A la sortie de la Dreamcast, fin 1998 au Japon, le jeu de combat va explorer de nouveaux territoires. Les propositions toutes en 2D, après avec connu un âge d'or certain quelques années plus tôt, n'ont plus le vent en poupe, et deviennent une affaire d'initiés. Cela n'empêchera pas certains éditeurs de poursuivre leurs efforts afin de proposer à cette niche de joueurs exigeante, des titres toujours plus aboutis. Cependant, la majorité des regards est maintenant largement tournée vers la 3D, et des séries telles que Virtua Fighter ou Tekken qui ont déjà acquis leurs lettres de noblesse sur consoles 32 bit. Fort de ce constat, les propositions vont affluer sur la 128 bit de Sega, avec l'espoir de faire mouche, et répéter l'exploit de ces illustres séries phares, qui comptent bien souvent parmi les best sellers sur leurs consoles respectives. Saut technologique oblige, le niveau de maîtrise des spécialistes de la baston 3D, associé aux nouvelles possibilitées offertes par la machine va leur permettre de proposer bien souvent des jeux à la réalisation et au contenu largement revus à la hausse. 

Sur Dreamcast particulièrement, où nous allons constater cela dans le classement qui va suivre, immanquablement, et peut-être pour la première fois dans l'Histoire du média, les jeux du genre en 3D tiennent clairement le haut de pavé. Cela n'empêchera pas quelques belles propositions en 2D, Sega ayant le bon ton de conserver ses liens avec quelques éditeurs et développeurs de référence en la matière. Souhaitant encore et toujours conserver son image de marque, qui font de leurs consoles des passerelles incontournables pour les plus grands titres issus des salles d'Arcade, il est difficile pour la firme au hérisson et ses alliés de lâcher un tel morceau ! Envers et contre tout, la Dreamcast sera donc LA machine de la baston sous toutes ses formes sur cette génération, quitte à en mourir. Vous connaissez naturellement le fin mot de l'histoire et le destin tragique de cette superbe console, effacée bien trop vite du paysage vidéoludique. Il était grand temps de mettre cette superbe machine à l'honneur dans ce blog, pour passer quelques instants en compagnie du Top 5 de ses plus grands jeux de combats. La Dreamcast est éternelle dans nos coeurs. Pourquoi ? En voici quelques bonnes raisons !  

 

Numéro 5 : Guilty Gear X

Après une première sortie très remarquée sur consoles 32 bit, la suite directe de Guilty Gear fait souffler un gros vent de fraîcheur sur les titres de combat en 2D au tournant du millénaire. Ce nouvel épisode coïncide avec la montée en puissance d'Arc System Works, un développeur avec lequel les joueurs vont devoir compter à présent, sur consoles comme en Arcade. Guilty Gear X perfectionne la formule initiée par le premier épisode de la série, principalement composée d'un casting aussi improbable que génial, une présentation classieuse qui s'accompagne d'une réalisation en 2D époustoufflante et animée à la perfection, le tout saupoudré de musique à tendance métal qui donne une sérieuse envie de déchaîner les combos sur votre adversaire. Et cela tombe bien, car des combos vous allez en voir, et ils sont tous plus impressionants les uns que les autres. Portés par une maniabilité incroyable, ils sortent sur demande grâce à une prise en main en tous points impeccable, qui égale les ténors du genre. Mais encore faut-il faire l'effort de maîtriser son personnage, car Guilty Gear X est un titre exigeant, votre marge de progression est immense, et le degré de préçision à atteindre pour espérer vaincre vos plus coriaces adversaires en face à face, peut prêter au délire. L'arsenal entier du jeu de combat en 2D est ici repris avec justesse. Attaques au poing, au pied, à l'arme blanche, combos, contre-attaque, cancel, tout y est, et permet de renverser des situations qui paraissent parfois très mal engagées. Mais le petit quelque chose en plus dans Guilty Gear X, c'est cette volonté de dynamiser les combats, et en cela, de récompenser les joueurs qui se jettent à l'attaque. Cette volonté se caractérise par une jauge de tension qui augmente dès lors que vous attaquez sans vergogne votre adversaire. Cette jauge peut vous permettre surtout, de déclancher des attaques dévastatrices, avec en ligne de mire, la possibilité d'annihilier votre adversaire en un coup surpuissant bien placé. Impitoyable, mais terriblement grisant. Concluons sur un petit mot de cette version Dreamcast, première à voir le jour sur les étals, et pourtant à ce jour tout simplement, meilleure version disponible. Vous savez ce qu'il vous reste à faire si vous êtes amateur de jeu de baston...

