J'avais un peu lancé le concept avec une mission de Hitman: Blood Money. Le principe étant de raconter exactement ce que j'ai fait dans le jeu mais en y mettant le ton approprié au personnage etc...

 

Je ne prends plus beaucoup le métro. J'ai fait suffisamment de trafiques, tuer suffisamment les bonnes personnes, conduit suffisamment de voitures pour des braquages et vendettas pour habiter dans le plus beau quartier de Liberty City et m'éviter de prendre le métro. Ma Comet flambant neuve est garée en bas de mon appart dans le quartier d'Algonquin, Middle Park East. Quelque soit l'endroit où je devrais me rendre en ville pour régler une affaire à la con qui finira comme toujours en bain de sang, j'y serais en 15 minutes avec dans le piffe l'odeur du cuir de mes sièges (ou du shit de Jacob) et pas celle de la sueur de tous les porcs qui s'entassent dans cette boîte de conserve sur rails. Et je serais bien installé dans mon costard de chez Perseus...le magasin est à même pas 3 minutes de l'appart.

La dernière fois que j'ai approché d'un métro, je n'étais à Liberty City que depuis trois semaines. Trois semaines à essayer de se sortir de la merde, à conduire des taxis pour Roman, cet empoté d'artiste du foutage de gueule...si on l'écoutait, la vie était belle en Amérique, la terre des opportunités. Et quand je dis que je conduisais des taxis...c'était le côté légal (encore que) de ce que je passais mon temps à faire.

La dernière fois que j'ai monté les marches menant au quai d'un métro, j'allais faire ce que je faisais réellement depuis trois semaines; tuer des mecs parce qu'on me l'avait ordonné. J'ai fait ça en Yougoslavie, sous le couvert officiel de ma patrie et je me suis fait enculer par un traitre. Quitte à recommencer ce travail ingrat, autant s'assurer qu'on est payé par des gens haut placé, je me disais. Comme ça en cas de nouvelle enculade, j'aurais un peu d'argent pour me retourner, plutôt que de crever la gueule ouverte au pays.

Je travaillais pour Mikhail Faustin à ce moment là, un gros taré de Russe qui avait la main mise sur Broker. Gros taré parce qu'un rien lui faisait appuyer sur la détente...ou me demander d'appuyer sur la détente, mais un gros taré loyal au final. Je devais taffer pour lui; j'avais exécuter Vlad, l'un de ses hommes de mains qui se tapait la copine de Roman. Toujours est-il qu'encore une fois, Mikhail m'avait demandé de faire le sale boulot et d'abattre Lenny, un "gamin" (presque la trentaine déjà) qu'il soupçonnait d'être une balance. Allez savoir si c'était pas la coke qui lui faisait penser ça.

Il était 4h du matin quand j'ai traversé le pont de Broker pour aller vers South Bohan, ce quartier miteux; encore plus miteux que celui où Roman et moi on habitait à ce moment là, avec ses cafards gros comme des souris. Un repère à putes et à dealers où les deux seuls bâtiments décents était le Burger Shot et le Triangle, un club de strip. En y allant je n'avais aucun stress. Ça faisait un moment déjà que je ne suais plus de peur pour ce genre d'opération à 300$. Pourtant quand j'ai entendu mon portable sonné et que le nom Mikhail est apparu sur l'écran, j'ai eu un soulagement; peut-être que ce coup-ci Dimitri lui avait fait entendre raison et que je n'aurais pas à ajouter un mort à ma conscience déjà pas mal chargée.

Mikhail appelait seulement pour me dire que Lenny n'étais pas chez lui, mais qu'il avait été vu sur le quai de la station de Windmill Street. J'ai laissé mon tacot en bas de l'escalier. Mon 9mm dans la poche intérieur de mon blouson j'ai monté doucement les marches et quand j'ai aperçu Lenny sur l'autre quai, je lui ai dit que Faustin pensait que c'était une balance et qu'il avait un message pour lui.

Deux rames se sont croisée en même temps et le temps que je me rendes compte que Lenny se faisait la malle, son pote avait sortie un Uzi. Heureusement que les trois semaines passées m'avaient remis dans le bain. J'ai sortie mon flingue en sautant sur les rails et j'ai collé une balle entre les deux yeux du pseudo garde du corps. J'ai couru 20 mètres. Lenny n'avait même pas eu le temps d'atteindre le bas de l'escalier. Deux balles entre les omoplates...pas très fair-play, mais efficace. Il a roulé sur les dix dernières marches. Quand il s'est arrêté, sa nuque avait craqué et sa tête me faisait bizarrement face alors qu'il était sur le ventre. Flippant.

