Ne négligez rien de l'élément musical, crucial en termes d'ambiance comme de merchandising (avec 4 CDs minimum par épisode, les possibles bénéfices ne sont pas négligeables, surtout si vous les éditez en version collector avec un DVD de trois minutes présentant la pub TV en version HD). Ne vous torturez pas l'esprit à essayer de livrer une composition originale, qui aurait de la personnalité, ce genre d'initiatives ne peut que se retourner contre vous. Ainsi, les gens pourraient commencer à attendre autant de vos graphismes ou de parvenez à faire moins épique, mémorable et touchant qu'un simple soundtrack 16 bits avec tout un orchestre philarmonique à votre disposition, c'est dans la poche !
Depuis quand le bip-bip-bip-bip...
...sonne-t-il plus juste que le crin-crin ?
Chaque trouve certes le MIDI à sa porte, mais admettez-le :
Le générique de Drôles de Dames n'aurait pas déparé dans le soundtrack de FF XIII-2 :
Les chœurs façon Carmina Burana ou Requiem de Mozart pour les Nuls, c'est chouette, ça a de la patate, ça envoie comme du Hans Zimmer période Broken Arrow, alors n'hésitez pas à en coller partout, tout le temps, à la moindre occasion un peu solennelle ou tragique, en alternance avec des thèmes mélancoliques fredonnés du bout des lèvres par une voix féminine et désincarnée. Faut que ça beugle, faut que ça miaule, faut que ça tonne, faut que ça minaude. Avec ça, vous devriez être à même de tenir les trois quarts du jeu sans vous fouler la patte.
Soyez sans craintes : la valeur de votre travail ne sera pas jugée sur ses qualités intrinsèques, mais sur le nombre de musiciens que vous arriverez à avoir dans votre ensemble philarmonique. Si vous pouvez enregistrer en Pologne (ou mieux : en Italie), l'effet « succès » est garanti. Dans ces circonstances pareilles, même la Danse des canards ou le Petit Bonhomme en Mousse feraient de sublimes thèmes de boss (surtout mal traduites en latin d'arrière-cuisine).
Car les goûts musicaux, ça varie d'une personne à l'autre, ce qui rend d'autant plus ardu la composition d'une B.O. qui ferait l'unanimité, aussi un son anecdotique sera-t-il toujours plus universel qu'un son de caractère.
Astuce de professionnel (13) : Songez à inclure quelques titres rocks, électro, voire même électro-rock (Oui ! Soyons fous !) : c'est encore le meilleur moyen pour un simple wanabee de passer pour un artiste doué ET iconoclaste. Eblouissez les oreilles jusqu'à ce qu'elles ne voient plus, ni n'entendent plus rien. Et profitez-en en passage pour massacrer le thème des Chocobos : ce n'est qu'un morceau de musique, il ne pourra pas se défendre.
Astuce de professionnel (versus 13) : le résultat final sera encore plus lucratif si vous parvenez à placer au chant LA star-bonbon-rose du moment, pour faire plaisir à vos nombreux sponsors et mettre les notoriétés en commun. Le public de l'un se reportera vers l'autre, et vice-versa, de façon à mutualiser les notoriétés et doubler les chiffres d'affaire... Si cette artiste peut, elle aussi, être plus inoffensive et riche en sucre qu'une tarte à la guimauve en jupe-ceinture et en décolleté bisounours, c'est le buzz' garanti. Répétons-le : rien n'est trop niais pour le public quand on lui laisse l'espoir d'entrevoir quelque sous-vêtement Hello Kitty au détour d'un vidéoclip. Nul besoin, là encore, de marquer les esprits : au contraire, il faut produire un titre assez formaté pour faire chavirer le cœur sensible du nolife, mais assez superficiel pour qu'il n'ait aucun mal à passer à autre chose, un an plus tard, au lancement du nouvel opus de votre licence... et du single qui l'accompagnera. Si vous leur vendiez des morceaux valables, avec le recul, les suivants pourraient pâtir de la comparaison - et personne ne veut ça, pas vrai ? La concurrence, c'est les autres. Se concurrencer soi-même, c'est bon pour les gens qui veulent se dépasser, pas dépasser leurs chiffres de vente.
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