Après relecture, je me rends bien compte que c'est plus un test de Mass Effect 2 par rapport à Mass Effect qu'un test du jeu tout seul. Veuillez m'en excuser, mais je trouve vraiment que les deux sont imbriqués de manière presque indissociable.
Mon test du premier Mass Effect, des années après sa sortie, ne tarissait pas d'éloge sur ce titre qui compte parmi mes jeux préférés toutes générations de consoles et de PC confondues. Si vous suivez mon blog ou que nous avons eu l'occasion de parler de sa suite, vous savez d'ores et déjà que je n'étais pas de ses plus grands supporters. Suite à la sortie du titre j'écrivais sur mon tout nouveau blog pour décrire toute la déception que j'avais eu en jouant à ce second volet. En somme, je consentais très bien à dire que le jeu restait génial, mais tellement en deçà de l'expérience sensoriel du premier que je n'envisageais vraiment pas le troisième opus sereinement. Nous sommes deux ans plus tard et je n'ai pas acheté Mass Effect 3 à sa sortie, mais en occasion (et collector quand même) ; ma manière à moi de ne pas consentir aux changements opérés entre le premier et le second. Ma façon de dire : « cette fois je ne vous payerais pas pour gâcher le potentiel de la série en tournant à l'action ».
Évidemment je comptais bien joué au troisième volet pour m'en faire mon propre avis, d'autant plus suite à la débâcle de sa fin qui m'intriguait et m'intrigue d'autant plus maintenant que je vais démarrer le dernier volet de série canonique. Comme Mass Effect n'est pas une série de jeux normaux, on ne peut pas démarrer le troisième sans avoir refait les deux premiers...de la même manière qu'on regarde les trilogies de Star Wars ou du Seigneur des Anneaux en entiers et pas un épisode sans les autres. J'ai donc fait le premier, pondu un test en forme de pavé ou de brique (choisissez la lourdeur qui convient) et j'ai démarré le second que j'ai arrêté parce que je lui trouvais les mêmes défauts qu'au moment de sa sortie. Miraculeusement, je suis parvenu à y retourné pour de bon et mon avis sur ce second volet a un peu évolué.
Pour rappel Mass Effect 2 démarre sur un coup de théâtre scénaristique. Après une mission victorieuse mais pas sans heurt contre le terrible Sovereign à la Citadelle, le Normandy SR1, toujours commandé par le sémillant Shepard de l'Alliance, SPECTRE de sa galaxie, se fait attaqué par un énorme vaisseau. Pulvérisant les défenses du magnifique rafiot de création turienne, cet ennemi inconnu à l'impressionnant canon disperse les membres du Normandy SR1. De justesse, Shepard parvient à sauver une bonne partie de son équipage mais y laisse sa propre vie. Deux ans plus tard, il se voit ressuscité par le projet Lazarus orchestré par Cerberus, une entreprise privée dédiée à la survie de l'humanité. Cette dernière était, de sombre mémoire, une organisation très limite sur l'éthique scientifique dont Shepard a fermé beaucoup de locaux dans le premier volet. L'Homme Trouble à la tête de Cerberus a ramené Shepard à la vie, dépensant au passage des millions de crédits, dans un seul but : trouver et détruire les Collecteurs, une race extra-terrestre qui enlève des colonies entières d'humains pour on ne sait quelle raison.
Si je me permets cette introduction scénaristique, c'est tout simplement pour rappeler que Mass Effect 2 pose de manière très intelligente dès le départ un rapprochement entre le joueur et son avatar le Commandant Shepard. Comme Shepard, on s'est vu enlever son équipage auquel on était extrêmement attaché dans le premier volet. Comme Shepard, on se retrouve deux ans après ce premier volet a se battre dans la même équipe qu'un ennemi officiel de son camp. Comme Shepard, on regrette les premières heures la bonne époque...et comme Shepard on est désavoué par à peu près tout le monde. Le jeu ne manque d'ailleurs pas de communiquer pratiquement en cassant le quatrième mur. Entre les discours sur « les temps qui changent » de presque tous les personnages que l'on rencontre et des détails comme un vendeur de jeux holographiques sur la Citadelle qui dit que ça lui manque les bons vieux jeux de rôle pas bourrin (alors qu'avant d'arriver là, on a fait presque que blasté à ce moment du jeu) on sent que l'ironie est parfois grinçante et c'est en partie ce mélange de changement et de légère moquerie envers le joueur qui m'avait exaspéré...