Je suis revenu sur mes pas, j'ai traverser de nouveau les rails avant qu'une rame ne s'arrête à la station et ne manque de m'éclater, et j'ai à peine eu le temps de descendre les escaliers, de démarrer la voiture et de me garer en vitesse deux ruelles plus loin que déjà les flics débarquaient. Les chances qu'ils remontent jusqu'à moi étaient nulles (l'arme était volée) et dans cette cohue personne n'avait pu voir et mémoriser ma tronche avant que les premiers coups de feu ne partent. Pourtant voir la tête retournée de ce "gamin" me regarder, ça m'avait renverser le bide et je suais, j'avais le coeur qui voulait sortir par la bouche. Fallait que je pense à autre chose, mais rien ne venait à l'esprit, ou plutôt l'inverse, je pensais à plein de trucs d'un coup.

J'avais pas envie de rentrer tout de suite dans mon appart pourri. Il me fallait de l'action, quelque chose pour évacuer cette énergie malsaine. Je voulais appelé Michelle, avec un peu de chance, un rencart rapide aurait finit au pieux, mais il était même pas 5h30. Me masturber dans ma caisse à 200 mètres de mon dernier crime, c'était quand même sacrément dégueulasse. Pourtant ça y était presque; rien que de penser à me taper Michelle sur son canapé tout neuf, je commençais à bander. Le cœur palpitant encore plus, les yeux fixés sur le rétro mais dans le vague, je m'imaginais la prenant sans ménagement, elle qui sous ses vêtements pas super sexy et ses questions à la con sur mes activités, étaient une putain de furie question sexe. Encore aujourd'hui je me demande pourquoi elle couchait avec moi...c'est ça travailler sous couverture à la CIA?

Les flics se sont barrés assez rapidement. J'avais la main sur la cuisse quand j'ai vu les gyrophares passer dans l'autre sens, dix secondes avant que je me décide à faire le truc le plus déprimant de ma vie, ce qui n'aurait pas été peu dire. Du coup j'ai rallumé le moteur, reculé et en roulant un peu vers la zone industrielle, j'ai vu des prostituées qui marchaient d'un air pressé; 5h30 passé cette fois, le soleil allait pas tarder à éclairer la crasse de South Bohan et les flics seraient moins indulgent de jour. Leur nuit était finie...enfin presque puisque je me pressais auprès de cette métisse avec ses bourrelets dépassaient légèrement de sa mini jupe.

« Tu montes?

-Trop tard mon lapin, reviens demain, j'ai finis ma nuit...

-Allé!

-T'es sourd le ruskov, je te dis que j'ai finis.

-Je te payes le double de ce que tu prends d'habitude et se sera vite fait. Je compte pas m'éterniser dans ce quartier de merde »

Elle montait et je l'emmènais dans la zone industrielle surplombant Chase Point. Elle me proposait très professionnellement trois tarifs; 20 pour un coup de main, 40 pour une pipe et 70 pour "l'amour". "L'amour" bien sûr, je l'avais pas emmené à l'arrache dans cette zone dépeuplé de Bohan pour simplement faire du touche pipi.

J'étais toujours en train de bander. C'est allé vite. J'ai pensé à la tronche de Lenny pendant qu'elle me mettait une capote et s'installait sur moi et du coup j'ai accéléré les choses avant que l'image de ce mec ne me fasse retomber. J'ai regardé la pute droit dans les seins, j'ai pensé à Michelle, au poster de la rouquine épilée de près dans l'appart de Roman, au porno encore dans le magnéto que je m'étais passé le deuxième jour d'insomnie après être arrivé à Liberty City. Et après une minute d'agitation au plus sur le siège en position couchée, mon cœur a eu son repos...tout le sang de toutes mes extrémités est reparti. Je sentais plus mes doigts encore sur le cul de la prostituée, et mon cerveau marchait uniquement par vaguelette.

Je respirais fort mais avec lenteur. Elle me regardait droit dans les yeux avec un air amusé. Je ne lui avait pas menti ça avait été vite fait. Elle m'a fait un petit sourire...mais un beau sourire quand même. Je sais pas si elle se payait ma tronche intérieurement où si elle compatissait, en tout cas elle m'a fait le tarif normal. Avant qu'elle ne claque la portière, j'ai dit à haute voix « Maintenant je me sens vraiment vide ». En tout cas, j'ai pas repensé à l'autre Lenny pendant longtemps après ça. J'ai eu d'autres occasion de me prendre la tête avec un cadavre plus tard.