 

Numéro 4 : Power Stone 2

Capcom était un développeur incontournable de la Saturn, et il en sera de même sur Dreamcast. Certes, il va continuer à alimenter la toute nouvelle et dernière console de Sega en titres grandioses issus bien souvent de ses licences à succès, mais il lui arrive également pour notre plus grand bonheur, d'innover. Power Stone sorti début 1999 sur Dreamcast, en même temps qu'un certain Super Smash Bros. sur Nintendo 64, marque la naissance d'un nouveau genre de titre de combat sur console : La baston multijoueurs en arènes 3D. Et sa suite directe, avec sa possibilité de jouer à quatre, frappe fort, très fort. Aussi délirant que son aîné, les arènes complètement folles, sont aussi vivantes que vos personnages, et évoluent le temps du combat pour faire de chaque joute des moments inoubilables. Vous ne saurez plus ou donner de la tête entre vos adversaires et ces décors qui clairement, ne vous veulent pas que du bien. Ce n'est évidemment pas tout, le système de jeu n'est pas en reste dans Power Stone 2, et pour vous faire respecter dans l'arène, il vous faudra faire preuve d'habileté bien sûr, mais aussi de jugote et de tactique. Car tout objet du décor a une utilité dans ce magnifiue titre de Capcom. Le moindre objet peut être utilisé à votre avantage...ou se retourner contre vous ! Tables, chaises, piliers, mais aussi tanks, épées, bombes, tout est bon pour mettre à mal son adversaire. Et il ne seront pas de trop pour espérer vaincre sur le champ de bataille. Ultime arme disponible, les fameuses powerstones qui donnent leur nom au jeu, apparaitront dans les arènes pour que chaque joueur puisse également les ramasser. Une fois qu'un combattant aura réussi à réunir trois de ces sésames, votre héros se transformera temporairement en combattant surpuissant, capable de décimer ses adversaires en l'espace de quelques secondes par le biais d'attaques spéciales dévastatrices. Un instant de grâce, mixé à un instant de surpuissance ayant fatalement une grande incidence sur le combat. Dans ces moments là, Power Stone 2 au-delà de son aspect brouillon, nous rappelle qu'il est un grand jeu de combat, développé par un Capcom plus fort de ses forces que jamais.

 

Numéro 3 : Project Justice

Un Capcom mué en développeur sûr de sa force, on l'a dit, et qui va enchaîner les succès en portant ses grandes licenses sur Dreamcast comme on le suggérait plus haut, avec pas mal de réussite, à l'image du portage de ce Project Justice sorti en 2000 en Arcade, et accueilli l'année suivante sur Dreamcast. Mais de quelle fameuse série ce titre est-il issu, pourront se demander les néophytes ? Project Justice comme son nom ne l'indique pas, n'est rien d'autre que la suite de Rival Schools, sorti deux années auparavant sur PS1. Un sacré titre de baston, déjà tout en 3D, qui a fait le bonheur de nombreux joueurs, mais également le mien, comme vous pourrez le constater dans le Top 5 des plus grands titres de combat en 3D sur la machine. La belle nouveauté de cette suite, qui nous place encore et toujours au milieu d'une joyeuse bande de collégiens japonais tous aussi doués en baston que les plus grands maîtres d'art martiaux, constitue la possibilité de former non plus une équipe de deux combattants, mais bien cette fois, de trois personnages, qui offriront alors des possibilités de combos décuplées. Le système de combos et de contres de ces même attaques spéciales se situe au coeur du gameplay et permettent d'apprécier toute la folie de Capcom. Le titre conserve, pour notre plus grand plaisir, l'esprit décalé de la série initiée avec Rival Schools, et voir par exemple le Hayato professeur d'Aikido mettre une fessée à Shoma notre héros joueur de baseball émérite, pour ce qui sera l'une des innombrables pastilles improbables offertes par des développeurs plus inspirés que jamais. Si l'on ajoute à cela une maniabilité toujours aussi fluide et permissive, qui permet à tout un chacun de s'amuser après quelques minutes de jeu, et une réalisation forcément revue, et à la hauteur des attentes sur Dreamcast, on obtient rien de moins qu'un incontournable de la machine. Un jeu à essayer ou à relancer entre amis, et qui offre une expérience au plaisir toujours intact. De quoi lui assurer une place sur le podium du jour n'est-ce pas ?