Retrouver de vieilles connaissances est finalement pénible parce que tout le monde à tourné la page. Paradoxalement ça rapproche le joueur de Shepard.
Pourtant Mass Effect 2 demeure un jeu exceptionnel de mon point de vue. Pourquoi ? Si on devait rester dans le factuel, on peut déjà remarqué qu'entre le premier et le second opus, il y a eu un gap graphique. Mass Effect 2 n'est pas le plus beau jeu de la Terre, mais il est franchement réussi techniquement et contrairement au premier volet, l'effet Unreal Engine 3 et ses textures ninjas qui apparaissent de nul part est pratiquement inexistant. Les visages restent assez bien foutus, plus que la moyenne, même si comme le premier volet, il souffrira la comparaison des jeux les plus récents. Pour rester dans la continuité du premier volet, la technique n'est vraiment qu'un support pour la partie artistique. Ici j'émettrais cependant une petite critique. Globalement, on est dans la lignée du premier épisode et si on a apprécié la richesse et le style de celui-ci, on ne manquera pas d'aimé Mass Effect 2 tout autant. Cela dit, il y a une différence quand même qui est dans le caractère. Si je devais aller dans la comparaison cinématographique, je dirais que Mass Effect était un peu Star Trek (la première génération avec Nimoy), tandis que Mass Effect 2 serait plus Star Wars. Les personnages ont plus de caractères tant visuellement que dans leurs attitudes. Ils sont plus tranchés, un peu plus caricaturaux, mais du coup plus reconnaissables. A côté de cela, on a quelques designs qui en souffrent comme la nouvelle race, les Vorcha, que je trouve personnellement vraiment ratée, ou la tenu abusivement moulante de Miranda qui finalement est une Ashley Williams affinée à l'extrême pour être sexy.
Brother, behold dat ass!
Nah bro, check dem tittays!
Aaaaaah Miranda, Miranda. Oulala je m'égare!
Qu'on s'entende bien sur le sujet, j'adore Miranda ''Yvonne'' Lawson, et je trouve que la façon dont est développé l'équipe et le rapport aux personnages est plus réussi dans ce second opus. Reste que parfois les développeurs ont été un peu dans l'excès, quitte à sacrifier un peu la cohérence. Outre la tenue de Miranda sûrement pas confortable pour le combat, on peut noter Archangel qui du début à la fin du jeu a une tenue abîmée par un tir à la tête et ce même quand il a la tenue alternative. Avec le nombre d'heures qu'on passe à se balader dans l'Espace c'est un peu dommage de ne pas lui acheter une armure neuve. Je ne donne que ces deux exemples mais le Normandy SR2 qui est plus grand, le nombre de relations amoureuses possibles qui devient presque envahissant ; il y a une somme de détails qui montre qu'ils ont voulu faire plus, pour faire plaisir aussi, parfois dans le mauvais sens...et aussi dans le gameplay.
"Garrus, on peut vous parler de votre tenue?
-Ca peut attendre, Shepard? Je suis au milieu d'une calibration là..."
Là je vais enfin pouvoir toucher à la partie qui me tient à cœur. Dans mon test du premier volet, j'exprimais mon amour pour les sorties en Mako M35 qui pour moi avaient une force évocatrice assez dingue. Mass Effect 2 abandonne l'exploration. Il ne s'agit pas juste de supprimer le véhicule puisqu'on aura en téléchargement gratuit quatre courtes missions en Hammerhead, une sorte de voiture volante. Non, Mass Effect 2 supprime la partie recherche du volet précédent. Dans ce second volet, on retrouve la carte des étoiles (et sa superbe musique « Uncharted Worlds ») et tous les déplacements s'y font. Comme dans le premier, on choisi un Secteur, puis un système solaire à la différence près que l'on ne peut pas voyager librement entre les systèmes solaires ; on a besoin de carburant pour aller de l'un à l'autre. Ça ne coûte pas bien cher et honnêtement c'est anecdotique. Par contre ce qui l'est moins, c'est que dans les stations essences, on peut également acheter des sondes qui permettront de récupérer des éléments.