J'ai enlevé la capote et je l'ai envoyé à travers la fenêtre sur le container le plus proche...splotch. Il était temps d'aller dormir ce coup-ci, le soleil commençait à se lever. Quand je suis repassé près de la station Windmill Street le corps avait déjà été enlevé, et flics et ambulances avaient déjà quitté les lieux. On ne s'attarderait pas sur cette affaire c'était sûr. Maintenant que j'avais la tête un peu plus au calme comme seule elle peut l'être après du sexe, j'ai appelé Mikhail; c'est Dimitri qui a décroché. Il m'a supplié de lui dire que je n'avais pas exécuter le petit Lenny. Je lui répondais alors que si les deux balles dans le dos n'avaient pas fait le travail, le tour des cervicales en revanche avait du bien le calmer. C'est là que Dimitri a cru bon de me dire que Lenny était en fait Lenny Petrovic, le fils d'un des parrains de la mafia russe à Liberty City. C'était bien la peine de m'annoncer ça quand le mal était déjà fait.

Je ne sais pas pourquoi je n'ai pas eu plus peur sur le moment. Sûrement que je m'imaginais mal être pris à partie, moi l'homme de main pour un coup de sang de ce taré de Mikhail Faustin. J'avais tort mais ça, c'était pas maintenant que j'allais l'apprendre. Je roulais vite sans m'en rendre compte, j'avais atteint le pont de Broker, en un rien de temps j'étais au péage. 5$ de plus en moins.

Alors que je me pensais presque arrivé, le génie de Roman est entré en jeu. Il m'appelait à 6h du mat' tout au plus pour savoir si je voulais aller mater des nibards avec lui au Triangle...même un mec pas intellectuel comme moi aurait vu l'ironie de la situation. Payer une pute 70$ pour oublier Bohan quelques heures où je venais de descendre le fils d'un ponte de la mafia russe pour y retourner la queue encore humide et recroquevillée et le cerveau comme sous helium pour mater des femmes à poil. J'ai éclaté de rire.

« Pourquoi tu rigoles connard?

-Tu tombes tellement mal que tu tombes bien! Je passe te prendre...

-Ahah voilà ce que j'aime entendre cousin! Les Bellic qui vont mater de l'américaine!!! A tout de suite! »

Je suis passé le prendre et on a parlé de l'Amérique. Il a pas pu s'empêcher de me dire que la vie était merveilleuse et qu'on serait bientôt les rois du Monde. Tout ce que je voyais c'est que depuis trois semaines j'avais passé mon temps à tuer, à racketter et à dealer tout en essayant de planquer de la thune que je serais sûr qu'il n'irait pas claquer aux cartes. Et pourtant j'étais joyeux, son optimisme était communicatif. Il m'a détaillé la gueule qu'aurait notre manoir, le nombre de voitures de sport qu'on pourrait garer devant et comment Brenda, Tiffany et leurs copines stars de films porno nous tiendraient les couilles au chaud. Je lui ai rappelé que si j'avais mis une balle dans l'oeil de Vlad, c'était pas pour qu'il commence à piner à droite et à gauche, et qu'il trompe Malorie avec la première bimbo venue.

« T'inquiètes pas! Ce soir on pine pas, on mate! »

On arrivait au Triangle Club et son logo en néon rose. Le tacot garé, on se dirigeait vers l'entrée, Roman surexcité comme un gosse devant Disneyland. Le vigile nous rappelait que les armes étaient interdites dans le club, ce qui prouvait au passage son incompétence, vu que mon 9mm était toujours dans la poche intérieure de ma veste. Le temps que je check au bar s'ils avaient encore de la vodka à cette heure là du matin, Roman était déjà installé à regarder une stipteaseuse faire son show. Je m'avançais vers lui quand une autre demoiselle, une blonde platine juste habillée d'un string noir et de deux sparadraps sur les tétons de ses énormes seins est venu me demander si je voulais une danse privée...je me sentais mieux qu'il y a une demi-heure mais pas encore la tête à me faire chauffer par une meuf qui avait 18 ans depuis seulement quelques mois.

Avant que je dise non, Roman lui avait mis des billets dans le string en faisant claquer la ficelle et en répondant « oui » à ma place. Je l'ai donc suivie vers les salon privé pour ne pas casser l'ambiance. Elle avait à peine commencé à enlever les sparadraps et à se frotter sur moi que déjà je sentais l'érection monter...

Roman avait raison, les seins des américaines sont vraiment magiques.