Je l'évoquais dans mon article dédié au premier Grand Theft Auto en 3D et je voudrais maintenant y revenir ; GTAIII avait créé un genre. Qu'on se comprenne bien, le GTA-like finalement, c'est un ensemble de mécaniques dont on trouvait déjà la plupart des éléments dans les épisodes ayant précédés GTAIII, voir dans d'autres jeux comme Body Harvest sur Nintendo64, fait par DMA design, le Rockstar North d'hier. Pourtant GTAIII a été le jeu qui par la maîtrise de son concept, déjà très avancé pour ce premier épisode 3D, et son succès commercial, aura lancé un sous-genre de l'action/aventure qu'on nommera au nom de la série de Rockstar Games. Pour les mêmes raisons que Doom qui a poussé pendant longtemps à nommer les FPS, Doom-like ou The Legend of Zelda qui a donné les Zelda-like pour une catégorie très particulière de jeu d'action/aventure (voir d'action/RPG), GTAIII a poussé beaucoup de développeurs concurrents a reprendre à leur compte la méthode GTA pour que Grand Theft Auto ne soit plus le seul sur son propre marché. Au vu du nombre de jeux que cela aura inspiré, on peut répéter encore une fois que GTAIII est une pierre angulaire du jeu vidéo. Je vais revenir un peu sur le genre et je clôturerais cette rétrospective sur mon Top 5 des GTA-like.

Le GTA-like c'est une somme d'ingrédients assez particulière. La première chose indispensable est l'environnement vaste et ouvert. La philosophie du bac à sable vue par Rockstar Games a toujours été d'offrir d'abord une liberté de mouvement et par la suite d'action. Plutôt que de fonctionner par niveau, l'idée est de laisser au joueur la possibilité d'explorer l'environnement et de déclencher quand il le souhaite la ou les missions suivantes qui feront avancer le scénario et ce dans l'ordre qu'il désire. Narrativement c'est à double tranchant ; si cela permet de ne pas enfermer le joueur dans l'histoire tout en facilitant son immersion dans le monde proposé, cela a également tendance à diluer le propos puisqu'il peut se passer techniquement des heures entre deux missions explicatives sur le scénario, pour peu que le jeu propose assez de missions secondaires, une autre composante indispensable au genre. Accolé à cela, le jeu est également censé, dans une certaine mesure, proposer plusieurs choix de résolution des missions, ce qui est un élément finalement peut présent dans les GTA-like qui ont suivi GTAIII. Forcément il est très difficile de proposer au joueur de faire ce qu'il désire dans un monde vaste où beaucoup de système peuvent entrer en contradiction.

J'en profite pour vous faire partager cette vidéo sur la "True Nonlinearity" qui n'est pas forcément le but d'un GTA-like, Rockstar North cherchant toujours à raconter un minimum une histoire et non pas qu'elle s'écrive par des systèmes.

Un GTA-like doit donc proposer des missions annexes et des mini-jeux qui changent du gameplay de base déplacement/tir. Le GTA-like est un genre (ou plutôt sous-genre) par définition chronophage et riche en contenu. C'est la raison pour laquelle, par exemple, Mafia II a pu beaucoup décevoir ; la ville ouverte laissait à penser que l'on avait affaire à un GTA-like mais l'absence d'à-côtés, primordiaux pour vivre l'aventure sur du long terme dans une ville ouverte servant de bac à sable, a suffit à convaincre que le jeu était simplement paresseux.

Les à-côtés sont toujours réclamés par les amateurs de GTA-like. Ca fait indénioablement parti du genre.

D'ailleurs, il est intéressant de noter que Mafia II fait parti d'une frange particulière de jeu qui a pris à GTA le monde ouvert et le déplacement libre de missions en missions tout en tentant de rester dans un genre autre que le GTA-like, prouvant encore une fois l'influence sur le créatif du succès commercial de GTAIII et de ses suites sur PlayStation 2. Exemple frappant, Jak&Daxter, le premier titre de Naughty Dog sur le second système de Sony était initialement un jeu de plateforme à monde ouvert avec des objectifs classiques de jeu de plateformes, basé essentiellement sur l'habileté et la collecte d'objet (les orbes des précurseurs en l'occurrence). Sa suite, Jak 2 : Renegade (ou Hors la Loi en France), sortie en 2003, deux ans après GTAIII, se pare d'un monde plus steam-punk et surtout introduit des véhicules que l'on pourra voler pour se déplacer en une ville, d'armes à feu et d'un système par missions à déclencher. Même si le jeu garde une très grande partie de plateforme, il est indéniable que l'influence de GTA est là.

