En voilà un exercice périlleux aujourd'hui, puisque je vais parler de jeux auxquels je n'ai jamais, ou quasiment jamais joué. Vous avez bien lu ! Alors avant de vous insurger, en vous écriant : " Il va aborder un sujet qu'il ne connaît pas, mais que va-t-on apprendre de tout cela ?! " Je vous demande quelques instants de bienveillance. Car tout de même, nous allons parler de RPG ! Même si j'aime me revendiquer comme quelque peu spécialiste du genre, après plus de trois décennies à écumer une grande partie des titres disponibles sur toutes les consoles qui ont vu le jour depuis l'ère des 8 bit, cela me sera d'une utilité toute relative ici. Car, si je m'y suis essayé en surface, les titres que je vais évoquer aujourd'hui restent pour moi largement incompréhensibles, et donc inconnus. Je m'attaque ainsi à un sacré phantasme pour l'amateur de RPG que je suis, à savoir divaguer sur la base de ce que j'ai pu glaner comme information auprès de la presse, d'internet, et de quelques connaissances qui ont eu le loisir et la chance de parcourir ces jeux, maîtrise du japonais à l'appui.
Voir les critiques dityrambiques d'un jeu auquel je suis, depuis très longtemps, frustré de ne pas pouvoir me confronter, barrière de la langue oblige, m'obligent cependant à aborder un jour leur cas ici. Et ce jour est arrivée, je m'attèle à la tâche. Plus que jamais, je compte sur mon expérience, au fait qu'avec le temps, j'arrive entre les lignes, à déceler les titres qui méritent toute mon attention, et donc la vôtre. Il faut dire que l'offre disponible en matière de RPG au Japon est tout juste sidérante, et la difficulté de traduire de tels oeuvres font qu'une énorme partie de la ludothèque est restée cantonée au pays du soleil levant, pour mon plus grand malheur. Alors maintenant que vous avez le contexte, il me reste à ajouter la simple petite règle d'usage : Pas plus d'un titre par série. Sans plus attendre, plongeons nous au coeur de cette envie qui a grandit avec les années et qui font de cette poignée de jeux, aussi bizarre que cela puisse paraître, des RPG incontournables à mes yeux. Regardons de plus près ensemble le Top 5 des RPG que la communauté se doit de traduire de toute urgence, afin que l'on puisse goûter enfin à ces merveilles, et que je puisse assouvir, en tout bien tout honneur, une partie de mon fantasme de joueur !
Numéro 5 : Shinsetsu Samurai Spirits Bushidō Retsuden (Samurai Spirits RPG) sur Neo Geo CD
On débute tambour battant avec un jeu qui semblait alors proposer un improbable mélange des genres, et surtout, supposait que l'on allait se confronter enfin aux meilleur de deux mondes, le tout sur une console qui devait prendre la suite de la déjà mythique Neo Geo. Et ce, même si le titre a ensuite été porté sur PS1 et Saturn, dans une version qui semble pourtant inférieure, car SNK a voulu frapper un grand coup avec Shinsetsu Samurai Spirits Bushidō Retsuden, cela ne fait aucun doutes. Et puisque l'on parle d'un alliage qui associe deux poids lourds, il est temps de citer les références : Samurai Shodown tout d'abord, la fine lame des jeux de baston made in SNK, qui fait figure de référence absolue en matière de jeu de combat à l'arme blanche sur la Rolls Royce des consoles de salon. Un eden alors inatteignable par la concurrence. Final Fantasy ensuite, puisque SNK ne s'en cache pas, il s'inspire de la série phare de Squaresoft en proposant un RPG au tour par tour, possédant une galerie de personnages qui semblent tous dotés d'un arc scénaristique distinct, rappelant ainsi en filigramme, le sixème épisode de la grande série du maître en la matière. Pour ne rien gâcher, la présentation de ce Shinsetsu Samurai Spirits Bushidō Retsuden est tout simplement magnifique. Sorti un peu à contre-temps, alors que tout le monde porte son regard vers des jeux qui lorgnent franchement vers la 3D, ce qui lui coûte sans trop de doutes une éventuelle localisation en Europe et aux Etat-Unis en 1997, cet improbable RPG se voit doté de graphismes en 2D somptueux. SNK est un orfèvre en la matière, et cela transpire par tous les pores du titre. Le voir animé est un second moment d'émerveillement, et l'on sourit de découvrir le jeu multiplier les effets de zoom pendant les combats. On ne se refait pas chez SNK, et il était hors de question de ne pas intégrer de solides éléments issus des mythiques jeu de baston de la firme. A la lecture de nombreuses critiques, il semblerait que le scénario soit toutefois un peu convenu, et les aspects RPG pas assez poussés pour égaler les ténors. Mais tout de même, être happé dans l'univers de Samurai Shodown et voir nos personnages préférés se balader en plein Japon médiéval, c'est un peu un rêve de gosse qui se réalise. Un rêve malheureusement pour l'instant inacessible, à moins de pratiquer le japonais !
