Il m’aura fallu trois essais pour venir à bout de Dying Light. Les deux premières fois, ce fut sur sa version dite ‘Vanilla’ peu après sa sortie sur PS4. D’une difficulté incommensurable j’abandonnai pour ma première partie au premier tiers de l’aventure et encore plus tôt à ma deuxième tentative. Dépité, je revendais la galette un peu frustré, car le titre était bon par ailleurs.
Des années plus tard il est annoncé une version ‘Enhanced Edition’ pour la Switch, à savoir le jeu accompagné de toutes les extensions et DLC - et quelques bonus comme des autocollants, un livret et une carte imprimée. Je me laisse tenter pour plusieurs raisons : redonner une chance à cet excellent jeu, le fait qu’il y soit inclus « The Following » qui attise ma curiosité et enfin pour sortir ma Switch Lite de sa torpeur. Mais c’était non sans une certaine appréhension que je retrouvai cette apocalypse zombie…

HARRAN, CITÉ DU BOSPHORE

Kyle Crane est un agent spécial qui est envoyé dans l’enclave de la ville d’Harran, mise en quarantaine suite à une infection zombie. Mais dès le départ sa mission est compromise et il est recueilli par le groupe dit de ‘La Tour’, où il fera connaissance de Brecken et de Jade, les leaders de ces survivants à tendance pacifique.
Par reconnaissance il leur viendra alors en aide en tant que traceur, un job qui consiste à sortir en extérieur pour récolter vivres et consommables. Ce qui lui permettra par ailleurs de mener à bien sa mission secrète consistant à mettre la main sur un disque dur contenant toutes les informations sur le terrible virus qui transforme tout le monde en cadavres bouffeurs de cerveaux. Très rapidement sa piste le même sur la trace de Raïs, un caïd local qui fait régner le chaos encore plus que possible dans cet enfer. Crane devra alors affronter les milliers de zombies, la milice de Raïs et gérer les problèmes du quotidien de la Tour pour pouvoir mettre la main sur ce fichu disque dur.


Kyle Crane est peut-être un ancêtre de Faith Connor? *

Concrètement, Dying Light est un jeu en ‘monde ouvert’ à taille humaine qui se déroule sur deux cartes principales (Bidonville et Ancienne ville) plus une petite annexe baptisée « l’Antenne ». À l’intérieur de ces zones vous serez amené à effectuer tout un tas de missions en tous genres allant de l’escorte de citoyens à la sécurisation d’abris. Le titre offre une grande variété dans ses quêtes (des défis, des courses, des arènes etc…) mais en ce qui me concerne je n’ai effectué que les missions de la trame principale et les missions annexes ‘scénarisées’. Et croyez moi c’est déjà pas mal !


De retour à Harran, inspiré d'Istanbul

Pour nous aider dans cette immense tâche, notre héros dispose de capacités physiques au-dessus de la moyenne mais surtout d’un catalogue d’arme en tout genre qu’il élaborera en fonction de ses trouvailles et des plans à sa disposition. La jouabilité englobe donc de l’adresse, du combat, du crafting, de l’exploration et sera donc perpétuellement rythmée par du matraquage de zombie.

LES ZOMBIES ILS SONT PAS GENTILS

N’espérez pas venir à bout de la menace des morts-vivants: ils viennent sans cesse, ils sont des milliers, voir des centaines de milliers. Ils sont partout, tout le temps. Ils ne vous lâchent jamais. Ils en existent plusieurs classes : les croque-mitaines de base qui hantent les rues, les malabars munis de masses qui infligent de gros dégâts, les cracheurs qui vous balancent leurs glaires acides, les ‘vivaces’ qui sont en fait les récemment mordus qui n’ont pas encore totalement basculé dans la non-vie et les ‘combinaisons Hazmat’ qui comme leur surnoms l’indiquent sont équipé d’une combinaison protectrice complète (enfin…pas si complète que cela finalement).


Une bien belle place, très accueillante.

À ceux-là s’ajoutent donc les nocturnes, deux genres aux antipodes qui n’apparaissent donc qu’une fois la nuit tombée. En premier les ‘pétochards’, qui fuient dès qu’ils vous repèrent et en dernier lieu les fameux Rapaces… De véritables prédateurs qui sauront vous mettre des bâtons dans les roues. Dangereux comme pas permis, se confronter à eux est une véritable gageure et la fuite est bien souvent le seul moyen de se sortir vivant d’un affrontement contre eux. Je ne vais pas faire le fier: je les ai évité comme la peste et les rares fois où j’ai du me les coltiner c’est bien simple je suis mort. Et mourir dans Dying Light à un prix. Celle de la perte de points d’expérience. Enfin… il sera de bon ton d’y consacrer un paragraphe spécifique.


