Avant toute chose, pas la peine de venir m’expliquer en commentaire que le jeu est sorti en 1989, la date mentionnée dans le titre est la date à laquelle je me suis essayé au jeu pour la première fois.

Synopsis

Un gang de loubards a kidnappé la damoiselle d’un beau gosse, fille d’un catcheur à la retraite, accessoirement maire de New York Metro City. Accompagné de leur pote karatéka, ils vont aller déchausser les ratiches de ces manants pour secourir la gente dame en détresse et accessoirement débarrasser la ville de ces vauriens.

Bon, le pitch du jeu reste assez simple, comme de nombreux jeux de l’époque d’ailleurs. Pas besoin de justification métaphysique pour aller coller des bourre-pifs à des voyous.

Nos 3 vaillants héros à la rescousse de la dame

Gameplay et Technique

Un beat them all des années 80/90 dans toute sa splendeur. 1 bouton pour cogner, 1 bouton pour sauter. Il en existe un 3e pour échapper aux choppes que j’ai découvert 30 ans plus tard…

Les caves de Metro City sont décidément mal famées

Il est possible de jouer à 2. C’est toujours plus rigolo à 2, surtout que les crédits descendent plus vite. 6 niveaux à traverser remplis d’ennemis (7 types d’ennemis différents, chaque type ayant plus ou moins de variations) qui se terminent pour chacun par un inévitable boss de fin de niveau.  

Le mystère des fins de ligne de métro enfin élucidé

On croisera aussi des niveaux bonus au cours des tribulations de nos braves (dont un qui sera réutilisé plus tard dans un succès interplanétaire du même éditeur).

3 héros disponibles donc, chacun obéissant à une règle qui semble immuable maintenant : Guy, le petit rapide mais faible, Cody le gars équilibré et enfin Haggar le mec lent mais puissant.

Capcom nous a servi une formule classique (un certain jeu est déjà passé par là) mais au combien efficace ! La concurrence se retrouve rapidement au tapis, devant le talent déployé par les développeurs nippons !

Le jeu est coloré, les sprites sont gros (un argument de poids à l’époque), les animations sont fluides et les ennemis nombreux à l’écran, le jeu ne souffre que de très peu de ralentissements. Capcom frappe assurément un grand coup, Final Fight devenant alors le mètre étalon des futures productions de ce genre si populaire dans les années 90.

Même avec des ennemis nombreux, le jeu ne ralentit pas !

À l’époque

Aux alentours de la rentrée scolaire 1991 :

Copain B (le nom a volontairement été masqué pour préserver l’anonymat de celui-ci) : « Faut que tu viennes au bar, il y a un jeu, il est trop bien ! »

Moi : « Mes parents veulent pas que je traîne au bar, sauf quand ils veulent que j’achète leurs cigarettes »

Copain B : « Non mais il faut absolument que tu viennes !!! »

Moi : « Bon d’accord » (vous noterez que je n’ai pas mis longtemps à être convaincu de désobéir à mes parents)

Une fois devant la borne :

Moi : « Wouaaah, y sont gros les bonhommes ! » (je vous avais prévenu précédemment)

Copain B : « Ouais, beaucoup plus gros que dans Double Dragon 2 !!! »

Moi : « Il est trop bien ce jeu !!! » (alors que je n’ai toujours pas glissé la moindre pièce dans la fente et que je n’ai donc toujours pas joué au jeu)

Moi : « Mais on joue comment à ce jeu ??? » (je manipule le stick dans tous les sens et appuie sur tous les boutons à ma vue)

Copain B : « Faut payer »

Moi : « Hein ??? Quoi ??? ça craint !!! » (je tiens à vous préciser que je ne connais pas encore les bonnes d’arcade à ce moment-là, mes parents m’interdisant de traîner dans ces lieux interlopes)

Ma première rencontre avec ce jeu a, je dois vous l’avouer, été plutôt frustrante. Le jeune garçon prépubère que j’étais ne disposait alors que de peu d’argent de poche. Argent de poche qui était d’ailleurs très souvent dilapidé dans des bonbecs. Mes rencontres suivantes furent toutes aussi rageantes. Je profitais des requêtes de mes parents qui m’envoyaient au bar-tabac du coin (quêtes Fedex IRL) pour admirer la démo du jeu tourner en boucle sans parvenir à m’y essayer.

Néanmoins, après avoir eu réussi à soudoyer quelques pièces de 1 franc à mon père, je pus enfin mettre les mimines sur ce graal tant convoité (« t’as vu comme y sont gros les bonhommes !!! »).

