Leçon précédente.

 

Fort de ces conseils avisés, vous voilà fin prêts, à votre tour, à rater votre RPG comme des spécialistes et à rejoindre la famille anticréative - mais hyperlucrative - des éditeurs next gen, pour rafler avec eux le pactole convoité.

 

Même si ces considérations techniques auront parfois pu vous paraître absconses, gardez à l'esprit que « dollar, dollar, dollar, euro, yen, dollar, yen, euro », et ne laissez aucun artiste, aucun rêveur ou aucune muse vous détourner de votre cap initial. Résistez aux sirènes, aux Ifrit, aux Shiva... Gardez les rênes de votre entreprise, fermement, - et les reines avec eux. Enfermez ces dernières au plus sombre d'un donjon de com', de pub ou de marketing ultrabright, et faites ériger par dessus un gigantesque centre commercial, dans les rayons duquel vos héroïnes, modernes et transparentes, pourront acheter leurs strings et leurs tatoos lavables. L'Heroic Fantasy, faites-en tout, absolument tout, mais surtout son contraire. Lorgnez du côté des Sims plutôt que du Silmarilion. Remplacez l'âme par le paraître. Remplacez le fond par la forme. Soyez actuels. Soyez commerçants. Toute société se doit d'avoir les divertissements qu'elle mérite. Plus explicitement : les divertissements qui lui ressemblent.

 

Des huit leçons qui précèdent, ne retenez que la substantifique moëlle : il s'agit pour vous de créer le jeu le plus lisse et le moins original possible, de manière à obtenir un produit mondialement exploitable - jusqu'au dernier pixel. Rien de sorcier (ou d'enchanteur), au bout du compte, il suffit de suivre le mouvement, d'imiter Electronic Arts, Capcom, Konami, Microsoft... La voie vous est tracée, elle est aussi rectiligne qu'un labyrinthe de Final Fantasy XIII, vous ne pouvez pas vous perdre en chemin.

 

Mais gare aux sursauts d'inventivité ! Un accident est si vite arrivé...

 

 

Chaque jour, répétez-vous comme un mantra que votre succès dépend de votre capacité à faire en sorte... que ce n'en soit pas un.

 

Comme dans tout RPG qui se respecte, votre destin est entre vos mains.

 

 

 

Tâchez juste d'appuyer sur les boutons entre deux cinématiques.

 

 

 

Et si vous procédez ainsi, si vous ne déviez pas, si vous résistez aux pressions des vieux fans passéistes, alors, plus jamais, je vous le promets les yeux dans les yeux, nous ne reverrons uneCeles s'élancer dans le vide, crier son désespoir sans pouvoir prononcer un mot, croire mourir puis renaître par un morceau d'étoffe. Plus jamais, nous n'aurons à supporter un Zidane sur la scène d'un théâtre arrimé au ciel, ni les applaudissements, les hourras de la foule, ni les farces ou les tragédies de bois et de ficelles. Plus jamais, les regards fuyants d'un Locke trop amoureux pour pouvoir aimer à nouveau.Plus jamais, deux enfants, pétrifiés dans un sacrifice avant la fleur de l'âge, mais avec un sourire aux lèvres à défier des titans. Plus jamais, une âme dans une marionnette, qui fait le choix de tout abandonner pour que tout continue - tant pis si c'est sans elle. Plus jamais, de vaisseau à la proue insolente, pour fendre la terre en deux et déchirer le ciel. Plus jamais, une fille devenue femme par un simple pardon. Plus jamais, un Moggle qui manque son pas de danse. Plus jamais, les cheveux d'une fille plus guerrière que princesse, en tribut dans le vent. Plus jamais un homme digne, debout, à la fenêtre de son empire, dans l'attente de sa fin, d'un feu à l'autre bout du monde.

 

Plus jamais ça non plus. Plus jamais "elle".

 

Nous n'aurons plus, je vous le jure, à nous demander s'il nous faut attendre un compagnon ou fuir avant que l'univers s'écroule, ni à choisir avec Cecil de recommencer à zéro, et de renoncer au pouvoir qui bouillonne dans nos veines enténébrées. En lieu et place, nous personnaliserons à l'infini des traits ou des morceaux d'étoffes, choisirons des tenues, des coiffures, des silhouettes qui seront le miroir de notre peu de substance.