Numéro 4 : Sakura Wars 3 : Is Paris Burning ? sur Dreamcast
Encore un mélange des genres en quatrième place aujourd'hui. Mais d'une toute autre nature ici, avec Sakura Wars 3 : Is Paris Burning ? Voici le titre Dreamcast que je regrette amèrement à ce jour, ne jamais avoir pu terminer. Savant mélange entre Tactical RPG et Visual Novel, ce titre particulièrement encensé par la presse spécialisée à sa sortie, a de plus, le bon ton de se dérouler en plein Paris. Une ville où je suis né. Certes, on ne verra pas beaucoup de pigeons, ni de stations de métro lugubres dans Sakura Wars 3 : Is Paris Burning ? Après tout, le Japon fantasme au moins autant cette ville que je ne me morfond de ne pouvoir tester leurs meilleurs RPG. Alors on se retrouve en plein Paris des années folles, celui des Man Ray et des Kiki de Montparnasse, en compagnie d'héroïnes qui portent des noms aussi improbables que Caprice, ou...Grand-mère et l'on se réunit aux Chattes Noires, qui nous sert de QG et de lieu de drague entre deux batailles. Toute la démesure et le talent des développeurs japonais qui semblent nous livrer une vision de Paris qu'eux seuls sont capables d'imaginer. Avouez que cela nous pousse, petits parisiens que nous sommes, à nous intéresser à ce titre aussi magnifique qu'étrange. Car oui, Sakura Wars 3 : Is Paris Burning ? avec son style fort réussi qui lorgne largement sur celui d'un Animé, profite pleinement des capacités de la Dreamcast pour nous bluffer par sa réalisation qui se rapproche définitivement d'un véritable délice télévisuel. Enorme cerise sur le gâteau, le scénario se prétend aussi fou et génial que le contexte semble le suggérer, et les phases tactiques apparaissent comme particulièrement exhaltantes. Les phases de Visual Novel et tactiques possédant qui plus est des liens directs intéressants, puisque vos affinités en combat vont dépendre de votre relation avec les différentes membres de l'escouade des Fleurs. Oui, c'est bien le nom que porte votre petite armée basée en plein Montmartre. Je ne plaisante pas, et Sakura Wars 3 : Is Paris Burning ? lui, n'est pas là non plus pour plaisanter, il est, et demeure, l'objet de tous les désirs pour les amateurs de Dreamcast et de Tactical RPG. Un rêve dont doit se saisir d'urgence la communauté, pour permettre aux adeptes de Paris de vivre enfin une aventure digne de la ville des Lumières.
Numéro 3 : Linda³ Kanzenban sur Saturn
Marre de partir chasser les sorciers et les dragons ou de vous transformer en pilote de vaisseau spacial pour sauver la galaxie ? Linda³ Kanzenban semble alors être le RPG qu'il nous faut. Ultime version de Linda³, un titreparu initialement sur PC-Engine CD, ce RPG scénarisé par un maître du genre, Masuda Shoji, auteur entre autres des plus belles aventures de la populaire série sur l'archipel des Far East of Eden, nous est proposé ici semble-t-il dans une mouture définitive, sans aucune restriction technique, ni censure. Les thèmes abordés par ce jeu atypique sont en effet sensibles, et en font de fait, un objet délicat, mais également, d'autant plus désirable. S'inspirant librement du mythe de l'Arche de Noé, l'espèce humaine en péril reçoit un message divin qui lui permettra peut-être de se sauver de la décrépitude dans laquelle elle s'est irrémédiablement installée. Mais avant de déterminer le couple qui devra prendra place au sein de l'Arche, afin de mieux sauver l'ensemble de l'humanité, il faudra s'extirper non pas une fois, mais trois fois ( d'où le titre du jeu), des imprévus de la vie. Eviter les bâtons dans les roues qui seront mises sur le chemin de la frêle Linda et de son acolyte Ken, les héros qui vont nous faire vivre une aventure qui paraît aussi crue et sanglante que passionnante. Linda³ Kanzenban semble ne pas prendre beaucoup de pincettes, et chaque scénario, fort original, laisse envisager une occasion de plus de s'attacher à cet univers si particulier. Tout semble étrange dans ce RPG, jusqu'à la sélection des personnages secondaires qui vous accompagnent dans l'aventure, composée exclusivement d'animaux, eux aussi en bien mauvaise posture et qui, face à l'état de détresse de la nature, commencent également à perdre la tête. On peut s'attendre à une aventure aussi déprimante que sublime ici, portée par une réalisation qui fait honneur aux capacités en 2D de la Saturn et s'inscrit comme l'aboutissement de ce que propose le genre sur la génération qui précède à l'apparition de Final Fantasy 7. Cette plongée dans un nouveau genre de RPG, au style et aux propos crus, sans filtres, fait de ce Linda³ Kanzenban un objet de tous les désirs depuis plus de deux décennies maintenant. Un RPG que j'aurais peut-être le plaisir de découvrir un jour, si une âme capable et charitable se penche sur son cas et nous offre enfin, un traduction digne de son aura unique acquise avec le temps.