L'un des nombreux titres qui ne reprendront pas entièrement la structure de GTAIII mais qui s'en inspireront clairement!

L'influence de GTAIII se révèle donc de deux manières. D'abord par un plagiat direct de l'ensemble des mécaniques de cet épisode dont on gonflera certaines parties : environnement ouvert + gunfight + voles de voitures + missions à sélectionner + mini-jeux. On retrouvera ici les Just Cause, True Crime, Saints Row ou tout récemment Sleeping Dogs. Ce sont ce qu'on appel les GTA-like. Ensuite elle s'observera au travers d'une partie des éléments clés qui déteignent sur une formule déjà existante. Dans cette catégorie on a le TPS/GTA-like avec MafiaII, le FPS/GTA-like avec Far Cry 2, le Plateformer/GTA-like avec Jak2 ou le BTA/GTA-like avec les jeux de super-héros comme Spider-Man 2 (PS2), Prototype (PC, PS3 et X360) ou encore InFamous (PS3). Pour finir, si la plupart des concurrents reprennent le côté urbain de Grand Theft Auto, parce que cela fonctionne très bien (et un peu par facilité forcément) Rockstar Games aura démontré que la formule peut parfaitement fonctionner dans n'importe quel univers avec notamment Canis Canem Edit qui se déroule certes en ville, mais essentiellement dans un environnement scolaire (avec son campus et le quartier qui l'entoure) ou bien entendu avec Red Dead Redemption, qui certes a été précédé par Gun (un jeu Neversoft) mais qui pour le coup est du standing de Grand Theft Auto.

Les jeux de super-héros trouveront vite un intérêt dans la structure de Grand Thef Auto. On oublie par contre les armes et véhicules pour se concentrer sur les déplacement sur ou entre les immeubles, plus aériens et sur le BTA pour les combats.

Pour finir, je vais vous proposer le petit Top 5 de mes GTA-like préférés dans lequel je n'inclue pas les Grand Theft Auto, sinon le top serait déjà accaparée par la licence de Rockstar. Il s'agit d'un classement purement coup de cœur et pas forcément lié aux qualités absolues des jeux. J'entends pas là que certains ont de vrais défauts mais compensent par une personnalité assez forte leurs carence. Bref voici mon Top 5.

 

Number 05 - Mercenaries: Playground of Destruction (PlayStation2)

Mercenaries est le GTA-like militaire réalisé par feu Pandemic Studios. Je pense que de tout ceux que je vais citer, c'est probablement celui qui ressemble le plus à GTAIII pour une raison simple. En plus d'avoir effectivement une structure par missions et quelques à-côtés, il a une vraie dimension de choix dans la façon de résoudre les problèmes par des mécaniques de gameplay, chose qui s'est un peu perdu dans l'équation de duplication du jeu pour les autres. Le jeu nous met dans la peau d'un mercenaire qui travaille pour différentes factions militaires. On aura le droit à de la conduite de divers véhicules, du quatre roues de base à l'hélicoptère de guerre en passant par une foultitude de blindés. Le renouvellement du jeu vient des objectifs tantôt de destructions, tantôt d'escortes qui laissent au joueur la possibilité de les résoudre en commandant des véhicules et armes. Un bien bon jeu qui souffre un peu d'une finition pas toujours exemplaire. Il reste très fun malgré tout.

 

Number 04 - The Saboteur (Xbox360)

Un GTA-like à Paris ! Ça fait rêver et encore une fois c'est Pandemic Studios qui s'y est collé. Le résultat est très mitigé mais a un charme assez dingue. L'idée est de rajouter au gameplay d'un GTA-like (course-poursuite/tir) un peu de grimpette à la Assassin's Creed, un peu de déguisement à la Hitman et beaucoup d'explosif. Le tout se déroulant dans une ambiance 40's très très clichée (avec accordéon en fond sonore) et un côté grivois qu'on associe souvent à Pigale. C'est le Paris du touriste américain clairement et les Français que nous sommes riront de tant de stéréotype ou encore de la géographie juste aberrante (voir le Sacré-Coeur du Havres ou de la Picardie c'est possible). Techniquement pas bien beau, le jeu reste dans mes chouchoux de cette génération pour l'ambiance débridée, la bande-son anachronique mais géniale, le gameplay plutôt pas mal fichu et les personnages bien drôles.