 

 

 

 

 

 

Numéro 2 : Marvel vs. Capcom 2 : New Age of Heroes

C'est encore et toujours Capcom que l'on retrouve en seconde place de ce classement, au niveau décidemment très relevé. Et pour cause, puisqu'il nous adresse avec ce Marvel vs. Capcom 2 : New Age of Heroes rien de moins que le meilleur jeu de combat en 2D de la machine, pour ce qui constitue aussi possiblement le sommet de cette série de crossover, qui continue pourtant de vivre sa vie sur diverses consoles plus récentes. Un épisode qui prend déjà des airs de cadeau ultime aux fans des personnages de Marvel, de Capcom et en particulier Street Fighter et consort, avec un casting à peine imaginable de 56 personnages jouables. Oui, vous avez bien lu, 56 combattants qui viennent ici tous équipés d'attaques spéciales toutes plus spéctaculaires les unes que les autres, pour plus que jamais, nous en mettre plein la vue. Décharges d'énergie immenses, sauts stratosphériques, combos à plusieurs, qui pourront voir vos trois personnages à l'écran s'agiter pour vous sortir une attaque que vous n'aurez jamais imaginé possible dans un autre jeu que ce Marvel vs. Capcom 2 : New Age of Heroes, complètement fou. L'action entends ne pas proposer le moindre temps mort, et se veut être un véritable feu d'artifice, ce qu'il réussit amplement, tout en oubliant pas d'y inclure quelques subtilités de gameplay, afin que les spécialistes du genre puissent faire la différence tout de même ! Une belle manière de contenter les joueurs réguliers, comme les novices ou les amateurs qui aiment se mettre joyeusement sur la tête pour quelques parties. Facile à prendre en main, et difficile à maîtriser dans ses moindre détails. La marque des grands jeux, assurément. La réalisation est au diapason de l'effort consenti sur le gameplay, puisque la présentation est tout simplement magnifique, les personnages sont animés à la perfection et le tout prends place dans des décors en 2.5D sublime, et ce, même si certains trouveront qu'ils cassent le beau parti pris de la série qui mettait en avant un magnifique pixel art en guise de terrain de jeu jusqu'alors. On ne peut que s'incliner devant la qualité du travail fourni par les artisans de chez Capcom. Un titre magnifique, qui a beaucoup d'énergie à revendre, et qui reste depuis deux décennies maintenant, ce qui se fait de mieux en terme de crossover dans un Beat them all. Une référence en somme.

 

Numéro 1 : Soulcalibur

Marvel vs. Capcom 2 : New Age of Heroes est certes une référence en matière de jeu de combat en 2D, mais ce constat est encore plus visible pour le bien nommé Soulcalibur dès lors que l'on aborde le cas de son pendant en 3D. Indéniable réussite de Namco en Arcade et sur Dreamcast, ce jeu, révolutionnaire diront certains, est clairement à sa sortie en 1999, en avance sur son temps. De par ses qualités techniques tout d'abord, ou je ferais avec le recul, le constat suivant : En 2021, la finesse des graphismes n'est certes plus ce qui se fait de mieux, si on doit la confronter aux toutes dernière productions, mais elle reste tout à fait honorable et tient parfaitement la route face à bon nombre de titres plus récents. Surtout, cette plastique toujours aussi agréable à l'oeil aujourd'hui, et toujours aussi cohérente, tire le meilleur des capacités de la Dreamcast et se place résolument largement au-dessus du lot, pour en faire le titre le plus impressionant de la machine. Tous les autres éléments techniques, des effets de lumière, en passant par la qualité de l'animation d'une fluidité confondante, à la maniabilité délicieuse, sont du même niveau et nous laisse songeur sur les capacités d'un Namco à proposer d'autres titres de ce calibre sur Dreamcast, s'ils s'en étaient donné les moyens. Que puis-je ajouter à ce Soulcalibur qui n'a déjà été dit ? Qu'il est doté d'un casting absolument irréprochable, permettant de choisir son style de combat et ainsi tirer le meilleur de chaque personnage qu'il faudra approcher avec un état d'esprit qui lui est propre. Chaque arme blanche se manie en effet de façon très différente, apportant une variété dans les coups et les enchaînements jusqu'alors rarement vue. Chaque pas de côté, chaque feinte, chaque mouvement d'ajustement pour mieux casser la distance a son importance dans Soulcalibur, de quoi en faire un titre d'une exigeance certaine, mais ô bonheur, sur lequel on s'amuse instantanément. Sacré performance ! Il n'en fallait pas moins pour devenir le second jeu de l'Histoire, et bien sur le seul de la Dreamcast, à obtenir la note parfaite de 40/40 au sein du célèbre magazine Famitsu. Il sera alors le second à réaliser cet exploit, qu'il partagera pour un temps avec le seul célèbre héros de Nintendo, un certain elfe de la forêt à tunique verte, lui aussi passé avec succès au tout 3D. On retrouve de fait Soulcalibur à la seule place qu'il mérite dans ce classement, la première, et même au-delà, là-haut, tout là-haut, au Panthéon du jeu vidéo.