Numéro 2 : Kaze no Densetsu Xanadu (The Legend of Xanadu) sur PC-Engine CD
Linda³ est, vous l'avez compris, un jeu dont la génèse est intimement liée à l'histoire de la PC-Engine. Dire que cette machine a connu un destin hors normes au Japon, notamment en matière de production de RPG, n'est en rien une exagération. Et les titres de qualité se sont succédés sans relâche sur la machine, pour le plus grand bonheur...des amateurs maîtrisant le japonais. L'immense majorité des jeux étant, ô malheur, demeurés orphelins de toute traduction. Et d'entre toutes ces propositions, celle qui depuis très longtemps, me donne une énorme envie de me lancer dedans à corps perdu se nomme The Legend of Xanadu. Imaginez un peu le tableau : Un Ys sous stéroïdes, proposé par Falcom, porté par les capacités CD de la PC-Engine, qui nous offre un monde aussi vaste que grouillant de vie, le tout ponctué par de superbes scénes animées, une musique de fou, et un scénario en béton. Falcom nous vends un système d'expérience et de montée en niveau de ses équipement fort originale, un cycle jour nuit qui semble avoir une grande influence sur les interactions avec les PNJ, pour un Action RPG qui mixe avec beaucoup de classe à l'écran, les phases en vue de dessus et de côté. Comme je vous le disais, ce titre semble tirer le meilleur de ce que la série Ys nous offre jusqu'alors. Pour un RPG de 1994, et grâce à l'aide du support CD, The Legend of Xanadu est fort agréable à l'oeil, et les photos qui ornaient les pages des magazines spécialisés lors de sa sortie, n'ont pas manqué de me faire un sacré effet ! Tout comme les commentaires dithyrambiques des quelques testeurs qui ont eu la chance de vivre l'expérience et qui plaçaient ce RPG de Falcom tout en haut de la liste des incontournables de la machine. Résumons : Une console mythique, un développeur mythique, un jeu qui a obtenu partout des notes incroyables et qui s'inspire du maître absolu de l'Action RPG. Un rêve...qui à l'image deYs Book 1&2, j'attends au tournant avec une énorme impatience sur ma PC-Engine CD, traduit dans la langue de Shakespeare. Un rêve qui ne s'est malheureusement jamais réalisé, et qui reste à ce jour, l'une de mes plus grandes déceptions de joueur. Un rêve qui me voit mettre un jour la main sur The Legend of Xanadu, découvrir son scénario et parcourir son vaste monde...
Numéro 1 : Tengai Makyō: Daiyon no Mokushiroku (Far East of Eden : The 4th Apocalypse) sur Saturn
A la source de toutes bonnes choses, on retrouve NEC, et sa PC-Engine, que tout amateur de RPG aura béni à maintes reprises. Vous commencez à en avoir l'habitude, c'est sur cette vénérable 8 bit que démarrent de nombreuses saga phare du RPG nippon. Et si l'on devait en choisir une saga qui surpasse toutes les autres en matière de notoriété et de qualitées supposées, on jeterai sans trop d'hésitations son dévolu sur la série des Far East of Eden. Projet central de la montée en puissance de la machine et de son support CD alors extrêmement novateur, ces quelques RPG signés du développeur Red, ont marqué la vie de la console et celle des joueurs, qui au Japon ont eu le plaisir de découvrir ses vastes contrées colorées et ses personnages empreints d'humour. A vrai dire, j'aurai pu mettre en première position quasiment n'importe quel épisode de la série, la majorité d'entre eux n'ayant à ce jour pas encore étés traduits, et en particulier Far East of Eden 2 : Manji Maru, qui semble, avec sa durée de vie phénoménale et son casting incroyable, représenter la quintessence du RPG sur PC-Engine. Mais non, pour la seconde fois aujourd'hui, nous allons aborder le cas d'un RPG Saturn, et plus précisement nous pencher sur le cas de Far East of Eden : The 4th Apocalypse. Sakura Wars 3 : Is Paris Burning ? s'intéressait à la ville de Paris. Ce quatrième épisode canonique de la série des Far East of Eden, quittera lui aussi sa terre natale pour s'intéresser de plus près à la culture américaine. Une proposition intéressante si l'on considère l'ADN de la saga, qui transpire assez nettement jusque dans son titre. Oui, Red à des choses à dire sur l'Amérique, et comme à son habitude il va le faire avec beaucoup de classe et d'humour, cela ne fait aucun doutes. Fort de mes certitudes aquises en compagnie de Far East of Eden Zero sur Super Famicom et Far East of Eden : Oriental Blue sur GBA, je suis plus que convaincu aujourd'hui de me lancer dans une immense aventure, le jour ou cet épisode Saturn trouvera le chemin d'une traduction. Je prends en attendant, mon mal en patience, et jette de temps en temps un coup d'oeil à quelques superbes screenshots issus du jeu, qui perpétuent mon envie de me jeter à corps perdu dans l'aventure. La présentation est superbe, les graphismes d'une grande finesse, les séquences animées fort dynamiques, le casting complètement barré et délicieux, et le propos semble particulièrement tordant et captivant. Bref, le RPG parfait ! Je croise les doigts pour un jour, voir apparaître cette merveille tant désirée, dans la liste des jeux traduits, enfin, par la communauté !
