La légendaire pondération de Nintendo - ou conservatisme exacerbé selon les esprits chagrins, volera-t-elle en éclat face au défi immense du cloud gaming ? A en croire la dernière sortie de son jeune PDG, la devise ‘’hâte-toi lentement’’ élevée en véritable dogme d’entreprise, ne semble pas changer de sitôt…

Square-Enix orchestre son plan de bataille à échéance de cinq ans. C’est un plan décennal qui programmera celui de Shuntaro Furukawa. Cette divergence de vue sur le calendrier de l’avènement du jeu en nuage s’explique en partie par une culture d’entreprise reposant sur l’aversion au risque. Elle caractérise l’approche mesurée du constructeur.

Dans les colonnes du quotidien économique Nikkei, l’homme fort de Nintendo tient d’emblée à dissiper ce malentendu qui colle à la peau de la firme de Kyoto : « nous ne tournons pas le dos aux nouvelles technologies (…) nos équipes de développement hardware sont en veille technologique permanente, et consultent nos développeurs de logiciels ». Ce n’est qu’à la faveur de tests concluant que le processus d’évangélisation est lancé. « Nous ne changerons pas cette approche fondamentale », martèle le haut dirigeant.

Selon S. Furukawa, avant que le cloud gaming ne devient une réalité de marché, le positionnement de la société ne bougera pas d’un iota. Alors qu’elle se sait attendue spécifiquement sur ce point, car elle tire de la convergence technologique sa force de frappe éditoriale (et inversement), son PDG se veut rassurant. « L’intérêt que portera le grand public au jeu en nuage se concrétisera dans dix ans (…) il serait toutefois dangereux de se concentrer sur des titres jouables exclusivement sur une console dédiée. »

Ce n’est donc pas un intérêt purement spéculatif (Stadia anyone ?) qui motive Nintendo, mais un arbitre « notre public », seul facteur décisionnel dans la montée en puissance du jeu en nuage.