Voilà typiquement une situation critique...*

PARKOUR DU COMBATTANT

Nous jouons avec une vue à la première personne et traversons la ville en faisant du parkour. Agile et en pleine possession de ses moyens, Crane virevolte de toit en toit sans férir. Il saute, il grimpe, il défonce des portes, il court au milieu des râles affamés sans jamais être au bout du rouleau. Le principe de base rappellera Mirror’s Edge à ceux qui s’y seront essayé.
Il gagne toutefois en expérience et en aisance durant l’avancée du jeu. Chaque grimpette ou autre acrobatie rapporte un score qui cumulés font gagner des niveaux avec obtention d’un point pour chaque palier atteint. Point qui servira à acquérir une nouvelle compétence dans l’arbre qui leur est consacré. Ainsi il va devenir de plus en plus aisé de visiter les zones au fur et à mesure de notre épopée.
Et parmi ces améliorations il y en a une qui change vraiment la donne et même réévalue toute la notion de gameplay du jeu: l’obtention du grappin. Accessible quand on atteint le niveau 12 en survivant, l’ustensile redonne un second souffle à l’aventure et permet de se débarrasser de beaucoup d’aléas plus ‘terre-à-terre’.


L'un des arbres de compétence (4 au total: Survivant - Agilité - Puissance - Légende). Petite particularité de celui présent ici: quand on meurt on perds des points 'de survivant', ce qui fait qu'il n'est pas évident de passer de niveau et de compléter ce tableau (et encore plus dans la version 'originale' du jeu). Le fameux grappin se trouve dans ce tableau. *

Au cours de nos pérégrinations, on récolte tous un tas de ressources qui serviront en grande partie à crafter des armes. De la plus anodine à la plus farfelue. La majorité d’entre elles seront soit tranchantes soit contondantes mais il y a aussi possibilité de récupérer des armes à feu - surtout du coté de la milice de Raïs. Les nombreux collectibles permettent aussi de créer des soins pour notre bonhomme ou bien des améliorations pour nos instruments de mort (heu…est ce qu’on ‘tue’ des morts-vivants ?). Quelles soient de feu, électrique ou empoisonnée, elles agrémentent nos échauffourées de quelques effets de style épiques - et surtout augmentent la puissance d’attaque des armes ainsi customisées.


Pour construire ses armes il faut au préalable être en possession des plans qui leur correspondent. Ces derniers décrivent les 'ingrédients' indispensable à la confection. Une fois un plan dans sa besace, on peut construire l'arme décrite autant de fois que l'on souhaite, tant qu'on a les ressources nécessaires (les armes construites on une durée de vie et finissent par se briser immanquablement).*

Mais lorsque débute notre traversée des enfers, nous ne sommes en possession que de quelques tuyaux de plomb ou couteaux de cuisine bon marché. Des moyens de défense bien maigres qui au vu des centaines de rôdeurs qui nous assaillent paraissent bien légers. Très vite les armes se brisent, très vite on se retrouve à sec et très vite il nous faut de nouvelles ressources pour se façonner un arsenal à peu près convenable. Et c’est sur ce point là précisément que je le trouvai bien trop hardcore lors de mes premières parties: les armes ne sont pas suffisamment efficaces et pérennes. C’est à cause de cela que je ne persévérai pas dans Dying Light.
Heureusement arrivèrent les éditions augmentées.

GOOD NIGHT AND GOOD LUCK !

Quand je recommençais pour la troisième fois le jeu, quelle ne fut pas ma surprise de constater que l’ensemble de l’arsenal des DLC étaient intégrés dans l’histoire principale. Et cela changea tout je peux vous le garantir. Débuter avec une poêle à frire qui fracasse à 208 ce n’est pas la même limonade que quand on commence avec un pied de table qui lui au mieux va taper à 70 (avec beaucoup de chance).


On peut se défendre à poil ou avec poêle en fonction des versions. Je suis ici tout en haut du pont reliant les deux cotés du bosphore. On aperçoit au loin le stade et la seconde carte principale (à droite). Le pont en lui-même n'est pas entièrement accessible.