Alors comme ça, il n'y aurait que 5 RPG qui méritent une traduction d'urgence ? Vous avez naturellement déjà la réponse à cette question. La proposition est tellement variée et dense à travers les époques, qu'il en ressort forcément une liste assez longue de titres que je bave d'envie d'essayer enfin, un jour... A commencer par ces quelques pépites sur PC-Engine, à la quelle on attribue le prix de reine du RPG nippon sans aucune hésitation. On a assez longuement évoqué les différents épisodes de la série des Far East of Eden, née sur la 8 bit de NEC, mais on a omis d'indiquer que The Legend of Xanadu avait connu une suite. Allez scruter quelques screenshots de The Legend of Xanadu 2, et revenez me dire si vous ne mourrez pas d'envie de vous essayer également à cet épisode ! Impossible de passer sous silence Seiya Monogatari: Anearth Fantasy Stories, un autre titre phare de la console, au design délicieux, tout comme le quatrième et dernier épisode de la série des Cosmic Fantasy. Mais laissons cette très chère PC-Engine derrière nous, et évoquons le cas de celle qui a pris la suite de la console chère à Hudson, la Saturn. Ici, en dehors des titres déjà présentés, je ne pourrais passer sous silence Princess Crown, un magnifique Action RPG signé de la future équipe de Vanillaware. Ayons une pensée par ailleurs pour Langrisser 5 : The End of Legend, qui fait suite à l'excellent quatrième épisode, doté lui, heureux que nous sommes, d'une traduction depuis quelques années.
Plus proche de nous, la Dreamcast a également connu la sortie de quelques grands RPG, en dehors du troisième épisode de Sakura Taisen. Mon amour pour cet immense artiste qu'est Yoshitaka Amano me fera tourner le regard avec envie sur le phénomène El Dorado Gate, ce RPG en épisodes, qui dégage, comme on pouvait s'y attendre une esthétique incroyable. J'ajouterai à la liste un délire atypique digne de Sega, le bien nommé Segagaga. Sans doutes un chef d'oeuvre de dérision que j'aimerai un jour découvrir. Sur les consoles de Sony, la PS2, console au succès insolant se devait de posséder quelques RPG oubliés sur lesquels on aimerait tant passer quelques heures. Dragon Shadow Spell et Venus & Braves sont de ceux-là. Avouez que leur plastique invite au rêve. Du côté de la PSP j'évoquerai bien Genso Suikoden: The Woven Web of a Century, vu la qualité générale de la série, et malgré les rétitences de certains. Mais vous le savez, l'autre console phare du RPG nippon demeure la PS1, une machine qui a accueilli une multitude de titres du genre. La liste du père Noël est ici longue, très longue. La série des Super Robot Taisen se poursuit sur PS1, alors que débute celle des Growlanser, dont le premier épisode reste à ce jour exclusif au Japon. London Seirei Tanteidan tout comme Suzu Monogatari ou encore Black Matrix et Bealphareth donnent furieusement envie. Enfin, et pour rendre un dernier hommage à Alpha System le créateur de Linda³, Gunparade March et Ore no Shikabane o Koete Yuke vont conclure cette magnifique liste comme il se doit.
N'hésitez pas à ajouter votre pierre à l'édifice dans les commentaires, il y a forcément un RPG qui vous toise depuis de nombreuses années, sans pour autant s'offrir à vous. L'attente est pénible, mais la délivrance est au bout du chemin, grâce à une communauté toujours plus active et vivace, dès lors qu'il s'agit de traduire ces RPG tant désirés. Ne perdons pas l'espoir !
Et à très vite pour un nouveau Top 5, où nous allons, une dernière fois avant les vacances d'été, nous mettre joyeusement sur la g...