Un article en réponse au petit papier de Nicolas Coursier du Lundi 3 Février 2014, diffusé en home de Gameblog.

Mon très cher Nicolas,

J'ai eu le plaisir de lire ton article "Et si le jeu vidéo s'affranchissait de la télévision". Un point de vue intéressant, bien écrit mais qui passe à mon avis totalement à côté du sujet...en ce qui me concerne du moins. Car oui tu as raison, de nouvelles immersions approchent, à grand pas même. L'aventure en réalité virtuelle, le nouveau ressenti, le nouveau contrôle. Tout un pan du jeu vidéo qui se tourne vers le réalisme visuel, sensationnel et bave devant la promesse de cette nouvelle branche réouverte par l'Oculus Rift:

quand on tourne la tête, on continue de voir le jeu en cours

Yeah! Dit comme ça, bien sûr que ça fait moqueur...mais c'est le but. Je tiens sciemment à minimiser ce qu'apporte la technologie alors qu'elle m'apporterait certainement un petit peu.

Tiens, parlons de moi justement. Mes jeux préférés? Laisse moi quelques instants de réflexion.... ah oui je sais. Les jeux de caisse, genre Grand Turismo ou Forza...je baigne aussi un peu dans l'arcade avec des Sega Rally, des Wipeout ou des Scud Race. Les RPG tactiques comme Fire Emblem, Xcom ou Final Fantasy tactics. Les jeux de réflexion aussi comme Chu Chu Rocket. Et les jeux d'aventure comme le dernier Tomb Raider ou les Naughty Dog de la PS3.

Revenons un peu aux jeux de course. Comme un bon fan je me suis payé un bon volant. Un sacré gain de plaisir, un contrôle vraiment amélioré et surtout de belles sensations sous les doigts. L'Oculus Rift dans ce cas, c'est surtout la possibilité de voir à ma droite, à ma gauche, qui essaie de me dépasser. Mais où sont les sensations supplémentaires? Ou est le vent? Et surtout, ou sont les fameux G. Ceux qui te donnent la nausée, ceux qui te mettent la pression, ceux qui font peur. Nulle part. Ils n'existent pas. Car je ne bouge pas de mon fauteuil de compétition, lequel reste tristement fixé au plancher et ce, quelle que soit l'accélération ou les virages en cours. Et ce n'est pas un futur exosquelette qui y changera grand chose. Même ces machines de fou qui te permettent de prendre jusqu'à 1 G dans le corps ne donnent pas le change.

Alors se développe une autre forme de ressenti, celui d'accepter d'être dans un jeu et de laisser mon imagination faire le reste. Plus on m'approche de l'immersion et du réalisme...et plus on m'éloigne de la réalité. Plus on veut me montrer la perfection et plus j'en vois les défauts, comme de grosses évidences.

C'est exactement comme le photoréalisme. Pour rester dans le jeu de course, je me souviens avoir lu ce nom commun pour la première dans un test de F355 challenge sur Dreamcast. Quelle claque ce jeu. Puis il reviens très vite avec Gran Turismo 3 et le passage sous boisé de Trial Mountain. Quelle claque ce jeu. Et puis viens la HD, la promesse que l'oeil n'y verra bientôt que du feu, avec Gran Turismo 5. Tellement plus beau que GT3 mais tellement moins réaliste à mes yeux. Et la suite? Forza et sa capture de tête via Kinect qui fait bouger la caméra? Project Cars et son super photo réalisme? Gran Turismo 7? Un nouveau volant avec vibration cadencée sur le moteur? Tout ça n'est que supercherie...mon oeil le sait, mon corps le sait, ma tête s'en accomode. Je m'y croyais de toute façon depuis Pole Position sur Atari 2600. Ce qui change vraiment, c'est le gameplay.

Et si on changeait un peu de type de jeu? Parlons de mon petit Final Fantasy Tactics. C'est mon jeu préféré. Je ne l'explique pas, mais ce monde me parle. Disons que je m'y crois. J'aime bien Xcom, j'aime bien Fire Emblem...mais je préfère FFT. La façon dont les personnages sont amenés, leur souffrance, leurs expressions. Rien n'est vraiment joué, tout est écrit en grosses lettres baveuses, mais j'adore. Je me prends pour un chevalier chassant le dragon aux côtés de son équipe. Oculus Rift dans ce cas? j'ai du mal à imaginer. Mais ce que je constate avant tout, c'est que je n'ai pas vraiment accroché aux jeu plus "réalistes". Les RPG en général ne me plaisent pas pour leurs graphismes, ou pour une caméra qui tourne...mais pour une histoire que j'accroche au sein du jeu. Alors peut être que sentir la chaleur sous mes doigts alors que j'invoque Ifrit me fera quelque chose...mais ça ne remplacera pas le fond.

C'est un peu comme dire que je préfère lire Le Seigneur des Anneaux de Tolkien que de regarder la trilogie de Jackson. Non pas que je n'apprécie pas le film, mais je ne suis pas si sensible que ça aux explosions visuelles, aux monstres parfaitement modélisés. Et la réalisation en 3D ne change rien. Tu pourrais me promettre d'y voir à 360 degrés, de sentir les fleurs de la Comté, de toucher de mes mains le précieux ...Non, ce qui compte vraiment à mes yeux, c'est la narration.

Je pourrais refaire tout un chapitre sur les jeux de réflexion et terminer avec "ce qui compte vraiment c'est la mécanique" ou "ce qui compte vraiment c'est la convivialité". En tant que joueur, je m'aperçois que le sensationnel et donc la promesse de l'Oculus Rift comme la vision d'Hidéo, n'ont qu'une place toute relative dans le plaisir que je ressens. Et croire que je vais quitter mon canapé pour me mettre virtuellement ou réellement la tête à l'envers, c'est oublier que le sensationnel n'est qu'un outil du ressenti. Un simple outil comme le stick analogique, les vibrations, le son Dolby surround, la reconnaissance de mouvements, la 4K ... Tout ça c'est du flan parce que dans jeu vidéo il y a "jeu"...et que vidéo n'a finalement que peu d'importance tant son nom ne lui a été donné que par une époque révolue aujourd'hui. Désormais, des films ressemblent à des jeux, des jeux à des films, d'autres émissions de télé s'inspirent du jeu vidéo comme le jeu vidéo s'en inspire. Et ce qui compte, ce qui fait vraiment l'immersion, c'est l'alchimie des sens et le plaisir qu'on a à avancer...pas la machine qui va avec.

Crois moi, l'Oculus Rift marquera son temps, fera son esbrouffe. On va le kiffer ce nouveau moyen de ressentir...puis il perdra son statut de nouveauté comme les autres outils en leur temps. L'écran de télévision,  un autre outil évidemment, se mue en écran de smartphone ou de console portable, se 3D, se 4K, se met sur la tête, s'affuble de divers accesoires tactiles, visuels, thermolactiles ou mécaniques...il reste tout petit devant l'immensité des autres vecteurs constituant le jeu vidéo ... voire le jeu en général.

Bisous.

Olive Roi du Bocal.

Note aux lecteurs: Non je ne suis pas méchant. Oui j'aime beaucoup le travail de Nicolas Coursier. Non je ne suis pas complètement à côté de la plaque. Oui vous pouvez être un peu méchant à votre tour dans les commentaires. Non je ne m'excuserai pas. Oui j'aime Chu Chu Rocket. Non, je le jure, la bannière n'est pas fotochopée. Oui quand tu veux je te prends à n'importe quel jeu de course. Bonsoir.