 

 

En voilà un sacré panel que celui-ci, car croyez moi, pour obtenir un tel Top 5, j'ai dû procéder à un sacré tri. La Dreamcast a fait honneur au genre, c'est peu de le dire, et ce malgré sa durée de vie relativement restreinte. Elle n'a certainement pas à rougir de la comparaison avec ses consoeurs 128 bit. Vous allez encore mieux vous en rendre compte en parcourant l'habituelle liste des recalés du jour, à commencer par les deux jeux que j'ai longuement hésité à introduire dans le classement aujourd'hui, et qui auront donc droit à cette fameuse sixième place. Oui c'est comme ça, il y a deux sixième places cette semaine, mais comme la vie est bien faite, l'un de ces titres est en 3D, et l'autre...vous l'avez deviné, en 2D. Il s'agit de Jojo's Bizarre Adventure tout d'abord, qui nous régale de ses superbes pixels pour un jeu de combat ma fois fort original et qui fera le bonheur des adeptes du Manga ou de l'Anime. De Dead or Alive 2 ensuite, le second volet de la série de la Team Ninja, plus belle et rebondissante que jamais. Une sacrée paire de...jeux, qu'il vous faut absolument découvrir, et qui méritent leur place dans nombre de Tops 5.

Ne nous attardons pas sur le cas de Marvel vs Capcom premier du nom,presque aussi bon que son petit frère, mais qui présente une formule très proche de celle de son aîné, pour dire quelques mots de Capcom vs. SNK, un autre redoutable crossover, et un rêve d'enfant qui se réalise pour beaucoup d'adeptes de la baston ! SNK nous rappelle ainsi qu'il est encore bien présent dans le coeur des joueurs, et cela se passe aussi sur Dreamcast, par le biais de portages de qualité.  Les excellentes conversions de The King of Fighters : Dream Match 99, The Last Balde 2, ou encore Fatal Fury : Garou Mark of the Wolves  sont autant de preuves de bon goût d'un développeur de légende qui fait honneur à la belle console blanche de Sega. Plus anecdotiques, des titres tels que Plasma Sword, ou Fighting Vipers 2, trouveront un intérêt si vous avez déjà écumé le reste du catalogue. Mais avant cela, s'essayer à une belle alternative aux jeux de combat tels qu'on l'entend habituellement, à travers Ready to Rumble Boxing Round 2, un jeu à mi-chemin entre jeu de boxe et le titre de baston, s'avère très rafraichissant. Enfin comment finir ce billet sans évoquer le cas Virtua Fighter 3tb, un très bon jeu au demeurant, mais qui marque quelque peu le retrait de la série qui avait atteint une première apogée avec le second épisode sur Saturn. Peut-être paradoxalement le plus gros loupé de Sega sur sa chère Dreamcast...

N'hésitez pas à vous jeter dans l'arène comme vous savez si bien le faire, il y a beaucoup à dire sur les jeux de combat sur Dreamcast, où quantité rime souvent avec qualité. Avant de quitter le monde des constructeurs de consoles, Sega nous a laissé avec la Dreamcast un sacré héritage, et la preuve éclatante de sa maîtrise technique. Rendons leur hommage ici une nouvelle fois.

Et à très vite pour un nouveau Top 5, puisque le beau temps ne semble pas s'installer pour me dicter mon départ en vacances...