Attention: peut-être que certains l'ignorent dans
l'assemblée, mais ce deuxième épisode se déroule en Italie. Pour plus
de professionnalisme et d'objectivité, je me lance un défi: placer
plusieurs mots d'origine italienne complètement idiots afin de corser
cet article. Et ces mots seront: pepperoni, chianti, pizza,
saltimbocca, Don Corleone, mascarpone, santiago et Rocco Siffredi.
Bon,
j'avoue, beaucoup de ces mots ont une consonance culinaire (et autres
joyeusetés), et un intrus espagnol s'est glissé dans cette liste. Mais
comme il y a des espagnols dans le jeu, je ne suis pas hors-sujet.

 

Un air de déja vu

1476. Après un premier épisode chez les Croisés, Desmond se retrouve
dans le slip de son ancêtre de la Renaissance, prêt à profiter d'un bon
verre de chianti. Je vous fais grâce du background de l'univers de
Desmond, il faut avoir joué au premier épisode pour tout comprendre.
Sachez juste qu'on se retrouve au milieu d'un combat entre les
Assassins et les Templiers, et que Desmond doit chercher des réponses
au XVème siècle pour avoir une chance de lutter contre les Templiers de
son époque.

Premier point non négligeable: la cohérence de l'univers. Alors que
l'univers d'Altaïr ne proposait finalement que quelques points
historiques vérifiables, ce second opus veut clairement s'intégrer dans
l'Histoire réelle, en utilisant le contexte de l'époque (l'affaire des
Médicis, etc...) pour raconter son histoire. Et ça marche! On a même
droit à des informations détaillées sur les personnages et les décors
que l'on croise au fil du jeu. Ça permet d'en apprendre plus sur cette
époque et d'enrichir sa culture, ce qui n'est pas négligeable, surtout
quand on se nourrit uniquement de pizzas.

Le personnage d'Ezio est lui aussi plus intéressant. D'abord gentil
charmeur et un peu coquin sur les bords (il veut se taper tout ce qui a
une poitrine décente), un drame familial va le pousser à se réfugier
chez son oncle et à traquer tous les conjurés responsable de la mort de
ses proches. Une traque qui va le conduire aux Templiers et va malgré
lui poursuivre l'histoire débutée dans le premier épisode. L'histoire
contient pas mal de rebondissements, et l'évolution du héros est plutôt
intéressante et fouillée, contrairement à Altaïr où finalement à part
le début, il n'y avait pas de grands changements.

"Oui, mais des Panzani!" (air connu)

Et techniquement, c'est quand même vachement bon. Aussi bon que du
mascarpone. La réalisation des villes est stupéfiante et plus varié que
le premier. Même les sections entre les villes (campagnes toscanes,
etc...) sont du coup moins ouvertes mais moins énervantes que dans le
premier, où il n'y avait rien à faire (à part attraper des
drapeaux...). Mais la modélisation de Venise et Florence est juste
magnifique, et sauter de toit en toit est toujours aussi trippant,
surtout que la jouabilité d'Ezio est amélioré par rapport à Altaïr: il
grimpe plus vite, ne saute plus n'importe où.

D'ailleurs, en parlant de jouabilité et d'améliorations, le système
de combat a été revu. Enfin pas trop quand même. Au bout d'un moment,
on passe toujours notre temps à attendre l'attaque de son adversaire
pour contre-attaquer et le tuer, puisqu'ils se protègent tout le temps.
Mais c'est quand même nettement plus fluide. On peut récupérer les
armes de ses adversaires, les attraper pour les égorger ou les balancer
du haut d'un toit, utiliser des fumigènes, etc... On a beaucoup plus de
possibilités, même au niveau assassinat discrets: on peut par exemple
planter sa lame directement du haut d'une corniche, chose impossible
avec Altaïr.

Et ainsi les missions en deviennent aussi plus fluides et mieux
ficelés. On sent plus que les missions ont été conçus indépendamment
par rapport à l'histoire, et tout se suit merveilleusement bien. Il n'y
a plus de petites missions répétitives à accomplir avant d'achever sa
cible, on suit juste l'histoire. C'est d'ailleurs à double tranchant.
Ce système permet de s'immerger dans l'histoire et de ne pas s'ennuyer,
mais rend la progression plus linéaire. Le premier épisode permettait
d'obtenir des infos sur sa cible et on pouvait ensuite atteindre sa
proie comme on le voulait. Ici, mis à part quelques gardes qui bloquent
le passage et qu'on éloigne avec quelques filles de joies issus d'un
film de Rocco Siffredi, ça reste linéaire. Donc chacun son avis, cela
ne m'a pas gêné, mais on perd un peu la liberté au profit d'une absence
de répétitivité. Personnellement ça m'a donné envie. Autant qu'un
saltimbocca.

On peut aussi ajouter aussi les quêtes secondaires, bien moins
répétitives que dans le premier. Ça permet d'avoir des décors variés,
pepperoni, même si j'aurais aimé gambader à Santiago du Chili. On y
trouve des tombes d'assassins cachés qui permettent d'obtenir un objet
spécial quand on les termine toutes. Ces séquences sont purement
plate-forme, dans la pure tradition d'un Prince of Persia et font
plaisir à voir, autant au niveau graphique que du level design. On a
aussi quelques plumes à trouver (100, c'est pas grand-chose...), une
villa à améliorer et pas mal de pièces d'armures et autres armes à
acheter. Car la présence d'argent donne un côté RPG à l'ensemble, pas
négigeable du tout.

Beaucoup de points qui ont été améliorés, on peut dire qu'Ubi a su
écouter les joueurs. Même s'il reste quelques défauts (système de
combat pas toujours efficaces mais mieux...), on sent la volonté du
développeur d'en faire une licence forte qui plaira au plus grand
nombre. Et comme dit Don Corleone: "C'est une offre que vous ne pouvez
pas refuser."