Arkham Asylum était une ode à la chauve-souris, un jeu qui rend hommage au meilleur super-héros de tous les temps, au héros de mon enfance. Tout était fait pour faire plaisir au fan et il le lui rendait bien. Mais même après l'avoir fini deux fois, le jeu me frustrait: pas de bat grappin n'importe où, pas de veuves et d'orphelins à sauver (mis à part les otages)... Arkham City tente de résoudre la majorité des défauts du premier pour en faire le jeu ultime de Batman...

Arkham City se déroule quelques temps après Asylum. Quincy Sharp est devenu maire mais laisse les rênes à Hugo Strange pour réaliser son projet: enfermer tous les détenus d'Arkham dans un quartier de Gotham. Sauf qu'évidemment, la situation dégénère: les gens qui font obstacle à Strange sont enfermés à Arkham City et un mystérieux Protocole 10 entrera en action dans peu de temps. Mais c'est sans compter sur Batman qui va tout faire pour découvrir de quoi il en retourne. Il croisera sur sa route les super-vilains de l'univers, comme Double-Face, le Pingouin, ou encore un Joker affaibli après sa défaite du premier épisode. Chacun possède son propre quartier avec ses hommes de mains, tentant de survivre comme ils peuvent pour accroître leur territoire.

Le background est comme d'habitude extrêmement bien détaillé et fourni. On apprend énormément de choses sur l'histoire et les personnages. Quand à Arkham City, le quartier est plutôt grand et permet de jouer les justiciers très facilement. Et c'est sûrement le plus gros apport de cette suite: le hub que l'on avait déja dans Asylum avec l'île est ici beaucoup plus grand et plus urbain, ce qui permet de se prendre vraiment pour Batman, à défaut de tout Gotham (ce qui est beaucoup plus difficilement réalisable). Planer au-dessus des bâtiments, écouter les conversations des détenus qui discutent de la vie dans Arkham City, plonger sur un groupes de forcenés pour leur dérouiller la tronche, ça fait partie de ces petits plaisirs de la vie qui font qu'on aime les jeux vidéos. Surtout quand celui-ci est basé sur un personnage qu'on adore.

En terme de gameplay pur, le jeu est toujours découpé en deux phases, pas obligatoires mais forcé par le jeu: lorsque les ennemis sont armés, c'est phase "prédateur". Lorsqu'ils sont à mains nues, c'est phase "corps à corps". J'ai été un peu déçu de voir ces deux situations toujours aussi séparés, mais cela permet de concentrer les forces de chacune de ces phases et d'en tirer le meilleur, surtout qu'il y a beaucoup d'ajouts des deux côtés. Dans les phases prédateurs, on a l'ajout de nouveaux gadgets bien utiles. Le brouilleur par exemple permet plusieurs choses, comme déclencher des mines déposés par les ennemis ou encore désactiver leurs armes sans qu'ils s'en rendent compte. La fumigène est elle aussi très efficace et permet de désorienter l'ennemi. Enfin, les techniques pour éliminer les ennemis ou simplement détourner leur attention sont plus nombreux. On pourra par exemple lancer un batarang sur un extincteur pour les faire flipper, ou faire des éliminations instantanés depuis des grilles d'aérations ou des planches en bois fragiles.

Quand au corps à corps, Batman peut à présent contrer plusieurs ennemis en même temps à condition d'appuyer plusieurs fois sur la touche correspondante. On peut aussi contrer les ennemis à couteaux avec un peu plus de timing (pas évident en plein combat) ou encore rattraper un projectile lancé par un adversaire pour lui renvoyer à la tronche, ce qui sera utile vu que le nombre d'ennemis en même temps a grimpé et que ceux-ci ont gagné des accessoires comme des boucliers ou des armures, et toujours les classiques matraques électriques. Heureusement, le système de coups spéciaux est toujours présent, et permet plus de choses, comme éliminer automatiquement des ennemis à terre, ou encore détruire définitivement une arme dans la main d'un ennemi pour éviter qu'il s'en resserve. Le timing n'est pas évident, surtout qu'il faut réagir très vite pour ne pas perdre son combo et donc son coup spécial, ce qui peut arriver si on ne fait pas attention ou que l'on frappe dans le vide.

Mais plus que ça, là où Asylum ne demandait pas forcément au joueur d'utiliser ses gadgets en plein combat, Arkham City les rend bien plus utiles, ce qui servira en particulier dans les derniers défis en extrême assez ardus. Les ennemis possèdent certains points faibles, exploitables avec le gadget adéquat. Le pistolet électrique est sûrement le plus utile: délencher sur un adversaire balèze, il donnera un coup par réflexe autour de lui sans le savoir. Les gars en armure sont projetés automatiquement, et ceux avec un bouclier, lancé au bon moment provoqueront un arc électrique qui touchera les ennemis environnants. Le gel explosif placé avec une roulade permettra de se sortir de situation difficile (surtout que maintenant, un indicateur montre le nombre d'ennemis potentiellement touchés) et le gel permettra d'immobiliser un ennemi coriace pendant qu'on s'occupe des autres. Les touches rapides des gadgets permettent de les utiliser sans perturber la dynamique du combat, et rendent ces joutes bien plus intéressantes que dans le premier opus!


