Mass Effect premier du nom avait été un voyage incroyable. Imparfait, il avait pourtant réussi à se hisser au rang de meilleur space opéra, et en ce qui me concerne de meilleur RPG action de la génération HD. Il était donc légitime pour moi que Bioware fasse mieux, sinon qu'il fasse le même avec une nouvelle histoire. Qu'il revienne en force avec une nouvelle dose d'exploration et d'évasion spatiale plus intense et plus maîtrisée; après tout malgré les défauts que je veux bien consentir, Mass Effect avait toutes les bases pour être un grand jeu et l'était au même sens qu'un Assassin's Creed. Ce genre de jeu qui vous fait oublier ses défauts par ses qualités indéniables. Seulement voilà je ne m'attendais à ce que la mode vidéoludique est raison de ce second épisode.

En effet, il est une tendance (stupide) qui veux que l'année 2010 annonce des suites très attendues, mais qui prennent toutes un tournant ACTION. On a commencé avec la nouvelle itération de Splinter Cell qui s'est "Bournisée", misant sur une infiltration plus brutale (même si apparemment les possibilités de progresser à l'ancienne restent), j'en veux pour preuve le simple fait que Sam est en permanence son pistolet dans la main. De la même manière Bioshock 2, s'il n'est pas encore temps de se prononcer sur le résultat final, a clairement pris conscience de son côté FPS et paraît nettement plus brutal que son premier opus, misant peut-être plus sur les gunfight que sur l'ambiance. Sur celui ci, certains me targueront que Rapture reste envoûtante, mais ils me permettront de trouver l'initiative peu louable, tant le premier était parfait. Quand à Final Fantasy 13, je pense que tout et n'importe quoi à été dit sur le nouveau tournant de la série. En ce qui me concerne un maître du RPG qui force le joueur à courir dans un couloir pendant 20H a déjà fait une erreur. Et cette tendance n'est malheureusement pas nouvelle (je ne parlerais pas de Resident Evil, ou Silent Hill). Je ne pris que pour une chose, que les développeurs arrêtent cette folie de l'action et reviennent à la création de l'ambiance. D'autant qu'à mon sens on peut concilier les deux (j'attends d'ailleurs Red Dead Redemption pour cela)

 

Après cet état de fait que j'ai admis pour Splinter Cell (j'en reparlerais sûrement à la sortie du jeu) je me suis senti profondément trahi par Mass Effect 2. J'ai d'abord eu vent de l'absence des phases en Mako. Apparemment le véhicule aurait posé des problèmes de maniabilité et d'ennui chez une grande partie des joueurs. A l'inverse, pour moi il est un des éléments clé de ce qui rend ce jeu si prenant; sa crédibilité. Parce que c'est pour cela que j'ai complètement plongé dans l'univers de Mass Effect. Tout y est réuni pour que l'on croit à ce que l'on fait. Background très fouillé, personnages intéressants et vivants, et surtout phases d'exploration.

Atterrir sur les planètes est pour moi essentiel. Alors certes ces planètes étaient plutôt vides, mais dans le même temps pour une question de véracité, on se doute bien que chaque système solaire ne possède pas une planète ou une installation en société est viable. Et puis se sentir si seul dans une telle immensité renforçait la sensation d'être vraiment dans l'espace. De plus je persiste à dire que le Mako est maniable et que parfois faut arrêter d'être un manche du pad. De plus l'alternance entre phase à pied et Mako renforçait à mon sens la sensation de ne pas être étriqué dans une petite zone. En gros les système n'était pas parfait, mais plutôt que de l'améliorer, Bioware a fait un choix radical...