En fait toute la partie exploration en véhicule est devenu un système de scanner. Toutes les planètes, sans exception, peuvent être scannées à la recherche d'élément zéro, d'irridium, de palladium ou de platinum. Ces ressources qui dans le premier volet rapportaient un peu d'argent et d'expérience, servent ici à développer des améliorations d'équipements que l'on aura trouvé sur les champs de batailles ou acheté à la Citadelle, Illium, Omega ou Tuchanka, les quatre villes offrant du commerce. Le scan est étrangement hypnotisant. Au premier abord, quand on le décrit, ça a l'air irrémédiablement chiant, mais à faire, on finit par se laisser porter par le rythme lent et les vibrations de la manette. Ceci dit, il faut bien comprendre une chose, sur le long terme, on a de moins en moins envie de scanner les planètes et par chance, le jeu nous indiques celles qui sont riches en éléments ou qui ont moins d'intérêt. Vers la fin de l'aventure, on se préservera donc de tout analyser de fond en comble.
On est plus que jamais sur la carte dans Mass Effect 2.
Je ne sais pas pourquoi, j'aime bien les scanners. Ceci dit, sur le long terme c'est un peu gonflant, d'autant que la ressource la plus rare, l'Element Zero est la plus importante (elle sert aux pouvoirs biotiques). Et puis merde entre ça et conduire un 6*6 sur une planète déserte, j'ai choisi...
Le scanner est donc en partie obligatoire pour l'aspect RPG (au sens du système de jeu à l'occidental, pas de la façon de vivre l'aventure). L'excessif bardas de Mass Effect a en effet disparu purement et simplement. Désormais en fonction de sa classe, on porte deux ou trois armes (voire quatre pour Shepard) qui n'évolue pas et ne sont pas customisables en elles-même. A la place, on trouvera de temps à autre des versions supérieures de ces armes. Ça ne va pas très loin puisqu'on comptera une version du pauvre et une version meilleure seulement pour chaque type d'arme (pistolet, pistolet mitrailleur, sniper etc). De même, les mods sont absents et sont remplacés par les améliorations à trouver ou à acheter, comme je le disais plus haut. La plupart des ressources passera dans cette nouvelle façon d'améliorer son équipement, puisqu'une fois en sa possession, il faut investir des ressources pour fabriquer l'amélioration et la rendre effective automatiquement. Pour ce qui est de l'arbre de compétence, c'est là qu'est pour moi le talon d'Achille du titre. Alors que dans Mass Effect on disposait de beaucoup de pouvoirs (biotiques/mentaux, techs/informatiques ou d'armement) dans Mass Effect 2, on a beaucoup moins de possibilité pour rendre son personnage spécialiste en quelque chose.
L'arbre de compétence ressemble à une fougère (c) Dr Chocapic
De même, stratégiquement, presque tous les membres de l'équipe se valent et ce pour une raison ; la plupart des pouvoirs ont les mêmes effets. Mis à part la prise de contrôle des IA et la création de drones, tous les autres pouvoirs ont plus ou moins les mêmes effets. En gros si l'ennemi est nu (sans barrière tech ou biotique) il souffre de n'importe quel pouvoir qu'il soit une machine ou un être de chaire. S'il a une barrière biotique ou tech, il faut d'abord s'en débarrasser et ça ne demande qu'un pouvoir que presque tout le monde possède. Le résultat c'est qu'on a pas vraiment de Dream Team à fabriquer et on est rarement en difficulté parce qu'on a pas les bons pouvoirs comme ça pouvait être le cas dans le premier.
A part pour les missions qui les touchent personnellement, on peut choisir n'importe quel coéquipier, ça ne change pas grand chose stratégiquement.
Les pouvoirs ont à peu près tous les mêmes effets et comme tout le monde en a...
Sur la longueur, Mass Effect 2 est donc moins tactique dans les combats (sans dire que le premier était un tactical, il y avait un peu de réflexion), moins dans la préparation et moins dans les menus. Ça a ses avantages comme un gain de temps fou, mais aussi ses inconvénients comme un manque de personnalisation de ces combats et de la résolution des situations puisque l'on a plus de compétence d'éloquence à débloquer. Les combats ont été grandement améliorés sur certains points. Typiquement les raccourcis pour les pouvoirs les plus utilisés, les quelques mouvement supplémentaires liés à la couverture et les sensation globales ; il y a un vrai mieux, même si personnellement je me contentais déjà très bien de ce qu'on avait avant pour la quantité de combat qu'on avait. Par contre et ça c'est étrange, le système de couverture a parfois plus de ratés que dans le premier volet et il n'est pas rare qu'on se retrouve à découvert quelques secondes le temps de se recoller au mur. En mode Normal, ça n'est pas bien grave, par contre en difficulté supérieure, on peut réellement mourir de manière assez rageante.
