Parce qu'il faut bien commencer à un moment de l'histoire, je vais vous parler de cette petite conversation sur facebook. Je discute avec Alban. Ce mec, c'est celui qui m'a permis de travailler sur les bouquins Games History en tant qu'auteur. C'est grâce à lui que j'ai pu m'étaler sur les sagas Gran Turismo, Forza Motorsport et Ridge Racer. Sur Facebook, on discute, on papote, on parle des ventes, des articles de presse qui parlent du bouquin, des projets futurs... et puis voilà:

Voilà qu'il m'invite à Animasia. Sur le coup, je sais même pas ce que c'est. Je note juste les dates dans mon agenda de ministre et je commence à y penser. J'ai jamais mis les pieds dans un salon et y être en tant qu'exposant me titille les papilles. J'habite à la campagne, assez loin de ce genre de joyeuseutés, voilà une bonne occasion de m'aérer la tête avec un truc tout neuf.

Fantasmes

L'Animasia a son site. Un truc bien foutu, bien réalisé, mais qui sent pas vraiment le fric. Je n'imagine pas les gros développeurs ou constructeurs regarder dans sa direction, même de loin. Je commence donc par me représenter cet évènement comme discret, peut être un peu pompeux, avec 200-300 pelos sur le weekend. Je fais un tour du côté des Guest stars, j'y vois quelques youtubbers qui me sont inconnus. Et puis je vois que Kayane y sera. Cool, je sais qui est Kayane. Il devrait y avoir un peu plus de gens que prévu...qui sait, peut être 1000 personnes. La salle ne sera pas pleine de monde, mais on devrait y trouver de l'ambiance. Reste à voir la populace qui viendra...probablement une armada de Geeks en puissance.

Le problème avec ce genre d'a priori, c'est qu'ils vous font toujours passer pour un naze vaniteux, ce que je sais parfaitement bien être quand il faut.

J'ai beau avoir écrit des dizaines et des dizaines de pages dans ce bouquin que je trouve génial, j'ai beau tenir un blog ici depuis 8 semaines, j'ai beau avoir accepté l'invitation depuis aussi longtemps, je ne suis même pas cité dans les personnalités présentes. Retour à la réalité quand on rêve sur son nuage. Un attérissage parfaitement normal pourtant et qui ne m'empêchera pas de trouver ma place. Reste que, sans savoir vraiment à quoi m'attendre, je commence à peine à sentir la puissance de l'évènement. Quelque chose me dit que ce sera plus que ce que je me suis imaginé.

Le Samedi matin arrive, je monte dans ma voiture direction Bordeaux. 3 heures de podcast en compagnie de Gameblog et MO5 histoire de faire passer le temps. Je machouille mon irréel encore un peu, juste le temps de tomber nez à nez avec la plus grosse queue que j'ai jamais rencontrée. De quoi suciter quelques émotions.

"OUAHOUUUUUUUUUUU ..... mais ça va être énorme en fait!"

Préliminaires

J'en crois pas mes yeux. Il doit y avoir au moins 2000 personnes devant l'entrée, en attente de leur bracelet, alors que le salon est ouvert depuis quelques heures déjà. Dans le lot, surtout des teenagers souriants, certains complètement déguisés, maquillés, ou coiffés à la Cloud. Quand je vois à quelle vitesse sub-colima-sonique cette file indienne avance, je me dis que la jeunesse est belle...et patiente. Une vraie leçon pour moi qui peste quand il faut attendre 5 minutes à La Poste.

D'ailleurs cette fois ci, j'ai mon Pass. Enfin presque. Disons que mon nom est sur la liste des invités. Enfin presque. Vu que mon nom n'y est pas je lâche un joli Games History à l'hotesse bénévole perdue au milieu des badges bordéliquement classés. Ca me permet d'entrer avant tout le monde. Je me sens un peu starlette sur le coup et j'ai honte. Mais moi je suis vieux, alors c'est pas grave.