Mass Effect 2 ne règle pas les problèmes, il les supprime purement et simplement. Et c'est bien cela que je lui reproche. Les phases en Mako étaient poussives (je le répète, pas pour moi), du coup Bioware les remplace par des scanners. Toute "l'exploration" se fait désormais sur la carte de la galaxie. On scanne une nébuleuse, puis un secteur, puis une planète pour trouver des ressources. Pas franchement contraignants, ces passages nécessaires pour avoir de bonnes amélioration n'ont rien de bien folichon et suppriment également l'immersion. Comment peut-on s'identifier à un réticule sur une planète? Bien sûr il est toujours possible d'atterrir de temps à autre. Si un scanne indique une anomalie. On trouve la source de l'anomalie et on atterri sur la zone. Pour vous donner un ordre d'idée de la taille des zones, cela correspond en général à la taille d'une base quelconque sur une planète dans le premier opus. Parfois un peu plus grandes, souvent plus restreintes. Visuellement, un chargement se déclenche quand on a choisi d'atterrir, le jeu passe dans un mode visuel scanner orangé qui semble être le nouveau credo du jeu. Tout est fait de façon scannée. Les ascenseur représentés par un scanner, les atterrissages et décollages représentés eux aussi sous forme de scanner. C'est gonflant et ça hache le rythme. Les ascenseurs étaient peut-être des chargement dissimulés, mais au moins les dialogues et le fait de voir son personnage en temps réel permettait de ne pas nous couper de l'univers. De plus on descendait et remontait soit même du Normandy, donnant l'impression qu'on allait à l'aventure. Désormais on est juste "téléchargé" du vaisseau au sol...c'est plus direct, mais encore une fois moins immersif.

 

                                  

 

Et là on attaque le deuxième cœur du problème. Pour que le tout soit plus grand publique et plus action, Bioware a donc sacrifié l'exploration, mais pas seulement. Mass Effect 2 n'est plus un RPG. L'arbre de compétence est revu à trois ou quatre talents par personnage qui seront plein en deux coups de cuillère à pot. Finis la vraie spécialisation, finis l'inventaire. De ce côté j'admet volontiers que l'inventaire était un vrai foutoir dans le premier. Entre les mods par millier, les 15 marques d'armes et le tout multiplier par le nombre de protagonistes. On arrivait rapidement à ne plus rien comprendre, ou alors à passer des plombes à s'arracher les cheveux pour transformer tout ce surplus en omnigel. Du coup, pour le deuxième opus, au lieu d'éclaircir tout cela, on a le droit à un vague système d'amélioration qui passe par l'obligation de tout scanner, et à part pour les armes lourdes, on a le choix entre un flingue de base et son évolution, un fusil de précision de base et son évolution etc...un mot vient alors, limité.

                                  

 La conséquence de tout cela est une exacerbation des phases de shoot. Là clairement Bioware a bossé sa copie, le jeu est plus vif, plus brutal, les pouvoirs sont efficace et donnent des effets impressionnants. Quel plaisir d'envoyer un ennemi valser à dix mètres avec une vague biotique. Mais même là il y a un ou deux bémols qui refroidissent; le système de couverture imparfait pousse parfois à la mort bêtement, et les coéquipiers ont tendance à se mettre à découvert ce qui peut s'avérer très gênant face à certains droïdes particulièrement coriaces en vétéran. Au delà de ça le vrai soucis vient du fait que finalement toutes les quêtes se résument à du shoot. Du coup on en vient a ne plus vouloir sortir du Normandy, histoire de pouvoir discuter encore et encore, et retarder la mission suivante qu'on saura éprouvante. En gros il n'y a plus que deux alternative de gameplay; le shoot ou la discussion (je ne considère pas le scanner des planètes comme du gameplay).

Voilà donc ce qu'il en est, ce qui fait de ce Mass Effect 2 la plus grosse déception que j'ai connu en terme de jeux vidéo. Je tiens à préciser cependant que ceci ne constitue en rien un test. Je ne parle ici que des points qui m'ont profondément déçu. Mais j'ai finis le jeu avec un grand plaisir, et j'ai apprécié cent fois plus les personnages (a contrario du scénario nettement moins épique que dans le premier) ainsi que leur quête associé et les dialogues encore plus passionnants. Seulement je n'y reviendrais plus. Mass Effect 2 est un bon jeu, mais pas un grand jeu, contrairement au premier qui restera comme mon jeu préféré sur la génération HD...

 

Un dernier point sur lequel j'aimerais revenir, c'est une sensation étrange que j'ai eu en début de jeu, celle que Mass Effect 2 défendait son créateur Bioware. Plusieurs répliques et voir même dialogues complets cherchent à vous faire admettre que le bon vieux temps est finis (dans le contexte du jeu) et qu'un retour en arrière est impossible. Personnellement j'y ai vu un message subliminale, peut-être un mauvais présage concernant Mass Effect 3, suggérant que la page RPG de la série est tournée pour de bon.