S'il est une chose certaine, c'est que les combats sont améliorés. Ceci dit ils souffrent encore de quelques approximations sur le système de cover, un peu moins acceptables que dans le premier, vue que les combats sont plus fréquents.
Autre chose, le rythme moins posé et le fait que le jeu soit sans cesse coupé par des chargements (dont ne souffriront pas les joueurs PC) rend le tout un peu moins immersif, moins efficace pour se prendre réellement pour un spationaute. Remplacer les ascenseurs par des chargement d'ascenseur, c'est pratiquement du troll de la part de Bioware. Mass Effect 2 est plus découpé que le précédent et ça joue clairement en sa défaveur. Cependant, le jeu parvient avec un scénario finalement assez médiocre et prétexte (construis ton équipe pour aller battre le boss) à créer encore une fois un attachement aux personnages et un aspect quotidien qui est inégalé. Parce que oui, globalement le jeu se veut plus épique, plus direct et réussi d'ailleurs dans ce domaine avec une ou deux missions plus fortes en sensations. Surtout, et c'est avec cette seconde partie que je m'en suis rendu compte, malgré l'abondance d'action, les dialogues, les interactions avec son équipage, les histoires de cœur, les engueulades, tout cela est très présent et même plus que pour le premier opus.
Voilà vous avez râlé sur les ascenseurs...Bioware vous êtes vraiment des gamins!
L'une des bonnes idées pour améliorer l'aspect relationnel a été d'ajouter, en plus des simples discussions avec un ton plus ou moins aimable, une mission personnelle liée à chaque membre d'équipage. Cela permet d'avoir un pied dans la vie privée de ses coéquipiers, en dehors de la mission. Ça leur donne plus d'épaisseur et on s'y attache du coup forcément plus. De plus, Mass Effect 2 profite de plus de situations où les personnages se fâchent et où l'on doit prendre le parti de quelqu'un, chose qui n'arrivait qu'une fois dans le premier (entre Ashley et Liara). Bien sûr comme pour le reste il y a le fantôme du trop qui est toujours là, avec notamment un moment vers la trentaine d'heures de jeu où l'on a la possibilité de choisir entre quatre relations amoureuses en ayant rien fait d'autre qu'être sympathique avec les membres de son équipage. Ceci dit c'est mineur, et si ça reste aussi prenant je pense que c'est aussi du à ce qu'on a vécu dans le premier. Je ne crois pas me souvenir d'une suite d'un jeu qui m'ait autant déprimé quant à des retrouvailles ratées avec un personnage. La continuité de Mass Effect à Mass Effect 2 est parfaitement réalisée sur ce point.
C'est presque trop facile de draguer tant tout le monde réagit à la gentillesse au final (oui même Jack). Malgré tout, on reste attaché à la relation que notre personnage peut développer et c'est assez rare pour être souligné.
Si je devais résumer de manière un peu abrupte et presque méchante, je dirais que Mass Effect 2 reste un grand jeu parce qu'il est la suite de Mass Effect. Même en enlevant une partie de mon plaisir personnel de l'exploration sur des planètes, même en nous forçant à nous adapter, comme le héros finalement, à une situation de changement brusque et a des missions principalement guerrières, Mass Effect 2 a un univers toujours aussi fantastique qui parle de beaucoup de thème de science-fiction (comme l'homme/machine), des musiques à tomber par terre et une façon de travailler les personnages qui est très propre à cette série et enfin un attachement à la trame hors du commun, d'autant plus quand on prend un peu de recul pour observer sa construction assez fade. Ce que Mass Effect 2 perd en immersion avec ses planètes dont on ne voit que des zones microscopiques et ses chargements presque en forme de doigt d'honneur pour les râleurs du premier, il le gagne en épique sur beaucoup de combats. Ce n'est pas ma formule préférée pour cette série, mais ça reste une réussite qui fait honneur à l'univers. On ne pourra en revanche pas nier que forcer le trait à ses limites et que l'abondance de missions secondaires se fait au détriment de leur intérêt et surtout de la façon de les trouver. Mass Effect me faisait oublier ses défauts par des qualités d'immersion hors norme. Mass Effect 2 a supprimé, littéralement retiré les défauts, un peu au prix de l'immersion. Il est au moins aussi bon que son prédécesseur, voir techniquement meilleur, mais manque un tout petit peu de charme pour me convaincre vraiment. Reste que je serais ravi de le faire quand je referais la trilogie...et pour cela il va d'abord falloir que je commence Mass Effect 3.