Maintenant, je vais arriver à ma grosse déception pour cet épisode: les missions secondaires. Plutôt nombreuses, la plupart d'entre elles vous demanderont d'enquêter sur des faits mystérieux, souvent causés par un méchant emblématique de la série. Sauf que la plupart finissent par une grosse déception, celle qui nous motive à dire le célèbre "tout ça pour ça!". Certaines se contentent de durer cinq minutes, avec une simple récupération de gadget, d'autres comme "Le Veilleur" ou "Usurpation d'Identité" se révèle plutôt intéressante à travers les enquêtes et analyse de scène de crime qui renforce le côté détective de Batman, mais qui aboutissent sur un final extrêmement décevant, vraiment pas à la hauteur du reste du jeu. On a l'impression qu'ils préparent le terrain pour un potentiel troisième épisode, toujours est-il que j'en attendais franchement plus, et que j'en ai gardé une amère frustration plutôt que le plaisir du voyage. Seuls les frasques de l'homme mystère, bien plus élaborés que dans le premier épisode, m'ont redonné le sourire.

Souvenez-vous, sur Asylum, l'homme mystère avait placé des trophées un peu partout sur la carte à dénicher, souvent à l'aide de gadgets que l'on récupérait et qui forçait le joueur à revenir dans les niveaux, et quelques énigmes à la carte. Ici, il récidive, mais de façon plus complète et originale, qui correspond mieux à son côté génie machiavélique. Déja, le nombre de défis a doublé (plus de 400!), et en plus, ceux répartis dans Arkham City sont souvent bloqués dans des petits mécanismes qui demandent un peu de jugeote pour les ouvrir, allant même jusqu'à mettre quelques salles piégés où il vous faudra réagir à temps pour survivre. En récupérant assez de trophées, l'homme mystère vous contactera et vous donnera une énigme pour trouver l'emplacement du prochain otage à sauver, ce qui donnera une pièce remplis de pièges mortels afin de secourir l'otage et repartir à la chasse à trophées pour trouver le prochain. Le final est ici aussi un peu décevant, mais le plaisir de ces petites énigmes marchent du tonnerre et sont vraiment dans l'esprit de Batman. Une excellente quête secondaire.

J'en arrive à un autre point noir, celui du scénario. Le premier opus était sympathique sans être brillant, celui-ci l'est encore moins. Très décousu, en y réfléchissant, j'ai eu l'impression d'avoir eu affaire à une succession d'épisodes de la série animée plutôt qu'à une vraie histoire construite. Chaque grand niveau que l'on arpente dans les bâtiments d'Arkham City sont apparentés à un méchant en particulier qui vous nargue pour vous mettre des bâtons dans les roues, avec un unique objectif afin de continuer l'histoire principal, lié par ce seul objectif. Alors certes, il y a quelques rebondissements, mais ça ne suffit pas. Strange qui a été vendu comme le grand méchant du jeu est au final un personnage extrêmement secondaire et terriblement absent, ce qui laisse l'histoire sans véritable génie du mal, mis à part le joker mais qui n'aura aucun autre rôle que l'antagoniste parfait de Batman.

C'est un peu dommage, mais ça vient aussi du fait que la structure du jeu est au final quasiment identique à celle du premier opus. L'île d'Arkham était le hub du premier volet, le quartier d'Arkham City est celui du second, certes plus grand, mais ça reste dans le fond un hub avec des ennemis qui respawnent et des batiments qui représentent les niveaux du jeu, ce qui force l'histoire à être autant découpé. J'aurais aussi aimé une aire de jeu un peu plus crédible et non divisés en zones pas incroyablement cohérentes. La ville manque d'une artère principale et d'une construction véritablement urbain et américain en quadrillage. Ici, les bâtiments sont posés n'importe comment, sans véritable cohérence entre eux.

Je termine avec le personnage de Catwoman que j'ai trouvé juste excellent à contrôler, tellement plus féline et légère que Batman, et sauter d'un toit pour attraper un coin de bâtiment avec son fouet est vraiment grisant, d'autant plus que les combats avec elle sont aussi jouissifs. Dommage que l'éditeur ait choisi une manière aussi infecte d'inclure ce personnage, d'autant plus qu'elle était vendue en tant que personnage supplémentaire dans les vidéos et non en tant que DLC, ce qui fait presque de la publicité mensongère. J'ai prêté le jeu à un pote en lui disant que jouer Catwoman était vachement sympa, mais celui-ci m'a rappelé qu'il ne pourra pas le faire, n'ayant pas l'envie de payer un supplément.

Enfin, les défis déja présents dans le premier volet sont de retour, avec la possibilité de les faire dans différents costumes et avec différents personnages. On a les défis de corps à corps et de prédateur, mais aussi des petits campagnes qui permettent de lier les deux avec des conditions particulières. Les défis deviennent vraiment diffficiles et proposent un véritable challenge si on veut obtenir toutes les médailles. Un chouette bonus, sans compter toutes les infos, artworks et trophées 3D récoltés avec l'homme mystère.

J'ai pas mal insisté sur les points noirs, mais Arkham City est un excellent jeu: jouissif, prenant, riche et varié, il est juste frustrant sur plusieurs points parce que j'avais envie que le jeu soit parfait et qu'il me propose tout ce que j'aime dans l'univers de Batman. Ce n'est pas encore le cas, mais ça donne envie de chuchoter à l'oreille de Rocksteady et de leur dire "Allez, les gars, vous y êtes presque!"