Leçon précédente.

 

 

Pour garantir le succès de votre entreprise, un seul mot d'ordre : cinématiques.

 

L'écueil majeur, en la matière, sera la crainte de lasser le public. Crainte illégitime, tenez-vous le pour dit. N'allez jamais (au grand jamais) penser qu'à force de lui servir les mêmes séquences CG dopées au Guronsan, dans lesquelles des androgynes filiformes bondissent dans tous les sens comme des puces perfusées au LSD, courent sur des murs « parce que le sol, c'est trop la louze », et défient les lois les plus élémentaires de la pesanteur comme des frères Bogdanov en herbe (celle qui se fume), en se balançant des coups d'épées plus chorégraphiés qu'un Holiday on Ice version Candeloro, vous alliez blaser le consommateur, non.

 

Veillez seulement à ce qu'elles soient toujours plus clinquantes, m'as-tu-vu et chaque fois plus interminables, comme le préconise l'équation suivante : « sauts+ slash slash prends ça maroufle + hey t'as vu je suis spiderman !) x (numéro de l'épisode de la franchise)² », tout le monde y trouvera son compte - ceci, à commencer par vous, en banque et en suisse. N'oubliez pas qu'un client satisfait est un client qui n'a plus assez de facultés d'intellection effectives pour se rendre compte qu'il ne l'est pas. Endormir son cerveau à coup de pyrotechnie virtuelle y contribue grandement. Une fois les synapses réduites à l'état liquide par la énième virevoltade de l'après-midi, le jeu aura moins de difficultés à mâcher ce qui reste...

 

 

Et encore. C'est la version courte.

 

 

Un bon rpg est comme un zombie : il se nourrit du cerveau de ses victimes. Et il a toujours faim. Et parce qu'il a toujours faim, notez bien qu'il n'y a pas de mauvais moment pour lancer une cinématique : l'essentiel étant, vous l'aurez compris, qu'il y en ait une tous les quarts d'heure - quoi qu'elles puissent raconter (ou ne pas raconter). Que le protagoniste agisse ou qu'il reste planté sur place comme un lampadaire, qu'il doivent affronter sept mille adversaires accroché à un tractopelle à coup d'épée-flingue-laser-tournevis-sonique-de-l'espace ou qu'il aille acheter un sandwich au père la Boulange d'â côté (pardon, qu'il aille acheter un mar'thyz au serkh'yn slah du coin), donnez tout ce que vous avez de dégradés célestes, de mimiques-qui-font-classe, de néons sur les murs, de vaisseaux spatiaux qui dansent le Mia et de trucs en pierre qui tombent dans un nuage de fumée.

 

 

 

Square Enix et moi, ça ne date pas d'hier. Cette vidéo date d'il y a 4 ans et est une de mes premières.

 

Son potentiel de drôlitude est proche du zéro absolu, mais elle aura ici valeur de témoignage.

 

 

 

Faites passer les films de Michaël Bay pour des œuvres artistiques majeures, ou la prélogie de Star Wars pour un monument de justesse et de sobriété - sans quoi les designs de vos personnages et les vêtements qu'ils portent risquent de faire tâche dans le décor.

 

Pour paraître beau, tout doit être d'une égale laideur et d'un même mauvais goût. Cela tombe sous le sens.

 

 

Astuce de professionnel (12) : pensez à gérer vos invocations de la même façon qu'une cinématique. Si on ne peut pas s'endormir devant, c'est que la séquence est ratée.

 

 

Je serais d'ailleurs moi-même bien en peine de départager ces deux-là, en termes de préférence :

 

 

Si vous avez lancé cette vidéo, vous avez largement le temps d'aller vous faire cuire des pâtes.

 

 

 

 

 

Personnellement, j'ai toujours adoré utiliser ce genre de choses pour

me débarasser des lapins ou autres petits monstres des premiers niveaux.

 

Tordre jusqu'au tissu de la réalité pour un rongeur, on touche là à l'essence-même du mot "épique"

 

 

 

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