Ce fut donc pour moi une redécouverte totale du catalogue nouveau qu’offre le titre en matière d’objets d’attaque. Longtemps j’usai de cette poêle en me prenant pour Raiponce, suivi de la guitare (et ses DDZOOïïiiiinnng hilarant) avant de découvrir les épées longues de feu ou les katanas aux améliorations dantesques. Du coté des armes longue distance l’arc fut plus qu’utile pour les malabars tandis que le pistolet silencieux lui se révéla parfait pour se débarrasser des vilains de la milice sans ameuter les dévoreurs de tout le quartier. Alors oui une partie de ses armes étaient disponible à l’origine mais au bout d’un très long moment et après bien des épreuves. Néanmoins en ajoutant toute une nouvelle panoplie disponible depuis le début - ou pas loin - le jeu s’en trouve tout de suite plus accessible et plus fun. Et ça fait franchement plaisir !
Bon il n’en devient pas moins difficile pour autant, mais juste bien plus agréable à jouer. De mon point de vue les DLC on donc ‘sauver’ Dying Light en lui octroyant un panel d’armes ‘à niveau du jeu’, au lieu de partir à poil avec son couteau comme c’était le cas au lancement.


Les armes donnent parfois dans le comique, comme avec ce nain de jardin (fabriqué mais pas utilisé, je ne suis pas dingue)

Je précise que je n’ai pour l’instant fait que le jeu principal et aucunement les extensions et contenus téléchargeables. Ceux-ci consistent en plusieurs lieux spécifiques qu’il est possible de visiter - mais j’ignore donc complètement de quoi il en retourne. Le stade, la prison, les égouts, un restaurant de luxe et donc le fameux ‘The Following’ forment la ‘suite’ de l’aventure principale auxquels je me frotterai lorsque j’en aurai le courage. À cela s’ajoute Hellraid, un ‘jeu dans le jeu’ qui lui à une ambiance très proche d’un Elder Scroll pour ce que j’en ai vu (c'est-à-dire pas grand-chose). Pour ce dernier je verrai si je le ferai ou pas, car il n’a aucun lien scénaristique avec l’intrigue de Dying Light (du moins je ne crois pas).

AU-DELÀ DE LA MORT…

L’ambitieux projet de Techland semble donc avoir atteint la plupart de ses objectifs. Surtout après quelques corrections de tir au travers de ses ajouts parus suite à la sortie du jeu. Il n’en demeure pas moins quelques gros défauts qui on su me mettre hors de moi. Et en haut de la liste le fait que parfois - environ 1 fois sur 10 – Crane ne s’accroche pas au toit, au muret, au grillage que l’on vise. Alors oui parfois c’est clairement de notre faute (on arrive de travers, notre saut est trop court ou on vise trop haut) mais quand il ne s’accroche pas à la suite d’un saut qui à réussi les cinquante fois précédentes on se pose légitiment la question de savoir si la galette ne se fiche pas de nous. Et c’est encore plus rageant quand cette foirade survient alors que 30 000 mâchoires béantes nous accrochent les miches ! Ou que cela nous fait tomber dans une ruelle débordante de visages décrépis. Car se sortir d’une foule d’enragés est quasiment impossible ! 3, 4, 6, 10 on peut encore faire quelque chose mais à 30 ou 40 c’est la bérézina.


Une ambiance chaleureuse et avenante. Et non ceci n'est pas l'oeuvre du joueur mais oui il peut arriver parfois qu'on se confronte avec autant d'infectés. Notez la classe de cette lame au pouvoir de feu.

Autre problème peut-être spécifique à la Switch Lite, le mappage des touches qui n’est pas toujours très naturelle, comme la visée de précision des armes longues distances mis sur le clic du stick droit là ou la plupart du temps il est placé sur l’une des gâchettes gauche. On y pense dans les moments calmes mais sous la pression et la panique sortir de cette vue est un poil problématique (« AAAArrggghhh !!! Mais comment je sors de cette vue déjà !! »).


Une sublime fresque et un tout aussi sublime arc, qui se révèle extrêmement pratique.

