On termine cette thématique Thatgamecompany avec leur dernier bébé, le bien nommé Journey. Un jeu qui vient conclure en apothéose l'aventure du studio sur PS3 (apothéose est un mot qui va revenir souvent dans l'article...), puisque ce dernier signe là sa pièce maitresse. Flower avait déjà placé la barre très haut en proposant quelque chose de nouveau dans le jeu vidéo. Mais si Journey n'est pas si inédit en terme de gameplay pur, il monte encore un cran au dessus et montre que le média est capable de véhiculer des émotions intéressantes, notamment via un mode multijoueur intelligent.

A l'heure où je rédige cet article, j'ai déjà terminé le jeu deux fois. Et je ne compte pas m'arrêter là, le jeu possédant une rejouabilité très conséquente. L'expérience peut en effet complètement changer en fonction de la relation entre vous et le joueur qui vous accompagne. Si vous tombez sur quelqu'un qui va pas arrêter de vous suivre, quelqu'un de plus froid et distant, quelqu'un possédant la robe blanche ou un joueur de call of duty, votre ressenti n'en sera que différent. C'est là la force de Journey. Le jeu en lui même est parfaitement réalisé, les décors et les musiques sont splendides, la symbolique de l'histoire est intéressante, mais ce qui rend le jeu encore plus marquant est cette fameuse rencontre avec un inconnu.

Ma première partie m'a laissé un goût un peu amer. Mais c'est de ma faute. J'avais en effet décidé de savourer Journey et de le faire en plusieurs fois. J'ai donc joué une heure par jour pendant trois jours avant d'atteindre le dénouement final. Cette stratégie m'a un peu gâché le jeu : je n'ai noué aucun lien avec les personnes que j'ai pu recontrer, au nombre de 7 au cours d'une seule partie. Une majorité de ces joueurs m'ont abandonné, lassés de ma lenteur (je fouillais tous les recoins de chaque niveau), certains se sont déconnectés, et lorsque je trouvais enfin un ami pour m'accompagner, je partais à mon tour...
De plus, j'ai été contraint de parcourir les deux derniers niveaux, absoluments cultes, tout seul. Ceci dit, le sentiment de solitude n'en devenait que plus renforcé. Mais après le générique, j'étais satisfait du jeu, mais je sentais qu'il manquait quelque chose.

Un peu déçu, j'ai décidé de recommencer le jeu, et de le finir d'une traite. Et là, cette deuxième partie, c'était autre chose! J'ai eu la chance de tomber sur un compagnon fidèle dès le second niveau (fords30, je t'aime) et nous avons traversé ensemble tous les périples de Journey en deux bonnes heures. 
L'expérience en était en tout cas transcendée. Toujours liés et solidaires, on arrivait presque à se comprendre malgré les limites imposées. L'un ne laissait jamais l'autre derrière, on cherchaient ensemble tous les secrets du jeu (upgrades, fresques, toujours grisant d'en trouver) juqu'à la poignante scène finale. Et cette fois, je me suis que j'avais vraiment vécu quelque chose de grandiose.

Ce jeu m'a fait le même effet que Shadow of the Colossus et Nier (et Okami dans une moindre mesure) à l'époque, c'est à dire un jeu qui m'a transporté et qui a changé ma vision du média jeu vidéo. Des jeux comme ça, il en faudrait plus. Moi je dis : GOTY, et longue vie à Thatgamecompany!
 

Et la musique dans tout ça? Comme évoqué plus haut, c'est une réussite absolue! Dans un registre différent de Flower, peut être moins audacieuse, mais tirant plus fortement sur la corde sensible, cette bande son est très onirique. Je vous conseille de mettre le son à fond pour profiter pleinement de ces musiques. On commence avec le morceau Final Confluence, bonne écoute!
 

Journey : Final Confluence
 

Un morceau court mais intense. On l'entend lors de notre dernière rencontre avec un aïeul, avant d'accéder au tout dernier niveau. Ce morceau m'a marqué dès la première partie : il s'agit d'une version plus puissante du thème principal, dont le point d'orgue (1:10) se situe lorsqu'on comprend, en observant la fresque, que la fin du voyage ne sera pas de tout repos.

Et maintenant, "le" morceau, Apotheosis. Bonne écoute!
 

Journey : Apotheosis


En général, j'essaye d'être un peu original dans mes choix de musique, de ne pas prendre le thème le plus connu. Mais je ne pouvais pas faire autrement devant une telle merveille.
Comme son nom l'indique, Apotheosis intervient lors de la toute fin du jeu, qui se termine tel un feu d'artifice. 
Une piste qui s'accorde totalement avec le rythme de ce dernier niveau : elle commence très lentement, et s'envole majestueusement (0:45) en même temps que le joueur. Le morceau reste assez dynamique mais est également emprumpt de mélancolie et de nostalgie, comme pour insister sur le fait que le joueur arrive au terme de son voyage (1:10). L'intensité de la musique va crescendo, et le thème principal refait souvent surface (2:53 et 3:17), avant que le morceau ne se termine dans les aigües (4:27), lorsque le joueur atteint les sommets.
Un jeu qui se conclue en apothéose, à l'image de sa bande son, de part ce niveau majestueux, qui n'est pas sans rappeler le dernier stage de Flower en terme d'intensité. 

Un grand bravo à Austin Wintory, compositeur de cette magnifique BO, qui est en plus intéressant à écouter.

 

Autres morceaux notables :
I was born for this, Atonement, The Road of Trials...

Voir aussi :
- Macha : La critique BO du lundi - Journey 
- Mrrockpsy95 : Mon GOTY 2012, et le pourquoi du comment
- Bbali : Journey : l'odyssée de Zarathoustra
Ma sélection musicale#109 flOw - Gratitude
Ma sélection musicale#111 Flower - Sailing on the Wind / Purification of the City