Pénétration

Me voilà dedans... enfin plutôt devant. Parce que je n'avais pas bien lu/compris le plan de la manifestation. En fait, il y a non seulement une salle pleine de stands divers et variés, mais aussi une zone immense à l'extérieur: espaces de jeu, activités en tout genre, exposition d'artistes, de professionnels, goodies, ... Et partout des cosplayers en train de parer, de se maquiller, de faire quelques dernières retouches. Je sens monter en moi un vague souvenir, une sensation... plus je me ballade dans les ruelles d'Animasia et plus je le ressens: je suis en train de retomber en enfance, de tomber le masque d'adulte, happé par la bonne humeur et le délire ambiant. La gaminerie s'empare de moi en quelques minutes et franchement, c'est trop bon.

 

Des X-men, des zombies, des robots, des samouraïs. Je suis souvent soufflé par la qualité des costumes, du jeu d'acteur de ces amateurs qui passent probablement un temps fou à se préparer, à monter leur costumes, à jouer leur personnage et qui une fois sur le salon, se rendent totalement disponible à un public hyper demandeur de photos, de poses, de "hugs". Et tout se passe avec un sourire au lèvres, avec un échange d'idée. Entre passionnés, les conversations sont très nombreuses, très pointues, pleines de codes complètement indéchiffrables par le néophyte et qui participent pourtant totalement à l'ambiance. En fait, on n'est pas au pays des enfants ici, mais au pays des nerds, des geeks, des gamers...OH MINCE...je réalise que je me sens chez moi!

Passion

Je rejoins mon stand, tranquillement. Alban, le grand manitou de Games History est là. Il m'accueille avec un grand sourire et me présente petit à petit les gens qui m'entourent: vidéastes, papiercrafteurs, auteurs, bricoleurs,... Tellement de passions, de gens, de genres différents. Il y en a vraiment pour tous les gouts et pour toutes les tendances: rétrogaming, jeux de plateau, cosplay, BD, manga, dessin, pixelart, technologie, créateurs de jeux. Je suis un au milieu d'un tout et ce tout est vraiment cool. Me revoilà remonté sur mon nuage. 

Notre stand n'est pas le plus grand, mais il attire plutôt bien les foules. Souvent des badauds qui laissent juste trainer leurs yeux, parfois des gens bien plus intéressés qui questionnent et écoutent attentivement les explications qu'offre l'intarissable Alban. Ce mec, que je ne connaissais presque que par emails interposés se révèle bien plus qu'un passionné. Il porte son projet à bout de bras. Chaque lecteur potentiel est un trésor à ses yeux. Je trouve ça magnifique.

Il est là depuis ce matin, bien avant tout le monde. Il a monté le stand tout seul, mis tout en place, agencé les livres bien en évidence sur la table. Moi j'arrive comme une fleur, pour me poser sur la chaise toute prête qui m'est apportée. Comparé à lui, je n'ai vraiment aucun mérite. Games History en est à son 3ème bouquin et l'affaire n'a rien de rentable. Non pas que les livres se vendent mal, mais les charges colossales qui pèsent sur de tels projets, comme l'impression, la mise en page, la publicité ou tout simplement le "salaire" des auteurs impliquent des niveaux de ventes extrêmement importants pour revenir à l'équilibre. Et sachant que chaque livre qui sort s'appuie sur les ventes du précédent, je vous raconte pas la pression financière qui pèse sur les épaules de ce mec à chaque nouveau projet. Il est en pour ainsi dire de sa poche...et pas qu'un peu.

Et le pire, c'est qu'Alban n'est pas un mécène plein de flouz, bien au contraire. C'est un fou désargenté, complètement passioné par l'édition et qui tente sa chance contre vents et marées, quitte à y perdre gros. Je tombe des nues. Rien ne le laissait paraître dans ses mails...il m'a fallu le rencontrer pour le comprendre.

D'amour et d'eau fraîche

Et c'est comme ça que ma vision du salon a changé. J'ai fait le tour de quelques stands, pris le temps de bavarder avec les tenanciers. Partout le même discours: de la passion, de l'argent personnel engagé et l'espoir qu'un jour ça se concrétise...ou pas. On ne parle pas là de succès commercial, mais d'équilibre financier, quand le but n'est pas simplement que la passion ne coûte pas trop cher.

