu'elle reçoit, et frappe de mieux en mieux, avec de plus en plus de violence, d'acuité (traiter ce combat en chorégraphie). Le rire de Card cède place à de misérables gémissements, tandis qu'en fond, le bleu se teinte d'orange. Card : « Aki, tu me déteste donc tant que cela ? ». Celle-ci ne paraît pas en état de répondre, aussi lui murmure-t-il : « Vas-y, laisse parler ta haine, prouve que tu es la plus forte ». Parvenant à l'immobiliser, elle se prépare à lui tordre le cou quand un éclat traverse ses prunelles, qui reprennent leur couleur normale. Elle se tourne vers le fantôme d'Ed et se souvient de ses dernières paroles : « Je vivrais toujours en toi ». Alors, elle réalise qu'Ed n'a pas intégré le flux de Nemesis, puisqu'il n'est pas mort des suites d'une attaque spectrale, en conséquence de quoi ne peut-il pas être parmi les fantômes ici. Cette incohérence lui permet de reprendre le contrôle. Aussitôt, la caverne redevient bleue, et Card sourit. Les fantômes s'effacent avec les murs, et ils se retrouvent tous deux, flottant dans le noir. Aki : « Tu es le dernier cristal, n'est-ce pas ? ». Le jeune homme opine. Aki : « Comment ? Je croyais que le cristal trouvait sa source dans la volonté de vivre. Ce que toi, tu n'as jamais eu ». Card : « Quand je suis mort, quand les fantômes m'ont transpercé, à cet instant précis, j'ai trouvé ma raison de vivre, j'ai compris toutes les possibilités qu'offrait Gaia, et qui m'étaient désormais refusées. Ainsi, ma nature devenait double. J'étais mort et pourtant, j'avais cette volonté de vivre qui caractérisait les vivants. Découvrant l'histoire de cette race, j'ai compris que ce que je désirais, c'était préserver la Terre, empêcher qu'il lui arrive le même sort ». Aki : « En la transformant en désert ? » Card : « C'était préférable à l'annihilation, mais ce n'était qu'un leurre. Simplement, je ne voulais plus être seul. En gardant ma conscience, j'ai du endosser toutes les souffrances des fantômes de Nemesis, toute la douleur, l'appétit de vengeance, un supplice de tous les instants que j'étais condamné à endurer à tout jamais. Inconsciemment, tout ce que j'ai cherché, c'est à partager cette souffrance, m'en libérer en engloutissant le plus d'êtres vivants possible, en espérant qu'il y en aurait un parmi eux qui serait mon égal, qui pourrait m'épauler. Mais paradoxalement, plus le flux s'appropriait d'énergie vitale, et plus les souffrances que je devais endurer étaient nombreuses. Voilà, inconsciemment, tout ce que je voulais : ne plus être seul, ne plus être perdu. Et ne plus souffrir. Or cette libération, c'est toi qui vas me l'apporter. Mais avant de te donner mon cristal, je voulais m'assurer que tu saurais ressusciter Gaia ». Sur ce, il s'approche, pose la main en haut de sa plaque thoracique, se transforme en ange translucide et disparaît. Seule sa voix subsiste un instant : « La clé n'est pas le cristal. La clé c'est toi, Aki ». Lumière intense.

- Aki se redresse, au centre du cratère, où elle s'est affalée une seconde plus tôt. Gray n'en croit pas ses yeux : « J''étais persuadé qu'il t'avait eu. Je l'ai perdu, je ne sais pas où il est pa... » mais il ne peut pas terminer, car les fantômes convergent en masse vers eux. Gray tire au hasard, mais toute résistance est vaine. La jeune femme, elle, se demande pourquoi rien ne se passe, puis à une illumination : « La clé... La volonté de vivre ! ». Sur ce, elle ferme les yeux, saisit les mains de Gray. Le cloaque se ferme sur eux.

 

 

- Des deux corps, l'énergie bleuté jaillit, repousse temporairement les spectres. Aki regarde Gray avec une profonde tristesse : « Je suis désolée, Gray ». Mais il lui rend un sourire rassurant : « Ne doute pas, Aki. Pas quand moi, je crois en ta vision des choses. Nous ne seront plus séparés ». Leurs énergies se fondent alors au flux d'énergie bleue en une gigantesque explosion, qui anéantit Nemesis. La première onde de choc, invisible, balaye tous les fantômes, les dissipe comme s'ils n'avaient jamais existé. La seconde couvre la surface de la Terre d'une végétation, jeune, luxuriante, qui recouvre jusqu'aux ruines. Le tumulte cesse. En parallèle, voix-off de Card : « L'énergie du cristal, l'étincelle primordiale qui, jadis, a créé toute vie sur cette Terre. En la reproduisant, c'est une seconde chance qui nous est offert, comme un nouveau départ pour la planète et ce qui la compose. Le début d'une nouvelle ère. La recréation de toutes choses. L'avènement du monde céleste ».

- Le soleil perce les nuages, baigne les vestiges d'Eden envahis de végétation. Dans la lumière, deux enfants lèvent des regards ébahis, tournant le dos aux restes d'une immense épée plantée dans le sol. Partout ; il règne un climat de sérénité. S'ensuivent plusieurs plans de survivants égarés, reconnaissants, qui ne comprennent pas ce qui s'est passé.

- Plan du centre du cratère, où reposent les corps d'Aki et de Gray, main dans la main, sourire aux lèvres. La caméra s'élève doucement, le point de vue s'arrache au cratère, se glisse dans le sillage d'un oiseau de passage et dévoile une planète ressuscitée (en parallèle, début du générique de fin). Voix-off de Card, qui clôt le texte du prologue : « Le deuxième jour, lorsque Dieu acheva les planètes, et les disposa dans le ciel, il ne se reposa pas, non. Il aimait tant les plus jolies d'entre elles qu'il leur créa une âme, et dans cette âme naquit Gaia, la vie qui, a son tour, engendra tant et tant de choses qu'Il cessa de créer et qu'avec l'accomplissement de sa tâche sacrée, il disparut, laissant à la vie les clés de son avenir, autant que de son anéantissement. Et la vie prospéra. Et la vie prospérera toujours, tant que Gaia subsistera, tant que les êtres gardent au fond d'eux l'humilité qui accompagne la volonté de vivre. Quant aux jours à venir... c'est Eux, qui reprendront le flambeau, avec ces éternelles questions... »

 

« Que sommes-nous ? Où sommes-nous ? Quel est notre Destin ? »

 

 

 

 

 

Mon Final Fantasy X à moi.