Pendant que j’en suis à parler de la Switch Lite il me faut préciser que niveau graphisme on n’est d’évidence pas au niveau des consoles plus puissantes. Beaucoup de clipping, un aliasing assez prononcé, certaines animations hachées…Toutefois cela reste un petit miracle de programmation que d’avoir fait rentrer TOUT DYING LIGHT ET TOUTES SES EXTENSIONS sur une minuscule cartouche ! Après je ne sais pas quel est la part effectivement présente sur la petite carte noire et la part ‘téléchargeable’ et je verrai bien par ailleurs comment il réagit visuellement quand je roulerai à fond avec mon buggy à travers champs dans The Following…


Exemple des limitations technique: en lieu et place de toute cette verdure devrait apparaître les bidonvilles (soit la première map) mais seules les grattes-ciel sont visibles (les fameuses Tours de notre héros et en arrière-plan le building de Raïs, à droite de l'image). Le quartier qui se dresse au loin à gauche est en fait 'en dehors' du terrain de jeu, c'est un décor de fond.

J’ai eu droit à deux plantages ‘retour bureau’ de toute ma partie, qui dura 47h 39m 21s au total (merci les stats’ ^^). C’est toujours embêtant mais une fois de plus il faut souligner l’exploit de cette adaptation qui on le devine n’a pas du être de tout repos.


Un bug mineur avec cette armoire invisible dans laquelle nous avions trouvé un enfant apeuré quelques minutes plus tôt. Mission close. Mais lors d'un second passage sur le même lieu la cartouche à fait disparaitre l'enfant...et le meuble avec. Rien de dramatique.

Un gros petit point qui m’a rendu chafouin c’est que je n’ai pas pu avoir le jeu en français. Apparemment il y aurait un pack de langue disponible mais vu que le jeu à connu quelques déboires numériques (L’Allemagne aurait empêché les versions démat’ de sortir sur le sol européen, j’ignore où on en est de cette histoire) je ne sais pas ou trouver cet ajout que j’estime indispensable. J’ai donc fait l’aventure en version originale sous-titrée en français, ce qui ne m’a pas dérangé outre-mesure mais quand même, en VF cela aurait été mieux !


Le désespoir à envahit les toits des immeubles. Grappin et EXPcalibur en main, Kyle Crane tente de ramener un brin de lumière dans cet océan de noirceur.

Mais pour finir je bouclerai la boucle en insistant sur le fait que ce jeu est di-ffi-ci-le ! Et même si les DLC on permit de rééquilibrer en faveur du joueur la puissance des armes, il n’en reste pas moins des séquences d’une cruauté vidéoludique à peine croyable. L’arène à mains nues ou presque, les égouts, la scène du musée avec Jade (!), le retour aux bidonvilles au travers des sous-sols remplis de Rapaces… Des phases complètement dingues durant lesquelles j’aurai perdu bien des vies et des nerfs !

Quand on se lance dans Dying Light, il faut savoir que nous attend une aventure compliquée, pleine de morts frustrantes et de moments pénibles. Mais aussi une histoire d’une richesse folle, remplie de rencontres tantôt sympathiques tantôt horrifiques, avec des références à tous les coins de rues, de l’exploration qui semble sans limite ou presque… et des morts-vivants jusqu’à plus soif. Parfois amusants, souvent lourdingues, toujours présent ; ils instaurent une ambiance entre fantastique et burlesque et obligent le joueur à toujours être sur le qui-vive.
À la fois jeu de parcours à la Mirror’s Edge, jeu de shoot exigeant contre la milice et jeu de massacre géant contre les rôdeurs, la formule qui semble bancale sur le papier fonctionne manette en main (ou console portable dans mon cas). Certes il demande un investissement pour pleinement saisir tout ce qu’il propose mais il en vaut la chandelle…à condition de ne pas être réfractaire à l’overdose de zombies.

Quelques photos bonus:


La vieille ville, prisée autrefois des touristes. Enfin techniquement ils sont toujours là. Observez au loin toujours le stade et au fond le pont d'ou proviennent quelques captures postées plus haut. Et plus loin encore l'antenne qui est la troisième carte annexe.


Un pauvre hère qui a dû passer un dernier mauvais quart d'heure...


Comment une mère aussi sympathique à t-elle pu donner naissance à un garçon aussi peu aimable?


Que retiendront les enfants de cette épidémie?


Un groupe de nounours fait aussi résistance. Ils s'opposent aussi bien aux humains morts que vivants. Se méfier d'eux et surtout de leur chef, pas si calin qu'il ne le prétend!

PS: toutes les photos de cet article sont des captures d'écran de ma partie, sauf celles signalées par un astérisque (*)