Ainsi je me rends compte petit à petit que chaque passion ici représentée consomme énormément d'énergie à ses représentants. Les développeurs de "petits jeux" par exemple, souvent sur smartphone, sont plutôt dénigrés dans les forums comme celui de gameblog.fr. Ce genre de salon est une des rares occasions pour eux de faire connaître leur bébé. Prendre quelques minutes à discuter avec eux fait immédiatement surgir un torrent d'explication, porté par une connaissance absolue des mécaniques du jeu en question. A écouter la passion, on réalise le travail qui se cache derrière. Et moi, en tant que simple joueur, je me dis que ceux qui défoncent tel ou tel créateur, telle création, tel petit bug bien fourbe caché dans une super production, ne se rendent tout simplement pas compte du temps et de l'investissement qu'il a fallu pour atteindre ce résultat. J'en reviens souvent au respect dans mes différents posts et ici, cette position personnelle prend encore plus de sens. Il y a des hommes et des femmes derrière ces projets et les critiques touchent encore plus quand les aventures sont à taille humaine.

Sans compter une autre difficulté, quasi insurmontable, que rencontrent ces créateurs: l'invisibilité. Car oui, la scène indé est en développement, mais sa partie visible (sur Steam, PSN et XBLA par exemple) ne me semble être finalement qu'un tout petit morceau de l'ensemble. Encore cette allégorie de l'iceberg qui pointe son nez. Mais les milliers d'heures de programmation n'ont vraiment aucun sens si personne ne joue au jeu au final. Et comme les grands sites d'information du jeu vidéo n'ont pas vraiment le temps d'en parler, de faire un tri sur une base exhaustive, ces projets se noient dans la multitudes. Morts nés.... s'ils arrivent à naître, mais toujours aussi importants dans l'esprits de ces créateurs qui leur donnent tout.

A la folie

2 jours seulement. Moins de 20 heures sur places. Tout ça était bien trop court. J'ai vraiment envie d'y revenir, de prendre plus de temps. Tellement de gens intéressants que je n'ai pas, ou trop peu écoutés. Tellement de stands sur lesquels je n'ai pas eu le temps de m'attarder. Tellements de projets, d'activités, de personnes qui m'ont touchés et que j'ai aujourd'hui envie de revoir. Animasia m'a vraiment donné envie et m'a procuré du plaisir, à un point que je ne m'imaginais pas.

   

Tenu de main de maître par une association qui en porte tout le poids, l'évènement a véritablement une portée bien plus grande qu'on ne l'imagine quand on reste derrière ses écrans. Une portée ludique, humaine et passionnée, qui ne peut en aucun cas se résumer dans un article de blog.

Aussi je reviendrai bientôt dans World of Olive avec plus de détails sur ceux qui ont accepté de partager quelques instants d'explication et de passion avec moi. Parce qu'en tant que blogger, je sais désormais que ce genre d'évènement me permet de dire adieu à la page blanche pour des mois entiers tellement j'ai appris, tellement j'ai partagé, tellement j'ai aimé.

Un conseil si vous n'avez jamais essayé.... Allez y, goutez au moins une fois. Vous m'en direz des nouvelles.

Olive Roi du Bocal

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Hors sujet:

Derrière chaque test, chaque article, chaque news et chaque blog, se cache une personne. J'ai aujourd'hui en horreur les réactions pleines d'animosité que je trouve quasi systématiquement dans les commentaires des news, des articles, des vidéos ou des tests de jeux. Comme je le fais parfois dans le forum, j'adresse une fois de plus toute mon affection aux créateurs et aux rédacteurs de ce site, ainsi qu'aux amateurs qui se lancent dans l'aventure de l'article. Encaisser les critiques, surtout quand elles ne sont pas constructives ou balancées en place publique, n'est pas un exercice facile. Je remercie en tout cas ceux qui me permettent aujourd'hui de m'exprimer, de partager mon avis et ma pensée, grâce à cet outil formidable qu'est Gameblog. Longue vie à ce site.

Olive Roi du Bocal