Dans VVVVVV (avec 6 "V" comme dans VVVVVV), vous incarnez le Capitaine Viridian. Perdus dans l'espace suite à une interférence dimensionnelle, Viridian et ses 5 coéquipiers, les Docteurs Violet et Victoria, l'officier Vermilion, le Prof. Vitellary et Chef Verdigris (tiens, y aurait-il un rapport avec le titre ??) s'échappent au moyen du téléporteur de leur vaisseau mais se retrouvent séparés dans un monde inconnu ! Viridian doit donc retrouver son équipe en explorant ce nouveau monde.

VVVVVV est un jeu de plate-forme au level design superbement travaillé dont la particularité est... qu'on ne peut pas sauter ! A la place, le gameplay et tout le level design sont basés sur le renversement de la gravité. Par l'appui d'une seule touche, Viridian se renverse et "tombe" vers le plafond. En rappuyant sur la même touche, la gravité revient à son sens initial et le personnage revient au sol. Élevé aux Super Mario, les premières minutes m'ont surpris. Ma plus grande crainte concernant ce jeu se situait au niveau de la longueur. Un jeu de plates-formes entier peut-il tenir sans saut ?

La réponse est "oui mais non" ©Clément Apap. Ou plus exactement, "tout dépend de votre définition de jeu entier". En effet, VVVVVV est assez court car, si le compteur Steam m'indique 6h de jeu, celui du jeu indique 3h (ou plus précisément 2+1h, mais j'y reviendrai). Effectivement, c'est plutôt court, mais tellement intense ! Le créateur, Terry Cavanagh, s'est inspiré, pour ce mécanisme de gravité, d'un jeu qu'il avait précédemment designé, "Sine Wave Ninja" en poussant le concept pour le cœur même d'un jeu.

VVVVVV s'apparente à un Metroidvania au niveau de l'exploration mais, car ce jeu n'est pas aussi ambitieux que ces illustres confrères, sans évolution des compétences du héros ou de levelling. Rassurez-vous, vous aurez quand même fort à faire. En effet, le level design, donc, est particulièrement retors. Commençant doucement avec des trous à éviter en passant par le plafond, le jeu se termine (si l'on pousse la recherche au-delà du strict minimum) par des séquences de platforming millimétré qui n'a rien à envier à un Super Meat Boy.

Les graphismes sont dans le style de Terry Cavanagh, c'est-à-dire minimalistes. Il cherche à reproduire le style des jeux Commodore 64 avec lesquels il a grandi. Ce style très rétro est vraiment réussi, si on adhère au look C64. Ça n'est certainement pas détaillé mais ça reste cohérent, depuis les couleurs et leurs changements d'écrans à écrans jusqu'aux ennemis tout droit sortis de jeux Atari 2600, ennemis qui n'apparaissent pas tout de suite dans le jeu, permettant au joueur de s'habituer à ce gameplay basé sur la gravité assez original (mais en vogue en ce moment avec And Yet It Moves ou même dans une moindre mesure, Super Mario Galaxy).

Mais je dois dire que ce qui m'a vraiment séduit, c'est la musique de Magnus Pålsson (SoulEye). Je l'ai achetée en même temps que le jeu et je l'écoute pratiquement en boucle depuis (avec l'OST de Super Meat Boy, les deux se rapprochant quelque peu). C'est simple, si j'en crois mes compteurs, je l'ai écoutée pendant plus de 40h (sachant que sa durée totale est de 35 min....). Comme le dit le compositeur, il a "voulu écrire des pistes entraînantes et joyeuses qui restent dans la tête à tel point qu'on la fredonne même en dehors du jeu".

Pour moi, en tout cas, c'est réussi ! Je les entonne dans la rue, sous la douche, je marque le rythme en les écoutant dans le métro. La composition est chiptune mais les mélodies sont diablement efficaces et très rythmées. Le plus surprenant est l'existence d'une piste passée à l'envers. En écrivant à Magnus, il m'a confirmé que c'était vraiment juste une des pistes déjà présentes en l'envers, sans artifice. Il m'a aussi appris que c'était un moyen utilisé en musique chiptune afin de provoquer l'inspiration. Cependant, pour VVVVVV, il s'agit surtout de coller au gameplay du jeu puisqu'il s'agit de renverser la gravité, pourquoi ne pas renverser la musique ? Ils avaient même pensé à faire chaque piste à l'endroit et à l'envers mais ça faisait un peu trop. J'ai moi-même renversé chaque piste pour écouter ce que ça donne et, effectivement, toutes ne sont pas pareillement aimables à nos esgourdes.

Je disais donc 2+1h de jeu car il m'a fallu 2h pour terminer sauver les 5 personnages mais ce n'est pas fini ! En effet, en parallèle, il y a 20 bibelots brillants (shiny trinkets) éparpillés dans la carte que l'on peut récupérer. Après l'histoire principale, il m'en restait encore 7 à trouver. Mais le plus ignoble se trouve aux écrans "veni, vidi, vici" (oui, ils ont nommé chacun des 406 écrans qui composent le jeu). Pour récupérer un trinket qui est juste à côté du héros, mais duquel on est séparé par un petit muret, il "suffit" de se laisser tomber et de suivre une trajectoire bien précise parsemée d'écrans remplis à ras bard de pics mortels. J'ai donc passé 45 minutes non stop à peaufiner ma trajectoire. Je suis mort en tout 1288 fois, dont 300 juste pour cette babiole !

Mais ce n'est pas encore tout à fait fini. Après ça, on peut encore continuer à jouer puisque différents modes de jeu sont inclus. Il y a un mode "time attack", un mode nous permettant de rejouer les intermissions (dans lesquels il faut avancer avec un des équipiers qui nous accompagne et qui... devient un vrai boulet :o), un mode "no death" dans lequel il faut réussir le jeu sans mourir (NON MAIS ÇA VA PAS LA TÊTE ???!!!!!) ou un amusant "flip mode" dans lequel le jeu entier est renversé ! Enfin, il y a un mini jeu dans lequel il faut survivre et éviter des ennemis qui traversent l'écran alors que Viridian rebondit du bord supérieur au bord inférieur de l'écran.

En conclusion, je dirais que, si vous aimez les jeux qui essayent d'innover dans leur gamepay, il vous FAUT essayer VVVVVV. Pour seulement 5€ (et 3€ pour l'OST sur le site du compositeur, n'oubliez pas !), vous aurez quelques heures de pure bonheur, d'exploration et de level design aux petits oignons. L'histoire est anecdotique mais permet un fil rouge qui tient le joueur sans problème dans le jeu. Le gameplay basé sur le renversement de la gravité est précis et rapide, la présence d'une carte et de quelques sous-quêtes donne envie d'y revenir et d'explorer complètement les lieux. Enfin, pour ceux qui le trouveraient vraiment trop court, d'autres modes de jeu permettent de continuer l'aventure avec des défis et un mini-jeu.

Merci à Wikipedia et à https://vvvvvv-wiki.wikispaces.com pour les informations.