Le rire de la mort (Copain B ©)

Et là, je dois admettre que ce fut le nirvana ! Court mais intense ! Prise en main immédiate (seulement 2 boutons, vous vous rappelez ?) et jubilation de pouvoir enfin rosser ces gredins qui ont enlevé la magnifique Jessica (« et t’as vu, on voit ses seins dans le début !!! »)

PEGI 18

Cependant, le patron de l’établissement pensait avant tout à la rentabilité de son matériel plutôt qu’au plaisir éprouvé par de petits préadolescents, la difficulté de la borne était donc poussée à son maximum. La barre de vie de mon perso descendait aussi vite que la bière bue par le pilier accoudé au comptoir du bar.

À la suite de cette première partie rapide mais roborative, je pris la décision de consacrer mes maigres deniers gagnés à la sueur de mon front (oui, mon maigre argent de poche quoi) à tenter de délivrer la belle des mains de ces scélérats.

Au fur et à mesure des pièces de 1 franc (ou 5 francs les jours fastes) glissées dans la fente, ma dextérité et mon sens du timing s’amélioraient et je progressais inévitablement. Chaque partie me rapprochait de la libération de la douce et tendre Jessica.

Mange ça scélérat !

Sauf que…sauf que…

Je butais sur un boss que je n’arrivais pas à terrasser !

Un ripou comme on les aime !

Je perdais constamment contre cette crapule nourrie au donut d’Edi. E. Sa matraque et son arme de service avait toujours raison de mes crédits. Enfin, jusqu’au jour où Copain D (le nom a volontairement été masqué pour préserver l’anonymat de celui-ci) vint glisser une inespérée pièce de 10 francs au moment où je m’apprêtais à passer à trépas contre ce brigand une nouvelle fois encore. Et mon Némésis fut enfin vaincu ! Encore une victoire de l’homme contre la machine ! Ma joie fut de courte durée, le niveau suivant étant tout aussi vicieux !

Les flammes de l’enfer (Passi ©)

Nos crédits fondirent comme neige au soleil jusqu’à ce qu’un militaire du dimanche vienne anéantir nos espoirs de poursuivre plus loin notre épopée.

Moralès ! Moralès !

Je l’ignorais encore mais je ne parviendrais plus jamais à aller aussi loin dans le jeu à nouveau. Quelques semaines après cet exploit (de mon point de vue d’enfant de 10 ans), le gérant du bar du coin décida de remplacer la borne de Final Fight par un nouveau jeu…J’étais dévasté, je ne pourrais plus jamais sauver la magnifique Jessica ! Je partis alors à la recherche d’une borne Final Fight dans les salles d’arcade de ma ville mais ma recherche était vaine. Mon expérience sur ce jeu s’arrêtait donc là !

Game over !

Et maintenant ?

En omettant volontairement toutes les conversions de ce jeu sorties sur les différents supports auxquelles j’ai bien évidemment joué mais qui ne font pas l’objet de ce post de blog, je n’ai remis les mains sur cette version Arcade que bien des années plus tard. Et sous un format pas très légal ahem. Oui, je sais, c’est mal mais que voulez-vous ? Quand j’ai appris que je pouvais rejouer à mon premier amour d’arcade et enfin secourir Jessica, je n’ai pas pu résister !

Résultat des courses : le jeu est toujours aussi bon ! Le poids des années n’a pas altéré en quoi que ce soit les qualités ludiques de ce petit bijou !

Soirée cuir moustaches dans les toilettes de Central Park

Le beat them all a certes connu un renouveau sur les dernières générations (God of War, Bayonetta, etc…) après être tombé en désuétude, le charme du jeu opère toujours. J’avoue être très sensible au design de type pixel art/2D, le jeu souffre tout de même de défaut qui pourraient rebuter les nouveaux venus (faible nombre de coups disponibles, hitbox parfois capricieuse, faible nombre de niveaux, etc…). Au-delà des aspects techniques du jeu qui ont nécessairement pris un sacré coup de vieux, Final Fight reste un monument du jeu vidéo. Pour ce qu’il a proposé pour son époque et pour ce qu’il a défini comme norme pour le genre de jeu auquel il appartient.

Magnifique levée de soleil à Central Park

Je relance fréquemment une partie de Final Fight (15-20 minutes max), histoire de me détendre en savatant des malandrins. Ce jeu fait définitivement partie de mon ADN de joueur, j’ai donc pris la décision de consacrer mes maigres deniers gagnés à la sueur de mon front (oui, mon maigre argent pour mes loisirs quoi) à tenter de me procurer une bonne d’arcade originale de ce jeu pour mon petit nid douillet ! Simplement pour retrouver les sensations de glisser une pièce dans la machine et d’entendre s’incrémenter le compteur de crédits !

Les beaux quartiers sont tout aussi mal famés !

Pour ceux suffisamment motivés pour m’avoir lu jusqu’au bout, n’hésitez à partager vos impressions sur ce jeu ou alors n’importe quel jeu d’arcade qui vous aurait marqué dans les commentaires.

À bientôt !