 

 

Quant à moi, si l'on me permet, je conclurai par un message intime et personnel, au risque de me répéter là :

 

 

Square Enix, je t'aime beaucoup. D'amour, même. Pur et sincère, c'est vrai. Mais là, il faut qu'on parle. Ça ne peut plus durer comme ça, toi et moi. Il faut qu'on mette les choses au clair. Tu as changé. Au début, quand on s'est rencontré, je m'en souviens encore, tu étais naïve, pas très très jolie (ce visage carré, cette silhouette tassée, je crois que je m'en souviendrais toujours) mais tu avais un charme fou, comme on dit. Tu n'étais pas plus haute que trois pommes, ou pas loin, mais tu chantais à l'opéra... Bon, d'accord, pas très bien, parce que tu n'avais pas non plus une très belle voix. Mais même sans ça, tu rougissais un peu, tu baissais les yeux et tu aurais pu avoir tous les hommes du monde à tes pieds, si seulement tu l'avais voulu. Des Draco par milliers, je te le jure. Aujourd'hui, tu es toujours belle, ne te méprends pas. Tu as mûri, tu as grandi, tu as pris de l'assurance, tu as cessé de baisser les yeux, tu oublies de rougir, tu ne rosis même plus, au contraire, tu aguiches... Tu t'es fait refaire les lèvres, les fesses, la poitrine, le visage, tu t'es fait gommer les cernes et les rides - je peux comprendre, c'est réussi. Seulement voilà : je ne reconnais plus celle que j'ai tant aimée. J'ai l'impression de vivre avec une étrangère. Je ne retrouve plus rien du charme qui m'a fait chavirer. Et plus tu t'embellis, moins je ressens des choses, pour toi. J'en suis le premier affligé, c'est vrai. Alors je me dis que peut-être, si je t'écrivais un poème, un sonnet ou une ode, comme par enchantement, oui, tu redeviendrais comme avant... Un mot au creux de ton oreille, et tu te remémorerais qui tu es vraiment, d'où tu viens, ce qui a fait de toi ce que tu es. Je peux rêver, n'est-ce pas ? Mais je me dis aussi que ce que je devrais t'écrire, c'est ton Final Fantasy XV, ou XVI, ou peu-importe-le-numéro. Comme ça, juste par amour, juste pour te rappeler quand tu chantais l'opéra en 16 bits de bonheur. Et tu sais, ce Final Fantasy, il ne commencerait pas par des gunfights, ou des pluies de vaisseaux spatiaux, ou des effets pyrotechniques à ne plus savoir où porter les yeux.

 

 

Il commencerait par "il était une fois".

 

 

With Love.

 

Ton dévoué.

 

 

 

L.

 

 

 

 

 

De la Fantasy, Mesdames Messieurs.

 

Oui, je sais, ça fait bizarre.

 

Vous pensez bien. On n'a plus l'habitude...

 

 

 

 

 

 

*

 

 

 

 

Et pour completer ce tour d'horizon avec plus d'horizons encore :

 

 

 

ANNEXES :

 

 

 

Puisque certains esprits chagrins ne manqueront pas de rétorquer que "la critique est facile et que blablabla et que blablabla", je me permets d'ajouter au tableau deux documents datés de 2001, qui leur donneront peut-être l'occasion de me rendre la monnaie de ma pièce - pour peu qu'ils soient lecteurs.

 

 

Mon Final Fantasy X (document de travail)

 

(écrit quelques mois avant la sortie du véritable épisode X, pour le plaisir)

 

 

Mon Final Fantasy : The Spirits Within

 

(écrit sept jours après la sortie du film en salle, pour évacuer un peu de la déception. C'était le bon temps où j'en avais. Du temps).

 

 

 

 

MORE FRIENDS :

 

 

Pour celles et ceux qui auraient manqué ces pépites :

 

 

 

Le test tout à fait objectif de Final Fantasy Theatrythm

 

(par Monsieur ZigEnfruke et moi-même)

 

 

Le test encore plus objectif de Final Fantasy XIII

 

(par sa Seigneurie Krystal Warrior)

 

 

 

Fan-Fiction : Quand Final Fantasy rencontre Doctor Who, épisode 1

 

Fan-Fiction : Quand Final Fantasy rencontre Doctor Who, épisode 2

 

(par le grand Snake_in_a_Box)

 

 

 

Et parce qu'un peu de contradiction, c'est bien aussi :

 

 

Hommage à Final Fantasy X

 

Test de Final Fantasy Theatrythm

 

 

(signés Maniax)

 

 

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BONUS (?)

 

 

Le Tuto "Final Fantasy" ? Des avis UNANIMES :

 

 

 

 

 

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