 

Number 03 - True Crime : Street of L.A (GameCube)

J'avais dédié un article à mes envies de carrière policière virtuelle et j'avais cité allègrement True Crime qui est une entrée remarquable dans le domaine du GTA-like. Le jeu n'avait pas été forcément très apprécié à l'époque pour des raisons évidentes de bugs graphiques et dans le gameplay. Il n'était pas rare que le personnage ne réponde pas à 100% partant en mode combat quand on cherchait à faire un tir de sommation. Malgré cela, ce premier True Crime, comme sa suite True Crime : New York City, développé par Luxflux proposait du combat plus poussé, des arrestations dans la rue, des courses-poursuites en simili Dodge-Viper sur une map énorme et au global du fun et des possibilité de triper en mode policier.

 

Number 02 - Canis Canem Edit (PlayStation2) ou Bully - Scholarship Edition (Xbox360)

Vrai petit bijou pondu par Rockstar Vancouver, Canis Canem Edit était la première concurrence de Rockstar Games sur son propre terrain. Au lieu de nous faire jouer un voyou violent, meurtrier et trafiquant, Canis Canem Edit nous mettait dans la peau d'un « bully », un enfant qui maltraite les plus faible que lui et s'associe aux plus forts dans un pensionnat privée. Le jeu avait comme GTA, son lot de personnages drôles, caricaturaux et charismatiques et reposait sur une map plus petite qu'un Grand Theft Auto tout en conservant une vraie diversité d'activités ; course à vélo, mini-jeux de fête foraine diverses, un skateboard et bien sûr...les cours de chimie, anglais ou art-plastique qu'il fallait suivre aussi parallèlement à ses activités. Un jeu complètement sous-estimé qui méritait sa réédition Scholarship Edition sur Xbox360.

 

Number 01 - Red Dead Redemption (Xbox360)

Je n'ai pas grand chose à dire sur Red Dead Redemption. J'en ai déjà tellement dit...je l'ai tellement attendu que je faisais des articles qui n'avaient aucun intérêt à son sujet. Je me suis rendu malade d'impatience à quelques jours de sa sortie et quand il est arrivé j'ai pris une baffe comme j'en ai rarement pris...j'ai fait un test, j'ai élu Bonnie McFarlane ma reine des personnages féminins de jeu vidéo. J'y ai joué des heures et j'y retourne de temps en temps, juste pour prendre un peu l'air quand il fait moche dehors.

 

Au final, il reste assez difficile de dire ce qui tient du GTA-like ou pas. Autant il est aisé de classer ceux qui lui ressemblent vraiment (avec l'environnement urbain) dans cette catégorie du jeu d'action, autant certains autres jeux qui ne semblent pas s'en rapprocher ont des faux-airs assez troublants. Difficile de dire si sans GTAIII, Assassin's Creed aurait existé un jour sous la forme qu'il a pris en terme de structure. Le GTA-like, à l'instar du Doom-like est probablement plus une forme de structure de base qui s'est liée à beaucoup d'autres formes de gameplay. Le destin de ce genre est de mon point de vue très proche de celui du Doom-like ou du jeu de plateforme donc. On trouve très peu de GTA-like tels que la série de Rockstar les a initiés, puisque c'était surtout une mouvance, une mode, une réaction au succès initial de la série sur PlayStation2. En revanche on trouve beaucoup de GTA dans énormément de productions, comme on trouve du FPS dans le RPG occidental, ou de la plateforme dans les jeux d'action. GTA est partout tout le temps...ça fait peur, hein.

PS: Une toute dernière note pour vous remercier des retours sur ce dossier qui m'a fait beaucoup suer (comme si la température n'était pas suffisante) et qui a été apprécié. J'en suis fort aise et la prochaine fois, j'essaierais de finir ma vision de Mass Effect...pas dans l'immédiat, mais ça viendra.